SYNTHÈSE
PRATIQUE MIXTE
Formation
Auteur(s) : SAMUEL SAUVAGET
La colibacillose est une infection bactérienne à manifestation extra-intestinale responsable de phénomènes septicémiques ou localisés. L’impact économique de cette maladie est majeur pour la filière, estimé à plusieurs millions d’euros de perte par an en raison de la mortalité, du coût des traitements, des baisses de performances ou encore des saisies en abattoir. Le triptyque classique péricardite-périhépatite-aérosacculite fait systématiquement l’objet d’un retrait total. Il convient également d’être vigilant aux formes sous-cutanées qui se manifestent par des lésions fibrineuses qui infiltrent la peau et peuvent conduire également à un retrait partiel ou total de la carcasse. À la suite des plans ÉcoAntibio successifs, la lutte contre la colibacillose est devenue multidirectionnelle et n’est plus uniquement gérée par le recours aux antibiotiques : programmes de prévention vaccinale, hygiène des élevages, thérapeutique anti-infectieuse avec des solutions alternatives aux antibiotiques comme les huiles essentielles.
La vaccination est le premier rempart à la colibacillose. Ses intérêts médicaux et économiques en élevage de palmipèdes à foie gras ont été démontrés, avec des gains de productivité et une baisse significative de l’usage des antibiotiques dans les élevages vaccinés. Deux options sont possibles : une vaccination à l’aide d’un vaccin commercial (Poulvac® E. Coli) utilisant une souche atténuée d’Escherichia coli O78K80, ou l’utilisation des autovaccins après isolement d’une souche pathogène sur l’élevage. La souche commerciale s’administre en nébulisation entre J1 et J5 avec un rappel entre J21 et J28. Les bonnes pratiques de vaccination avec cette méthode sont :
- quantité et qualité d’eau pour la dilution du vaccin dans l’appareil à nébulisation,
- absence de distribution d’antibiotiques ou d’huiles essentielles avant ou après la vaccination,
- coupure momentanée de la ventilation,
- opération à l’obscurité pour maintenir les canards au calme.
L’autre option est l’utilisation d’autovaccins (inactivés) qui se pratique par injection entre J5 et J21. Bien que plus onéreuse, cette pratique permet de s’adapter au microbisme de chaque élevage avec une plus grande homogénéité. L’isolement et la caractérisation des souches à l’aide des techniques de laboratoire (facteurs de virulence, Maldi-TOF, etc.) prennent évidemment toute leur importance dans cette démarche.
Un protocole de nettoyage-désinfection efficace est nécessaire afin d’éliminer les germes qui ont pu se développer en cours d’élevage, et pas uniquement les colibacilles. Au vide sanitaire, une détergence préalable à la désinfection permet d’éliminer les matières organiques, foyers de persistance des germes dans le bâtiment. L’utilisation de désinfectants agréés avec les doses suffisantes de produits et la quantité d’eau adéquate est indispensable à l’efficacité de l’opération. La lutte contre les nuisibles, notamment les insectes, est également fondamentale. La qualité de l’eau de boisson doit aussi être maîtrisée grâce à des analyses régulières et le recours à des solutions de potabilisation, afin de garantir une eau saine jusqu’au bout des lignes d’abreuvement.
En cas de diagnostic de colibacillose en cours d’élevage, le recours aux antibiotiques est possible. Le choix se fait sur la base d’un antibiogramme, les molécules les plus couramment employées sont les associations triméthoprime-sulfamides. Le déclenchement du traitement se fait sur la base du constat des lésions, de la confirmation bactériologique et du niveau de morbidité et de mortalité en lien avec le caractère d’urgence de la situation.
Les solutions alternatives aux traitements antibiotiques se développent depuis plusieurs années maintenant : la phytothérapie, l’aromathérapie, les prébiotiques… Par rapport à un traitement antibiotique qui aura une action uniquement bactéricide ou bactériostatique, ces méthodes cumulent à la fois la stimulation du système immunitaire, le soutien des fonctions biologiques essentielles (foie, reins), le développement du microbiote et des actions anti-infectieuses. Parmi les plantes utiles en cas de colibacillose, l’Echinacea purpurea présente des vertus anti-infectieuses et immunostimulantes. L’huile essentielle de canelle de Chine est également intéressante dans cette indication grâce à ses propriétés antibactérienne. La qualité et la composition des produits sont évidemment essentielles pour assurer à la fois efficacité, sécurité alimentaire et innocuité. Ils s’utilisent généralement en eau de boisson, mais également par nébulisation.
Afin de choisir le produit le plus adapté, le Phytogramme® mesure le diamètre d’inhibition d’une spécialité à base d’huiles essentielles vis-à-vis d’un germe isolé au même titre qu’un antibiogramme. La substitution d’un antibiotique par un mélange d’huiles essentielles sera d’autant plus efficace que le problème sera traité précocement et que les paramètres d’ambiance auront été corrigés. Le recours aux antibiotiques reste justifié dans certaines situations à caractère d’urgence ou dans des environnements particulièrement dégradés.
•
Article rédigé d’après les présentations de la journée Alterbiotique palmipèdes à foie gras (Bazas, Nouvelle-Aquitaine).
LES TECHNIQUES DE LABORATOIRE