ENTRETIEN
PRATIQUE MIXTE
L'ACTU
Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR MARINE NEVEUX
Quels souhaits formulez-vous pour l’avenir en matière d’organisation sanitaire ? Quelles sont vos craintes ?
La filière équine est une filière à risque d’un point de vue sanitaire du fait des mouvements fréquents des équidés aussi bien sur le territoire national qu’à l’étranger. Ces mouvements sont nécessaires à leur valorisation (en 2017, 120 000 épreuves de la Fédération française d’équitation (FFE) ont été organisées, rassemblant plus de 1,5 million de participants) et à la reproduction (en 2017, 80 % des 72 000 juments saillies ont été déplacées vers le haras de stationnement de l’étalon).
Peu d’événements sanitaires majeurs, récents ont cependant marqué durablement les esprits, ce qui représente une chance pour la filière mais contribue également à un manque de sensibilisation des détenteurs.
Les récentes épidémies de rhinopneumonie et de grippe, même si elles sont à déplorer, ont alerté la filière sur ces enjeux sanitaires et l’intérêt majeur des mesures de prévention. En 2018, l’épidémie de rhinopneumonie a coûté environ 4,5 millions d’euros à la filière sport. La prévention des maladies infectieuses est également le thème retenu pour la première session de la visite sanitaire obligatoire.
En France, nous disposons d’une base de données centralisée, le Système d’information relatif aux équidés (Sire), qui regroupe des données sur les équidés, les propriétaires et les détenteurs. La traçabilité sanitaire est indispensable à la surveillance épidémiologique des maladies et à la gestion des crises sanitaires. En 2021, la loi santé animale rendra obligatoire l’enregistrement, pour l’ensemble des équidés, de leurs lieux de détention habituel, améliorant la traçabilité sanitaire.
Grâce à plusieurs dispositifs de surveillance des maladies infectieuses, et notamment le Respe, celle-ci est satisfaisante même si elle est perfectible. Cependant, les données sanitaires sont enregistrées dans diverses bases de données, ce qui empêche leur consolidation et leur analyse épidémiologique globale. Le défaut de croisement avec des données démographiques ne permet pas de les exploiter de manière optimale. Leur centralisation est donc un enjeu capital pour l’avenir.
Un risque majeur pour la filière est l’introduction de la peste équine, qui aurait des conséquences dévastatrices. En 2016, le Respe a ainsi organisé une journée consacrée à cette affection afin de sensibiliser les vétérinaires. Cette sensibilisation doit se poursuivre pour une réaction rapide en cas d’émergence de la maladie.
De quelle façon collaborent l’ Institut français du cheval et de l’équitation ( IFCE) et le Respe ?
Le Respe est un interlocuteur privilégié de l’IFCE dans le cadre de l’expertise sanitaire. Les experts du Respe ont été, par exemple, sollicités lors de la fermeture du marché japonais aux équidés de trait à la suite des problématiques de diagnostic de la piroplasmose. De la même façon, l’Ifce participe au comité scientifique du Respe et aux cellules de crise mises en place lors d’événements sanitaires. La gestion des cas de dangers sanitaires de 2e catégorie (artérite virale, métrite contagieuse) associe le plus souvent le Respe et l’IFCE.
L’IFCE, en tant qu’institut technique agricole, a aussi pour mission de diffuser les connaissances et bonnes pratiques auprès de la filière équine. Dans ce cadre, les experts du Respe réalisent une fois par mois des webconférences organisées par l’IFCE. Un flyer sur la prévention sanitaire lors des manifestations équestres est en cours de rédaction.
Depuis la monte 2018, le Respe valorise, via un bilan mensuel, les données de résultats d’analyse des maladies de la monte, enregistrées dans la base Sire.
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