« Le Respe est devenu un système d’alerte performant et un véritable outil d’aide sanitaire pour la filière » - La Semaine Vétérinaire n° 1831 du 22/11/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1831 du 22/11/2019

ENTRETIEN

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR MARINE NEVEUX  

Quels sont les enjeux sanitaires majeurs auxquels vous êtes confronté aujourd’hui ?

Les enjeux sanitaires dans la filière équine sont bien particuliers, car ils sont liés à l’extrême mobilité du cheval. Un étalon peut enchaîner dans la même année une saison de monte en France, durant laquelle il va éventuellement saillir des juments venant d’Angleterre, d’Irlande ou d’Allemagne, puis une saison en Australie. Un cheval de sport de haut niveau pourra réellement faire un tour du monde durant son année de concours internationaux. Il en est de même pour les chevaux de course : le Japon, Hongkong, Dubai, les États-Unis, etc. Au-delà du risque latent de ces échanges internationaux, le praticien est confronté à un risque quotidien d’épizooties dues à des maladies déjà anciennes mais toujours présentes : la grippe équine, la gourme ou la myéloencéphalopathie à herpèsvirus, par exemple. Ensuite, la gestion des résistances, tant celle des helminthes aux antiparasitaires que la problématique des bactéries multirésistantes, impacte et impactera fortement notre pratique actuelle et à venir. Et pour finir, il existe la menace sourde des maladies émergentes, renforcée par le processus de réchauffement climatique ; je pense à la fièvre du West Nile ou à la peste équine.

Quels intérêts percevez-vous à l’organisation d’un réseau comme le Respe ?

L’intérêt majeur du Respe pour la filière, les praticiens et, in fine, le cheval n’est plus à prouver. Réseau d’épidémiosurveillance unique et novateur dans le monde lors de sa création, il est devenu un système d’alerte performant et un véritable outil d’aide sanitaire pour la filière, tant pour la gestion de crise que pour le soutien, l’information et la formation de ses acteurs au quotidien.

Le Respe n’a cessé d’élargir ses domaines de compétence et d’intervention. Et c’est aussi un formidable levier pour la recherche dans le domaine de l’épidémiologie et des maladies infectieuses équines.

Quelles concrétisations souhaiteriez-vous à l’avenir pour répondre aux enjeux sanitaires dans la filière équine ?

Concrètement, il ne faut pas oublier le rôle de la vaccination dans la gestion du risque infectieux. La filière équine a besoin de vaccins toujours plus efficaces et adaptés. Le meilleur exemple est la gourme, qui est une maladie bien présente ; il n’existe toujours pas de vaccin réellement performant pour gérer cette maladie. La recherche et les laboratoires doivent continuer à développer des outils diagnostiques sensibles et rapides, car ils constituent la base de la gestion et de la prévention des épizooties. La mission du Respe est de participer au développement de ces outils et de favoriser leur utilisation par la formation. Il est important que le réseau poursuive son parcours de progrès, sans jamais se détacher des vétérinaires praticiens, car ce sont eux qui sont sur le terrain, les acteurs, les relais et les utilisateurs du réseau.