REVUE DE presse - La Semaine Vétérinaire n° 1826 du 18/10/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1826 du 18/10/2019

PRATIQUE MIXTE

Formation

UN STRESS NUTRITIONNEL EST NÉFASTE POUR LES ABEILLES

Des chercheurs ont étudié les effets d’un stress nutritionnel sur la force d’une colonie d’abeilles, ainsi que sur le niveau d’infection à différents pathogènes. Pour ce faire, 62 colonies d’Apis mellifera ont été placées dans une plantation d’Eucalyptus grandis en début de saison de floraison. Pour les auteurs, ces plantations sont un modèle naturel idéal d’étude, le pollen étant pauvre en protéines et en lipides, et caractérisé par un ratio oméga 6-3 parmi les plus élevés. Les colonies ont été divisées en deux groupes : le groupe M n’avait accès qu’au pollen d’eucalyptus. Le groupe P était supplémenté en mélange de pollens, une fois tous les 15 jours durant la période de floraison. À la fin de cette période, toutes les colonies ont été placées dans des conditions expérimentales jusqu’au printemps suivant. L’analyse des résultats a montré un impact positif de la supplémentation, sur le couvain et la population adulte. En hiver, ces deux populations étaient plus importantes dans le groupe P, bien qu’il n’y ait plus de différence pour le couvain au printemps suivant. En revanche, aucune différence de mortalité n’a été notée sur les court et long termes. En outre, bien que le niveau d’infection à Nosema spp. ait augmenté avec le temps dans les deux groupes, le groupe P présentait un niveau plus bas d’infection. De plus, seul le groupe M a vu sa population d’abeilles adultes décroître avec la hausse du niveau d’infection, suggérant que les effets néfastes du pathogène sur une colonie sont fortement associés avec le statut nutritionnel de la colonie. Enfin, la supplémentation était associée à des titres plus élevés d’Acute bee paralysis virus (ABPV ou virus de la paralysie aiguë des abeilles), de même que pour le Deformed wing virus (DWV ou virus des ailes déformées), mais sans conséquences sur la force des colonies. Cela pourrait s’expliquer par le fait que les titres viraux, ici, sont plus bas que ceux habituellement observés dans les pays de l’hémisphère nord. Pour les auteurs, ces résultats confirment que le stress nutritionnel a des effets sur le long terme, les colonies y étant soumises, récupérant moins bien au printemps que celles supplémentées. Néanmoins, les colonies ayant été placées dans des conditions expérimentales à la fin de la période de stress, l’évaluation de la survie de la colonie n’a pas pu être effectuée.



Branchiccela B., Castelli L., Corona M. et coll. Impact of nutritional stress on the honeybee colony health. Sci. Rep. 2019;9(1):10156.
Tanit Halfon

LA TRANSMISSION AÉROPORTÉE DES SPORES DE NOSEMAEST POSSIBLE

De précédentes études ayant identifié le parasite Nosema ceranae dans des fleurs, et ses spores dans du pollen d’abeilles, des chercheurs1 ont voulu évaluer la possibilité de transmission aérienne du pathogène. Cette hypothèse a été testée dans trois environnements différents, à savoir un rucher de l’université des sciences de la vie de Lublin (Pologne), un jardin botanique dépourvu de colonies d’abeilles (dans un rayon de 4 km), ainsi que dans des conditions de laboratoire avec des abeilles maintenues en cage et artificiellement infectées. La période d’étude s’étalait de juin à septembre. L’analyse des échantillons de l’air a montré l’absence de spores dans le jardin botanique, ainsi qu’au laboratoire. Pour le rucher, la plus grande concentration de spores a été détectée en août (4,65 par m3) et la plus faible en juillet (2,89 par m3). De manière similaire, le nombre moyen de Nosema spp.par butineuse dans les colonies infectées est passé de 7,4 x 106 en juin à 28,6 x 106 en août, cette hausse expliquant probablement celle des spores dans l’air. Le mois d’août apparaît comme une période privilégiée pour générer des bioaérosols de spores de Nosema, le temps facilitant le dessèchement des selles qui pourront alors être transportées par le vent vers les fleurs. Le butinage permet ensuite de les ramener, via le pollen, à la ruche. Dans cette étude, le potentiel infectieux des spores présentes dans les échantillonneurs n’a pas pu être déterminé par les chercheurs. Cependant, ces derniers estiment que cinq spores par m3 sont suffisantes pour provoquer une infection à l’échelle individuelle et de la colonie. Pour les auteurs, d’autres études dans différentes parties du globe restent nécessaires pour mieux appréhender l’effet saison.



Sulborska A., Horecka B., Cebrat M. et coll. Microsporidia Nosema spp. - obligate bee parasites are transmitted by air. Sci. Rep. 2019;9(1):14376.

Tanit Halfon