ÉCOLES VÉTÉRINAIRES
ACTU
Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE
Face au manque d’attractivité de nombreux établissements d’enseignement supérieur agronomique, vétérinaire et paysager (ESAVP) auprès des élèves non francophones et aux limites des compétences professionnelles en anglais des étudiants français, le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux recommande des solutions.
Dans un contexte d’internationalisation croissante de l’enseignement supérieur et des carrières, les établissements de l’ESAVP 1 français sont en retard par rapport à beaucoup d’autres grandes écoles ». Tel est le constat dressé par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, qui a mandaté le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), en juin 2018, pour réfléchir à aux moyens de remédier à cette situation2.
Avec la globalisation de l’économie, la formation des cadres doit permettre aux étudiants de maîtriser au moins une autre langue3 que leur langue maternelle, mais aussi de travailler dans des contextes culturels variés. Pour qu’ils assimilent un vocabulaire spécifique et augmenter l’attractivité des ESAVP auprès des étudiants et des enseignants-chercheurs non francophones, l’offre de cours disciplinaires en anglais doit être suffisante, selon les recommandations du CGAAER. Les étudiants se forment d’ailleurs de plus en plus hors de leur pays. Ainsi, d’après les données recueillies par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), il y avait, en 2016, plus de 5 millions d’étudiants4 inscrits dans des universités d’un pays autre que celui de leur nationalité, alors qu’ils n’étaient que 4 millions en 2012. Dans ce contexte, la concurrence entre établissements d’enseignement supérieur pour attirer les meilleurs étudiants et professeurs est donc forte, comme en témoignent les classements internationaux (encadré ci-dessous).
Or, sur les 5 millions d’étudiants à travers le monde, même si la France en a accueilli 245 000 en 2016 – ce qui la place en quatrième position juste devant l’Allemagne –, les établissements de l’ESAVP n’en ont reçu que 1 426 (soit un peu plus de 0,6 % du total), selon le rapport du CGAAER. De plus, outre le manque d’attractivité auprès des étudiants non francophones, les entretiens réalisés par le CGAAER auprès de nombreux professionnels publics et privés nationaux et internationaux, qui emploient des vétérinaires comme salariés ou experts, ont montré que les compétences en anglais des diplômés ne sont pas suffisantes et freinent les recrutements(encadré page 19). Ainsi, actuellement dans les écoles nationales vétérinaires (ENV) françaises, à l’exception des cours d’anglais, la part des enseignements disciplinaires dispensés en langue anglaise est très faible (moins de 1 %) et « la plupart des enseignants-chercheurs ne s’estiment pas préparés à cet exercice ». L’insuffisance de politique linguistique du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation (exigences linguistiques lors du recrutement des enseignants-chercheurs français, accompagnement insuffisant par immersion externe et interne ou par formation continue, insuffisance de recrutements d’enseignants-chercheurs anglophones, etc.) explique notamment cette faiblesse préjudiciable aux ENV, à leurs diplômés et à la profession vétérinaire.
Il conviendrait donc, à l’instar de certaines écoles d’ingénieurs, que «
l’enseignement dans les ENV évolue vers davantage de séquences d’enseignement en anglais couplées notamment à une semestrialisation, en s’appuyant une politique de ressources humaines adaptée
». De plus, comme l’a indiqué l’un des rapporteurs, Pierre Saï, «
l’un des objectifs visés en formant des étudiants non francophones en France est qu’ils soient ensuite les ambassadeurs dans leurs pays d’origine de la langue et de la culture française. Pour cela, il faut en parallèle développer et structurer davantage l’enseignement du “français langue étrangère” (FLE) ».
«
Des marges de progrès quantitatives et qualitatives existent donc à plusieurs niveaux
», conclut le rapport. C’est pourquoi l’application de la politique linguistique volontariste et les moyens qui doivent l’accompagner, préconisés par le CGAAER, devraient maintenant faire l’objet d’un plan d’action du ministère et de chaque ENV.
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1Enseignement supérieur agronomique, vétérinaire et paysager.
2 Rapport n° 18088 du CGAAER (juin 2018). « Les enseignements non francophones dans l’enseignement supérieur agronomique, vétérinaire et paysager ».
3 Voire deux autres langues (déclaration du Conseil européen de Barcelone des 15 et 16/3/2002).
UNE COMPÉTITION FORTE DANS LES CLASSEMENTS INTERNATIONAUX
« LE NOMBRE D’ÉTUDIANTS ÉTRANGERS FORMÉS EN FRANCE DOIT DOUBLER D’ICI 2027 »