ÉLEVAGE
PRATIQUE MIXTE
L'ACTU
Auteur(s) : TANIT HALFON
Répondre aux demandes sociétales est un enjeu capital pour l’avenir des filières animales, a révélé la 3 e édition du congrès national Alterbiotique. Travailler de manière collective et miser sur la transparence ont été identifiés comme deux facteurs clés de succès.
Fini le consommateur, bienvenue au “consomm’acteur” ! Lors de la 3e édition du congrès national Alterbiotique qui s’est déroulée en région nantaise les 6 et 7 novembre, le consommateur est apparu comme un interlocuteur clé pour décider des orientations stratégiques des filières d’élevage. « La 3 e révolution agricole est commerciale. Aujourd’hui, il faut parler de la fourchette à la fourche », a affirmé Jean-Marie Séronie, ingénieur agronome et agroéconomiste. Dans ce contexte, il faut jouer collectif. La recherche l’a compris. « à l’Anses 1 , au milieu des années 2000, nos équipes ont travaillé sur l’élevage de volailles en cages aménagées. Beaucoup d’éleveurs se sont équipés en 2012. Dès 2013-2014, nous avons constaté que ce mode d’élevage était vraisemblablement, à terme, condamné par la demande sociétale, a expliqué Gilles Salvat, directeur général délégué en charge de la recherche et de la référence à l’agence. Cela veut dire que les programmes de recherche doivent être faits en étroite concertation avec les associations de protection animale. » Mais répondre à la demande sociétale n’est pas toujours facile. Par exemple, le risque Campylobacter est majoré dans les élevages de volailles sur parcours : les animaux ont plus de chance d’être exposés à la bactérie du fait d’une durée d’élevage plus longue, d’autant que la flore des animaux âgés permet plus facilement son implantation. Conséquence : il faut trouver de nouvelles solutions techniques, ce que fait l’Anses, qui s’attelle au développement un vaccin… non sans soulever la question de son coût : Campylobacter n’étant pathogène que pour l’être humain, qui va payer ?
Répondre aux demandes sociétales, comme offrir un accès au plein air, ne suffit pas : encore faut-il prouver que c’est effectivement le cas ! Il y a, par exemple, la solution des chaînes YouTube, comme l’a signalé Hervé Pillaud, agriculteur et membre du Conseil national du numérique. Pour lui, les photos «
supermarketées
» sont dépassées, car le consommateur est à la recherche du «
naturel
» et de messages «
honnêtes
». «
Je pense que le plus grand vecteur de communication sera le produit. C’est pour cela que l’on se dirige de plus en plus vers le “passeport” du produit, c’est-à-dire qu’il va falloir agréger les données de l’animal jusqu’à l’assiette
», permettant au consommateur «
d’obtenir une assurance totale de ce qu’il y a dans son assiette
». Cette «
culture de la transparence
» qu’il dit observer et qu’il encourage, a ses limites. Abordant l’étiquetage “sans antibiotiques”, Jean-Yves Gauchot, vétérinaire et président de la Fédération des syndicats vétérinaires de France, a été direct : «
Cet étiquetage est stigmatisant, malhonnête intellectuellement. À qui profite le crime
?
Est-ce une tromperie de consommateur, voire une maltraitance de l’animal
? On se laisse manipuler par la grande distribution, qui a de l’appétence pour vendre certains produits autour du bien-être animal, c’est à nous, vétérinaires, avec les éleveurs, de montrer le chemin sur le sujet.
» Il rappelle ainsi que pour les vétérinaires, et la Direction générale de l’alimentation, c’est le mésusage qu’il est nécessaire de combattre et non leur usage, les antibiotiques étant aussi un outil de bien-être animal. «
La difficulté que l’on a, est la position de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes
», qui ne voit pas d’opposition réglementaire à ce mode d’étiquetage.
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1 Agence nationale de sécurité sanitaire.
« LE BIEN-ÊTRE ANIMAL EST UNE SCIENCE »