« Le Respe est l’une des pièces majeures du dispositif qui permet à la France de préserver un bon niveau sanitaire » - La Semaine Vétérinaire n° 1831 du 22/11/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1831 du 22/11/2019

ENTRETIEN

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR MARINE NEVEUX  

Quels sont les enjeux sanitaires majeurs auxquels vous êtes confronté ?

Aujourd’hui, nous disposons d’un suivi clair des galopeurs, à l’élevage, à l’entraînement, en compétition. Même si les galopeurs sont assez séparés des autres disciplines équestres, ils évoluent dans un complexe national et international qu’il faut prendre en compte. Il n’existe pas d’îlot sanitaire protégé, car les personnes et les chevaux voyagent, passent d’une discipline à l’autre et le niveau sanitaire est variable d’un pays à l’autre.

L’épizootie de grippe équine de 2019 dans le galop a pour origine deux chevaux de chasse à courre qui étaient hébergés à Lamorlaye (Oise) à proximité de chevaux de course. Cet exemple témoigne de la nécessité d’une surveillance globale pour essayer d’anticiper les risques.

Afin de toujours mieux contrôler le risque sanitaire, nous sommes en train de rendre obligatoire la vaccination contre la grippe et la rhinopneumonie à partir de l’âge de 6 mois et avant celui de 1 an pour les pur-sang et AQPS1. Nous menons aussi des actions au niveau européen. Nous percevons bien les bénéfices d’une bonne couverture vaccinale. Notre point faible réside dans les chevaux de sport et de loisirs dont le statut sanitaire est très hétérogène.

Quels intérêts percevez-vous à l’organisation d’un réseau comme le Respe ?

Le Respe est l’une des pièces majeures du dispositif qui permet à la France de préserver un bon niveau sanitaire. Notre pays est un carrefour, il doit donc disposer d’un niveau de protection plus évolué pour gérer le risque provenant de pays limitrophes.

Le Respe permet de disposer de tous les indicateurs sanitaires de l’Hexagone et de l’Europe occidentale. Nous évaluons quotidiennement les déclarations du réseau et le bruit de fond habituel afin de détecter d’éventuels signes de risque.

Le Respe a créé l’outil de déclaration Vigirespe, qui offre une veille réactive. Les mesures que l’on prend précocement sont un atout.

Lors de cas de rhinopneumonie en 2018, nous avons réussi, avec le vétérinaire et l’entraîneur, à confiner tous les chevaux touchés dans un seul barn. Avec des mesures adaptées, les autres chevaux de l’écurie ont pu continuer à être entraînés et à courir. Notre optique est d’arriver à contrôler la situation avec le maintien de l’activité économique sans faire courir de risques aux autres chevaux. Lorsqu’une crise sanitaire est bien gérée, elle dure moins longtemps.

Autre exemple : les Anglais ont subi un impact financier très important de l’épizootie de grippe cette année. En France, les courses n’ont pas été interrompues, nous avons réussi à gérer la maladie en limitant les problèmes économiques et en confinant la maladie aux zones où elle était apparue.

Nous entretenons avec les professionnels de la filière des rapports d’aide, de conseil en matière sanitaire, nous prenons en charge un certain nombre d’analyses. Nous cherchons à préserver le tissu économique, nos interventions permettent aux professionnels de revenir plus rapidement à une activité normale.

Quelles concrétisations souhaiteriez-vous à l’avenir pour répondre à de nouveaux enjeux sanitaires ?

L’État devait élaborer un décret sur les réseaux sanitaires permettant de structurer le Respe et les organismes travaillant autour du sanitaire (IFCE, Anses2, etc.). Cela permettrait de sortir du flou actuel et de disposer de financements. Nous avons besoin d’une organisation très claire et d’une structure reconnue comme réseau sanitaire. Ce système est financé par la filière et par les collectivités locales, il est donc peu onéreux pour l’État ; nous souhaitons que cette organisation soit mieux structurée juridiquement pour en assurer la pérennité.

1 Autres que pur-sang.

2 Institut français du cheval et de l’équitation, Agence nationale de sécurité sanitaire.