CARDIOLOGIE
PRATIQUE CANINE
L'ACTU
Auteur(s) : TANIT HALFON
La technique de la « focused cardiac ultrasound » est utile pour détecter les cardiopathies chez les chats asymptomatiques révèle une étude. à condition d’être correctement formé à son usage.
L’échographie cardiaque focalisée (FCU) viendra-t-elle compléter la trousse à outils du vétérinaire généraliste ? Une étude1 publiée en juillet 2019 dans le Journal of veterinary medicine semble aller dans ce sens. Portant sur 289 chats, elle compare les résultats obtenus par l’utilisation de la « focused cardiac ultrasound » par des praticiens dépourvus initialement de compétences en échographie cardiaque aux résultats d’un diagnostic classique fait par un spécialiste. En médecine vétérinaire, la FCU consiste à explorer la fonction cardiaque d’un animal via des images de son cœur gauche. Plusieurs facteurs clés sont évalués, à savoir la taille de l’atrium gauche, l’épaisseur de la paroi et la contractilité du ventricule gauche, ainsi que l’absence ou la présence d’épanchements cavitaires. L’objectif de l’étude était d’évaluer l’intérêt de la technique pour les chats asymptomatiques, notamment par rapport au dosage plasmatique du NT-proBNP2 et d’identifier si son usage était possible par des vétérinaires généralistes. La réponse est oui, la méthode étant d’autant plus fiable que la maladie est à un stade avancée. Ainsi, associer la FCU à un examen clinique et un électrocardiogramme (ECG) permettait d’obtenir une meilleure concordance entre le diagnostic du généraliste et celui d’un spécialiste. Ajouter en plus un test NT-proBNP ne modifiait pas significativement cette corrélation. Ainsi, avec l’examen clinique, seuls 121 chats sur 289 (41,9 %) recevaient le bon diagnostic, un nombre qui montait à 124 (44,6 %) avec l’ECG puis à 180 (62,3 %) avec la FCU de même qu’avec le test sanguin. De plus, 79 révisions de diagnostic ont pu être faites après la FCU, à raison de 35 chats normaux, 39 avec une maladie cardiaque et 5 avec des signes équivoques.
L’intérêt de l’examen est confirmé par François Serres, DESV médecine interne option cardiologie : « Maîtriser cette technique est facilement accessible pour les vétérinaires généralistes. De plus, nous disposons aujourd’hui de preuves scientifiques validant sa plus-value lors d’un examen de routine. » Il identifie plusieurs usages : l’examen pré-anesthésique, le bilan gériatrique ou encore lorsqu’un souffle cardiaque est détecté à l’auscultation. « Dans l’étude, la présence d’un souffle était significativement associée au fait de trouver quelque chose avec la FCU », précise-t-il. L’étude montre, de plus, que l’examen est particulièrement adapté dans les stades avancés de maladies. Ainsi, après la réalisation de la FCU, 88 chats sur 289 (soit 30,4 %) étaient considérés comme malades, à raison de 6 sur 6 ayant été diagnostiqués par un spécialiste avec une insuffisance cardiaque sévère, modérée pour 27 sur 29 (93 %), et légère pour 31 sur 67 (46 %). « Le bénéfice le plus net d’une échocardiographie est pour l’animal symptomatique car c’est souvent moins stressant pour le patient qu’un examen radiographique du thorax, tout en apportant davantage d’informations, notamment lors d’épanchement pleural
», souligne François Serres. Mais comme il le rappelle, pour être efficace, en passer par la formation, même de courte durée («
une formation d’une journée est suffisante
»), reste indispensable. Dans l’étude, les vétérinaires avaient ainsi suivi un processus standardisé d’apprentissage, basé notamment sur une vidéo en ligne3.
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1 https://bit.ly/2PuquLl.
2 Fragment N terminal du précurseur du brain natriuretic peptide, un peptide natriurétique cardiaque produit principalement par les cardiomyocutes ventriculaires.
3 Une vidéo explicative est accessible sur https://bit.ly/331ahkX.
UN EXAMEN QUI NE REMPLACE PAR L’ÉCHOGRAPHIE CARDIAQUE CLASSIQUE