Les vétérinaires militaires : de multiples facettes - La Semaine Vétérinaire n° 1829 du 08/11/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1829 du 08/11/2019

ARMÉE

ACTU

Auteur(s) : JEAN-PAUL DELHOM  

Notre confrère Claude Milhaud a été le coordinateur de la séance du 17 octobre de l’Académie vétérinaire de France autour du thème : « Les activités des vétérinaires militaires du service de santé des armées ». Extraits.

De par leurs multicompétences les vétérinaires sont essentiels aux services de santé des armées et indispensables en opérations. « Vétérinaires militaires en opérations extérieures : challenges et perspectives » était le thème de la conférence du vétérinaire en chef Olivier Cabre. La mission première du service de santé des armées est le soutien santé opérationnel des forces armées. C’est sa raison d’être, son cœur de métier.

Les vétérinaires des armées sont pleinement engagés dans les opérations extérieures menées par la France. Rattachés aux directeurs médicaux, têtes de chaîne du soutien médical sur un théâtre d’opérations, ils interviennent dans trois domaines :

- santé publique vétérinaire : le risque de toxi-infections alimentaires est majoré hors de métropole. Les problèmes liés à l’eau sont particulièrement importants ;

- maîtrise de l’environnement biologique : la prévention des zoonoses impose la protection des animaux de l’armée avec des points d’alimentation qui leur sont réservés. Les adoptions et contacts avec les animaux indigènes doivent être contrôlés. Le risque d’importation de maladies par les militaires doit être géré. Des plans de maîtrise sanitaire opérationnels sont développés ;

- santé et bien-être animal : prophylaxies, médecine et chirurgie, alimentation et hébergement.

L’accomplissement de leurs missions, se heurte à de nombreuses difficultés inhérentes aux caractéristiques d’une opération militaire, en particulier aux contraintes de logistique et de ressources humaines.

Cet exercice pluridisciplinaire, dans un environnement peu sécurisé, nécessite une bonne préparation en amont, tant technique que militaire, et un entretien permanent des qualifications en France.

Olfaction canine et recherches médicales contre le cancer

La vétérinaire en chef Caroline Girardet a abordé l’hypothèse de travail d’une étude menée dans l’armée : proposer des composés organiques volatils (COV) comme biomarqueurs du cancer de la prostate. Le service de santé et le service vétérinaire des armées, le service d’urologie de l’hôpital Tenon (Paris), les États-majors des armées ont collaboré à ce travail.

Le dépistage du cancer de la prostate, qui repose sur l’examen clinique et le dosage sanguin de l’antigène prostatique spécifique (PSA), a une spécificité et une sensibilité non optimales. Les objectifs des travaux de 2007 à 2010 étaient d’évaluer les capacités d’un chien préalablement dressé à détecter un cancer de la prostate sur des échantillons d’urine et de déterminer si les COV des urines peuvent être à l’origine d’une odeur spécifique associée à ce cancer.

Le chien choisi est un berger belge malinois de 2 ans, sélectionné parmi les chiens destinés à la détection d’explosifs ou de drogues dans l’armée, vierge de tout entraînement. L’équipe cynotechnique était formée de deux militaires utilisant la méthode de dressage par renforcement positif. La phase d’apprentissage dura cinq mois et permit d’enseigner au chien à reconnaître les urines de patients avec un cancer de la prostate (biopsie positive). Ensuite, la seconde étape (11 mois) consiste à entraîner le chien à différencier les urines de 33 patients présentant un cancer de la prostate et les urines de 33 patients “contrôle” (biopsie négative).

Lors du test, sur chacun des 33 exercices, il y avait 6 échantillons d’urine (un cancer et cinq “contrôles”). L’échantillon cancer a été détecté 30 fois (soit trois faux positifs et trois faux négatifs). Les trois faux négatifs, recontrôlés suivant le même scénario, ont été détectés. Une biopsie de la prostate sur les trois patients faux positifs s’est révélée positive.

Les chiens détectent donc bien une signature moléculaire odorante du cancer dans les urines : la sensibilité et la spécificité de ce test olfactif étant de 91 %. Cette détection est non invasive, hautement spécifique et précoce. Les travaux se poursuivent avec comme objectif d’identifier les COV. Il est permis d’espérer obtenir une technologie basée sur la spectrométrie de masse pour identifier et quantifier les métabolites spécifiques du processus tumoral : un nez électronique.

L’utilisation du chien en complémentarité du test de dépistage du cancer de la prostate par IRM est à l’étude.

Pour en savoir plus sur les autres missions des vétérinaires militaires :

- bit.ly/2PmIwz9

- bit.ly/362tfcK