Épidémiosurveillance équine : 20 ans, le bel âge du Respe ! - La Semaine Vétérinaire n° 1831 du 22/11/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1831 du 22/11/2019

DOSSIER

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Le Réseau d’épidémiosurveillance en pathologie équine (Respe) fête ses 20 ans d’existence en 2019. Un bel anniversaire et l’occasion de retracer les grandes étapes qui ont présidé à la naissance de l’épidémiosurveillance équine, jusqu’à son succès actuel. Plusieurs piliers de ce réseau et experts reconnus dans le secteur de la santé équine s’associent également à l’événement en témoignant, pour La Semaine Vétérinaire, de leur engagement dans ce domaine.

La filière équine n’est pas à l’abri de la résurgence de maladies infectieuses ou encore de la flambée de foyers concernant des agents pathogènes signalés dans l’Hexagone. La filière s’est progressivement structurée ces dernières années pour faire face à ces risques qui ont des conséquences sanitaires, mais aussi économiques, tant les échanges de chevaux s’internationalisent. Dans ce cadre, le Réseau d’épidémiosurveillance en pathologie équine (Respe) s’est réorganisé pour s’adapter à la nouvelle donne sanitaire, sous la direction de notre consœur Christel Marcillaud-Pitel et la présidence de notre confrère Jean-Yves Gauchot.

Aujourd’hui, plus de 850 vétérinaires sentinelles font office de véritables antennes de veille lorsqu’un cas ou un foyer de maladie infectieuse se développe au sein d’une écurie, d’un centre équestre ou chez un propriétaire de chevaux. Les vétérinaires jouent en effet un rôle essentiel dans la gestion de ces affections.

Créé en 1999, le Respe a fait évoluer ses statuts en 2008 pour suivre les changements du contexte sanitaire de la filière. La crise de l’artérite virale, en 2007, avait servi de catalyseur en élargissant la problématique des risques sanitaires à toute la filière. La filière socioprofessionnelle du cheval a pris la mesure de l’importance du Respe ; en témoignent le développement des actions de l’association et la réunion des différentes facettes de la filière équine en son sein.

Les vétérinaires sentinelles, un maillon précieux

Les vétérinaires sentinelles du Respe constituent le premier maillon de la déclaration. Il existe une cellule de crise au sein du Respe, qui travaille lorsqu’un agent pathogène pose problème. La mise en place de cette cellule de crise du Respe regroupe toutes les instances, et permet de prendre les meilleures décisions possible et d’assurer une bonne communication lors d’épizootie. L’information est diffusée en temps réel auprès des vétérinaires, des instances officielles, des laboratoires et des socioprofessionnels.

Le Respe s’est structuré au fil des années en différents collèges qui participent activement au suivi des maladies équines et à la recherche, toujours dans l’objectif de répondre aux besoins de terrain (frise ci-dessus). Le Respe est un vivier potentiel d’études, en raison de la richesse des informations et des données dont il est susceptible de disposer.

Une dimension internationale

De nouveaux outils ont été développés par le Respe pour apporter réactivité et mise en réseau de toute la filière. Vigirespe, créé en 2011, recouvre une procédure de déclaration ouverte à tous les acteurs de la filière. Cet outil comporte deux volets, dont l’un est destiné aux socioprofessionnels. Le second, consultatif, offre la possibilité de disposer d’un accès à l’état sanitaire d’une zone donnée.

Le Respe a pris une dimension internationale. Il participe à l’organisation d’événements et de grands rassemblements, comme les jeux équestres mondiaux, qui ont eu lieu en Normandie en 2014, auxquels il a apporté son soutien.

FOCUS SUR DES MALADIES PRÉSENTES

ET DES MENACES

- Le premier collège du Respe existe depuis 1999 et concerne le syndrome respiratoire aigu. Outre la surveillance épidémiologique et la gestion des crises, les travaux de recherche permettent de faire évoluer les vaccins, de mieux connaître les virus et les lignées. En effet, quel que soit le virus identifié, le typage de la souche et le lignage offrent de précieuses données sur la virulence, l’origine (mutation ou non, importation d’un agent pathogène, etc.).

- 2007 : l’épisode d’artérite virale équine met en exergue l’intérêt d’une réactivité et d’une coordination fortes entre tous les acteurs de la filière équine. Jusque-là, de nombreuses infections par ce virus restaient peu ou pas symptomatiques. En 2007, la Normandie paie un lourd tribut lors de l’épisode estival. Plus de 200 chevaux ont été touchés, entraînant des pertes économiques considérables dans certaines structures. Grâce au Respe, les vétérinaires sentinelles sont accompagnés sur le terrain, grâce à la réactivité du laboratoire Frank Duncombe sur les analyses, au soutien à l’enquête et au conseil téléphonique. En outre, le typage de la souche est essentiel. L’intérêt du lignage prend ici toute sa mesure.
Plusieurs enseignements sont tirés de l’épisode estival d’artérite. La réactivité importante du réseau a permis de centraliser les données épidémiologiques. Face au problème initial de circulation de l’information, en raison de la grande diversité des interlocuteurs, le comité de suivi mis en place a apporté son aide. Le vétérinaire a été replacé au cœur du volet sanitaire et une bonne réaction des acteurs socioprofessionnels a été constatée.

- Une journée sur la peste équine est organisée au siège de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), en janvier 2016, par le Respe. Cette initiative témoigne de la préoccupation grandissante face à la menace que représente cette maladie vectorielle pour la filière équine en Europe. La France a connu la fièvre catarrhale ovine (FCO) chez les animaux de rente, elle ne souhaite pas subir la peste équine, maladie vectorielle, alors que l’évolution des conditions climatiques et les mouvements d’équidés (parfois illégaux) font toujours peser un risque de contamination. Il convient pour chaque vétérinaire d’être en mesure de reconnaître les signes cliniques d’une affection peu commune à ce jour en Europe. La France est en effet indemne de peste équine, mais les cas en Espagne en 1987 et en 1989 appellent à la vigilance.