Rapport Esvac : des résultats en demi-teinte - La Semaine Vétérinaire n° 1827 du 25/10/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1827 du 25/10/2019

MÉDICAMENTS VÉTÉRINAIRES

ACTU

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL 

Malgré des disparités nationales importantes entre les pays, les ventes d’antibiotiques en médecine vétérinaire ont baissé de près d’un tiers en Europe entre 2011 et 2017.

LLa tendance est bonne mais que cache-t-elle ? Le dernier rapport1 sur le système européen de surveillance de la consommation d’antibiotiques vétérinaires (l’European Surveillance of Veterinary Antimicrobial Consumption ou Esvac), publié le 15 octobre, note une baisse de 32 % des ventes globales entre 2011 et 2017. L’Agence européenne des médicaments (EMA) se félicite de ces résultats qui se maintiennent dans la durée. Elle cite l’engagement de certains États membres, dont la France, qui ont mis en place des campagnes nationales de sensibilisation au bon usage des antibiotiques en santé animale, ainsi que des mesures réglementaires pour encadrer leur utilisation. Si certains pays sont cités en exemple, le rapport retient que la situation n’est pas la même en Europe. « Les conclusions du rapport confirment la tendance à la baisse observée ces dernières années et montrent que les orientations de l’Union européenne et les campagnes nationales en faveur d’une utilisation prudente des antibiotiques chez les animaux pour lutter contre la résistance aux antimicrobiens ont un effet positif », souligne l’Agence européenne des médicaments (EMA). Les efforts doivent donc se poursuivre selon les autorités européennes.

Des ventes d’antibiotiques globalement en baisse

Les ventes globales d’antibiotiques destinés aux animaux producteurs de denrées alimentaires sont passées de 162 milligrammes par population correction unit (mg/PCU) en 2011 à 109,3 mg/PCU en 2017, dans 25 États membres de l’Union européenne (contre 129,4 mg/PCU en 2016). Les porcs, les bovins, les volailles, les ovins/chèvres représentaient respectivement 32 %, 31 %, 14 % et 14 % de la PCU dans les 31 pays de l’Espace économique européen (EEE), y compris la Suède et la Suisse. Les tétracyclines (30,4 %), les pénicillines (26,9 %) et les sulfamides (9,2 %) ont été les classes d’antibiotiques vendues en plus grandes quantités, exprimées en mg/PCU, sur les ventes totales d’antibiotiques en 2017 dans les 31 pays qui ont communiqué leurs données. Ces trois classes d’antibiotiques ont représenté 66,5 % des ventes. Le rapport souligne notamment une baisse importante des ventes d’antibiotiques d’importance critique tels que les polymyxines (- 66 %) et les céphalosporines de 3e et 4e générations (- 20 %).

Un écart important entre les pays

Les données récoltées placent la France parmi les bons élèves européens avec des ventes estimées à 68,6 mg/PCU en 2017. Le rapport révèle aussi un écart important entre les pays ayant les ventes les plus élevées et ceux affichant les ventes les plus basses, allant de 3,1 mg/PCU en Norvège à 423,1 mg/PCU à Chypre. Cette différence pourrait s’expliquer par la composition de la population animale et les divers systèmes de production des pays. Concernant les 25 pays de l’UE qui ont communiqué des données, une baisse de plus de 5 % (allant de - 7,7 % à - 57,9 %) des ventes (mg/PCU) a été observée dans 19 d’entre eux entre 2011 à 2017. Pour trois pays, une augmentation de plus de 5 % a été notée (allant de 29,8 % à 42,9 %). Le total des ventes accumulées liées à la PCU dans les 31 pays ayant fourni des données en 2017 était de 107 mg/PCU, tandis que la médiane était de 61,9 mg/PCU. L’EMA note que certains pays n’ont pas enregistré de changement significatif dans leurs ventes.

1 bit.ly/2OBDDBR.