é valuation d’un traitement “faible dose” de pivalate de désoxycorticostérone - La Semaine Vétérinaire n° 1831 du 22/11/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1831 du 22/11/2019

ÉTUDE

PRATIQUE CANINE

Formation

Auteur(s) : TAREK BOUZOURAA  

L’hypocorticisme correspond à une perte de fonction surrénalienne à l’origine d’un déficit mixte en minéralocorticoïdes et glucocorticoïdes. Celui-ci peut être corrigé par l’administration de fludrocortisone aux effets principalement minéralocorticoïdes, mais malheureusement également glucocorticoïdes (prédisposant à un hypercorticisme iatrogène à moyenne ou longue échéance). Une solution alternative est l’injection de pivalate de désoxycorticostérone (DOCP) possédant une activité uniquement minéralocorticoïde. Il convient d’ajouter à cette molécule une administration journalière d’une dose contrôlée de prednisolone, évitant ainsi tout surdosage en glucocorticoïdes à terme. Le DOCP injectable possède cependant le désavantage d’être coûteux. Il est ainsi idéal d’en prescrire la dose injectable minimale efficace en espaçant au maximum sa fréquence d’administration. Une étude1 s’intéresse aux modalités de traitement avec un protocole “allégé”.

Une posologie 30 % inférieure à celle du fabricant…

L’étude a recruté 17 chiens atteints d’hypocorticisme âgés de 4 mois à 9 ans, entre mai 2016 et mars 2018. Douze chiens ont été d’emblée traités avec le DOCP, tandis que 5 sur 17 recevant initialement de la fludrocortisone ont reçu une transition vers le DOCP, principalement à cause des effets indésirables liés à une activité glucocorticoïde inappropriée de la fludrocortisone (polyuro-polydipsie, fonte musculaire notamment chez les grands gabarits et anomalies dermatologiques multiples). La dose de DOCP injectée au départ était de 1,5 mg/kg par voie sous-cutanée tous les 28 à 30 jours (contre 2,2 mg/kg tous les 25 à 28 jours selon les recommandations du fabriquant) avec un suivi clinique et du ionogramme à 14, puis 28 jours, et un ajustement des doses correspondant aux recommandations usuelles.

… et un espacement des injections

Les chiens ont été suivis durant une médiane d’environ 16 mois. Le traitement a bien été toléré, son administration confiée aux propriétaires dans tous les cas sauf pour un chien qui a dû voir son plan modifié pour des raisons liées à des contraintes personnelles (propriétaires incapables de réaliser les injections). Un chien est mort d’un syndrome de dilatation-torsion d’estomac sans lien évident avec son hypocorticisme, tandis que tous les autres étaient vivants et en bonne santé à la fin du protocole. Les doses de DOCP ont été réduites chez 15 chiens sur 17 à la première visite, puis 7 sur 17 à la seconde jusqu’à un minimum de 1,2 mg/kg. Pour 5 de ces 7 chiens, la durée entre chaque injection a été allongée jusqu’à atteindre 49 jours au maximum. Par ailleurs, les évaluations du ionogramme ont révélé l’existence d’une hypokaliémie et une tendance à l’hypernatrémie 14 jours après l’injection initiale, même chez les chiens recevant ce protocole “allégé”. Il est donc probable que les doses recommandées de 2,2 mg/kg soient trop importantes et possiblement génératrices d’un hyperaldostéronisme iatrogène pouvant devenir délétère, notamment à cause d’une tendance à l’hypertension et à ses désagréments à moyenne et longue échéances. La dose de DOCP a néanmoins du être réaugmentée après une diminution initiale en présence d’une évolution biologique inappropriée (tendance à l’hyperkaliémie, sans toutefois de signe clinique).

Ce protocole paraît plus simple d’usage avec une administration mensuelle plus facile à retenir, afin d’optimiser l’observance, et une satisfaction du propriétaire confirmée pour tous les cas inclus. Par ailleurs, ce protocole permet une économie non-négligeable allant jusqu’à 30 % du budget annuel (ce qui représente environ 230 € de produit pour un chien de 25 kg sans compter l’économie sur les visites de suivis moins fréquentes). L’une des limites principales de cette étude demeure le faible nombre de cas inclus.

1 Sieber-Ruckstuhl N. S., Reusch C. E., Hofer-Inteeworn N. et coll. Evaluation of a low-dose desoxycorticosterone pivalate treatment protocol for long-term management of dogs with primary hypoadrenocorticism. J. Vet. Intern. Med. 2019;33:1266-1279.