PARASITOLOGIE
PRATIQUE MIXTE
L'ACTU
Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE
Face à la résistance aux antiparasitaires en élevage, les projets de recherche permettant d’approfondir les connaissances à ce sujet se multiplient en France et en Europe depuis 2017 comme cela a été rappelé lors des dernières journées nationales des groupements techniques vétérinaires.
La problématique de la résistance aux antiparasitaires chez les animaux d’élevage français, et notamment aux anthelminthiques (AH), était déjà au cœur des préoccupations en 2017. En témoignent le document de réflexion de l’European Medicines Agency, élaboré au printemps de cette année (Reflection Paper on Anthelmintic Resistance), proposant une synthèse et un ensemble de recommandations sur les différents aspects de la résistance aux anthelminthiques1, et, il y a deux ans toujours, la thématique du colloque de la Société nationale des groupements technique vétérinaire (SNGTV), ainsi que le lancement du projet européen Combatting Anthelmintic Resistance (Combar).
Christophe Chartier (Oniris) l’a indiqué lors du dernier congrès national de la SNGTV : « Depuis que la résistance des strongles digestifs des ruminants aux anthelminthiques (AH) a été mise en évidence il y a plus de 50 ans, sa prévalence a globalement augmenté au niveau mondial et son impact sur certaines filières comme celles des petits ruminants est devenu de plus en plus préoccupant. » Même si des travaux de recherche ont permis de mieux connaître son mécanisme, cette problématique demeure l’un des plus grands enjeux actuels de l’élevage pour le contrôle des strongyloses. C’est pourquoi, selon lui, « nous avons un besoin urgent d’outils diagnostiques fiables permettant d’évaluer précisément l’efficacité des AH et de détecter des phénomènes de résistance ». De plus, de nouvelles techniques de gestion du parasitisme en élevage devront être mises en place sur le terrain2.
Pour cela, au niveau européen, outre le projet de recherche FP6 Parasol, qui s’est déroulé entre 2006 et 2009, le programme Combar (2017-2021) a pour objectif de mettre en réseau une très grande partie des chercheurs travaillant sur le parasitisme en intégrant l’ensemble des parties, dont les vétérinaires et les éleveurs (outils diagnostics, approches économiques et sociales, stratégies de contrôle durable des helminthoses). Cependant, dans le même temps, « même si le phénomène commence à être bien appréhendé pour les petits ruminants, avec une quasi-généralisation de la résistance aux benzimidazoles (BZ), des signalements répétés de ce phénomène vis-à-vis des lactones macrocycliques (LM) et quelques cas de résistances croisées (BZ/lévamisole ou BZ/LM), l’ampleur de la résistance aux anthelminthiques des bovins français reste partiellement connue, car seulement trois études non significatives ont été réalisées. » Ces premiers résultats suggèrent une résistance assez fréquente, notamment de Cooperia vis-à-vis des LM, alors que les BZ semblent, à l’inverse, avoir conservé leur efficacité.
C’est pourquoi, afin de compléter ces données en France, un groupe de travail sur les antiparasitaires a été créé en 2018 au sein du Réseau français pour la santé animale (RFSA), ajoute Christophe Chartier. Il s’agit d’«
un lieu d’échanges, de réflexions et de propositions autour des initiatives prises ou à prendre dans notre pays pour contribuer à limiter le développement de la résistance aux anthelminthiques ou pour y faire face
». Elle y est ainsi surveillée (épidémiologie régionale, outils de diagnostic, mécanismes) et les infestations sont combattues (contrôles intégrés, alternatives biologiques, traitement ciblé sélectif). Enfin, il est nécessaire d’accentuer la formation des vétérinaires (et des propriétaires d’animaux) sur la résistance aux AH. Les résultats de ce groupe de travail devraient être rendus périodiquement par la SNGTV.
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2 Sangster et coll., 2018.