ÉCLAIRER, INTERROGER

Publié en mai, le rapport sur l'état de la biodiversité dans le monde de l’IPBES¹ a objectivé l’ampleur de ce que l’on s’accorde de plus en plus à nommer la 6^e extinction de masse. Singularisée par sa corrélation directe avec les activités humaines et son rythme inédit, cette crise écologique majeure, qui suscite maintenant des mouvements de désobéissance civile, requiert, au-delà de l’alarmisme, de mieux en appréhender la complexité. Car l’extinction a toujours été un processus inhérent à l’évolution de la vie, et, si 99 % des espèces qui ont vécu sur Terre sont désormais éteintes, elles ont intrinsèquement contribué à la diversité animale et végétale d’aujourd’hui. Aussi l’effondrement actuel préfigure-t-il la fin d’un monde, non “du” monde. C’est à mieux cerner, par l’éclairage du passé, les paramètres de l’incertitude que nous faisons peser sur l’avenir du vivant que contribue la nouvelle exposition du Muséum de Toulouse, qui reprend celle créée en 2013 par le Natural History Museum de Londres (dont elle complète la soixantaine de pièces par une trentaine issues de ses collections). À partir d’espèces disparues, menacées ou qui, au contraire, ont survécu aux précédentes extinctions de masse, son parcours argumenté et très interactif invite le visiteur à réévaluer le présent et les notions clés de biodiversité ou de conservation, afin de mieux sonder et de méditer ce phénomène global sans précédent dont il est à la fois l’acteur, le témoin, la victime et… le seul remède.

¹ Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques, ipbes.net.

Extinctions - La fin d’un monde ? Exposition jusqu’au 28 juin au Muséum de Toulouse,

35, allées Jules-Guesde, du mardi au dimanche de 10 à 18 heures, expo-extinctions.fr.