Vous sentez-vous menacé professionnellement par des non-vétérinaires ?
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Auteur(s) : PIERRE DUFOUR
LE VÉTÉRINAIRE RESTE UNE RÉFÉRENCE
Je ne pense pas qu’une réelle menace existe pour nous, en particulier économique. En effet, la profession vétérinaire bénéficie d’une très bonne image auprès du public. Le vétérinaire reste une référence dans le milieu de la santé, est écouté, et son pouvoir de prescription est très fort. Je trouve que les compétences dans le monde vétérinaire sont plus homogènes et plus fiables, du fait du diplôme et de la certification des connaissances. Il est difficile de juger des compétences des non-vétérinaires (avec ou parfois sans diplôme). Elles doivent être examinées au cas par cas. Nous sommes souvent sollicités pour de l’ostéopathie ou de l’éducation canine. Dans ce cas, nous renvoyons autant que possible les clients vers des vétérinaires qui ont ces compétences. Concernant les services numériques, je pense qu’il faut être vigilant à ce qui peut capter le flux de clients et le rediriger. Attention au jour où ce ne sera plus la “croix” qui ramènera les clients, mais les conseils en ligne. Il ne faut pas se faire doubler et réfléchir s’il est pertinent de développer ces services nous-mêmes en interne. Dans le cas contraire, il convient de choisir des acteurs indépendants et compétents. • Emeric Lemarignier
NOUS AVONS UN TRAIN D’AVANCE CONCERNANT LES ACTES
La problématique n’est pas récente, ce qui se passe aujourd’hui en canine s’est déjà produit en rurale avec l’aliment et l’insémination, par exemple, et les vétérinaires ruraux ont toujours beaucoup de travail. Nous ne pouvons pas garder le monopole. La profession va évoluer, de nouvelles disciplines, comme les médecines complémentaires, nous sont ouvertes, et nous pouvons nous y engager. Je suis enthousiaste et curieuse quant à l’avenir de la profession. Je ne suis pas inquiète ; nous avons un train d’avance concernant les actes que nous sommes seuls capables de réaliser. Il faut les valoriser, comme le conseil et la prescription. Je pense d’ailleurs qu’il serait intéressant que les actes des professionnels non vétérinaires soient davantage réglementés. Ces changements sont une opportunité pour proposer de nouvelles choses, les vétérinaires ne manquent pas de travail, au contraire, dans un contexte où les propriétaires sont de plus en plus demandeurs, avec un lien de confiance, très fort, qui nous lie à eux. • Frédérique Tordo
LE DANGER, C’EST DE DÉLÉGUER DES ACTES
Pour les urgences à domicile, les actes réalisés, qu’ils soient médicaux ou chirurgicaux, sont tellement spécifiques que seuls des docteurs vétérinaires inscrits au tableau de l’Ordre peuvent les honorer. Dans le domaine de la régulation téléphonique, cela pourrait être inquiétant, mais nous sommes protégés par l’Ordre : la régulation étant un acte vétérinaire au sens strict, elle doit obligatoirement être réalisée par un vétérinaire inscrit au tableau. Je pense que le danger est de déléguer des actes vétérinaires à des paraprofessionnels, à des moments où nous accumulons trop de travail et où nous nous sentons débordés. Je pense notamment à l’insémination en bovine ou à la dentisterie en équine. Il faut valoriser au maximum nos actes, et dans la même logique ne pas les faire pratiquer par des auxiliaires spécialisés vétérinaires. Concernant l’ostéopathie, la profession aurait intérêt à la considérer comme une spécialité pour se protéger des ostéopathes non vétérinaires qui me semblent difficiles à réguler. • Hélène LÉtard