PATHOLOGIE RESPIRATOIRE
PRATIQUE CANINE
L'ACTU
Auteur(s) : ANNE-CLAIRE GAGNON
Le nursing et la prise en charge du stress sont indispensables au traitement, tandis que le recours aux antiviraux est plus pertinent que celui des antibiotiques.
Le congrès européen annuel de l’International Society of Feline Medicine (ISFM), dont la dernière édition s'est déroulée fin juin à Cavtat en Croatie, est souvent l’occasion de confronter les experts du monde entier autour de problématiques universelles comme les affections du tractus respiratoire.
Séverine Tasker (université de Bristol, Grande-Bretagne) a souligné que le stress est un facteur majeur de survenue du coryza. Sa prise en charge permet une amélioration considérable des symptômes, notamment avec des nébulisations, réalisées dans des lieux calmes, y compris au chevet de l’animal (photo). La simple vapeur d’eau peut être efficace pour décongestionner les cavités nasales. Le nursing attentionné, à la maison, en refuge (en isolant et cocoonant l’animal) ou à la clinique est fondamental, en nettoyant et en retirant toutes les sécrétions oculonasales, en toilettant le chat, en lui proposant à manger à la main, avec des aliments tiédis et très appétents. Son écuelle est mise légèrement en hauteur pour ne pas aggraver la congestion nasale liée au port de tête bas pour manger. En cas d’inappétence, FortiFlora® ou la mirtazapine peuvent être utiles avant d’envisager la pose d’une sonde naso-œsophagienne.
Si le chaton ou le chat ne présente qu’un jetage séromuqueux, voire mucopurulent, sans atteinte de l’état général, les antibiotiques ne sont pas nécessaires, selon les recommandations de l’International Society for Companion Animal Infectious Diseases (ISCAID), qui conseille de laisser la possibilité au chat (sous réserve qu’il s’alimente) d’une guérison spontanée. Séverine Tasker recommande, comme Mike Lappin (université du Colorado, États-Unis) et Richard Malik (consultant pour le Centre for Veterinary Education de l’université de Sydney, Australie), d’utiliser le famciclovir1 per os (PO) dans les épisodes aigus de coryza et dans les infections chroniques herpétiques, à la dose de 40 à 90 mg/kgdeux fois par jour, en passant à trois fois par jour si la réponse thérapeutique n’est pas suffisante. Les études ont montré un taux de satisfaction des propriétaires des chats traités de 91 %.
Même si les publications sur la lysine1 ne sont pas aussi convaincantes que celles sur le famciclovir, David Maggs, spécialiste en ophtalmologie (université de Californie à Davis, États-Unis) recommande son administration à la dose de 500 mg PO toutes les 12 heures, directement au chat (la supplémentation diététique dans ou sur l’aliment ne fonctionne pas).
Mike Lappin rappelle la nécessité de soutenir le microbiome de l’animal avec Fortiflora®, avant de démarrer les antibiotiques lorsqu’ils sont nécessaires. En première ligne, la doxycycline et l’amoxicilline restent les molécules de choix (efficaces sur les principales infections secondaires, ainsi que sur Mycoplasma spp., B. bronchiseptica et C. felis), avec en seconde ligne la marbofloxacine ou la pradofloxacine, dans le respect du cadre réglementaire.
Le traitement de soutien est essentiel, avec réhydratation si nécessaire et prise en charge du stress (α-casozépine ou phéromones), indique Mike Lappin, qui souligne également la nécessité, même sur de très jeunes chatons (dès 6 semaines), de toujours vérifier, par un lavage/flushage nasal, l’hypothèse de la présence de corps étrangers ou de polypes, responsables de coryza chronique.
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1 Pharmacopée humaine.