Projet de loi : protéger les enfants des violences faites aux animaux - La Semaine Vétérinaire n° 1829 du 08/11/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1829 du 08/11/2019

LÉGISLATION

ACTU

Auteur(s) : ANNE-CLAIRE GAGNON 

À l’initiative de Samantha Cazebonne, députée de la 5 e circonscription des Français établis hors de France, vice-présidente du groupe d’études condition animale, s’est tenu, le 17 octobre, à l’Assemblée nationale, un colloque sur la protection de l’enfance contre toutes les formes de violence, dont l’exposition à celles faites aux animaux.

De nombreux intervenants, venus de disciplines et de pays différents, dont Federico Mayor Zaragoza, ex-directeur général de l’Unesco1, Laurence Parisot, de LFDA2, Claire Brisset, première Défenseure des enfants, Maneka Gandhi, ex-ministre des Femmes et du Développement de l’enfant en Inde, Matthieu Ricard, moine bouddhiste tibétain, docteur en génétique cellulaire, Philip Jaffé, membre du comité des droits de l’enfant de l’ONU3, Jean-Paul Richier, psychiatre, membre du Protec4, et Marta Esteban, membre du Conseil indépendant pour la protection de l’enfance (Espagne), se sont exprimés à la tribune pour préciser les effets délétères des violences, animales et/ou familiales, sur les enfants qui en sont les témoins impuissants, comme dans les corridas.

Ne pas exposer les mineurs aux pratiques violentes sur animaux

Les experts du Comité des droits de l’enfant de l’ONU ont demandé à la France de se mettre en conformité avec la convention ratifiée voilà 30 ans en novembre. En tolérant que des mineurs se forment à tuer des taureaux ou assistent à la mort de six taureaux, dans une atmosphère festive, lors d’une corrida, la France expose ses enfants à des traumatismes psychiques. Les Baléares, la Catalogne, l’Équateur et le Venezuela l’ont interdit aux mineurs.

Notre confrère Loïc Dombreval, député et président du groupe d’études condition animale, a souligné qu’après avoir interdit aux mineurs les violences virtuelles des jeux vidéo il était légitime de leur interdire le spectacle et la pratique des violences réelles faites aux animaux. Il a par ailleurs indiqué comment l’empathie naturelle qu’il éprouvait pour les animaux a été entamée par ses études vétérinaires, réduisant l’animal de compagnie à un cas clinique, l’animal de production à une usine à produire et à nourrir. Désormais, 15 % des étudiants vétérinaires sont végans, un changement de civilisation.

« Il faut écouter les enfants, qui aujourd’hui refusent d’aller au cirque. Inscrire la capacité des animaux à ressentir des émotions dans les programmes et livres scolaires, c’est faire preuve de pédagogie et d’humanité. » Il a enfin rappelé qu’ayant été membre du Collectif des vétérinaires pour l’abolition de la corrida (Covac), il appelait les vétérinaires à jouer leur rôle pour protéger animaux et enfants des violences inutiles.

L’enfance patrimoine suprême de l’humanité

L’ensemble des intervenants ont insisté sur l’effet délétère pour les plus jeunes, tout au long de leur vie, de la banalisation de la violence, au sein de la famille ou dans les lieux publics. La méthylation de l’ADN fait partie des mécanismes épigénétiques, marquant les familles violentes. 10 % des enfants sont maltraités en France, n’en rajoutons pas avec le spectacle des violences gratuitement faites aux animaux. « L’enfance est le patrimoine suprême de l’humanité », a souligné Federico Mayor Zaragoza. Or, l’enfant est naturellement empathique, une qualité que le système pédagogique ne cultive pas assez.

Samantha Cazebonne a présenté en fin de journée le texte d’une future proposition de loi visant à interdire à un adulte de provoquer un mineur à exercer des sévices graves ou des actes de cruauté sur un animal, tout comme de les réaliser en leur présence. « Si la cruauté humaine s’est tant exercée contre l’homme, c’est trop souvent qu’elle s’était fait la main sur les animaux », écrivait Marguerite Yourcenar.

1 Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture.

2 La Fondation droit animal, éthique et sciences.

3 Organisation des Nations unies.

4 Protégeons les enfants des corridas (collectif-protec.fr).