Des singes animés

Après le délicat Louise en hiver ¹, Jean-François Laguionie, digne artisan de l’animation hexagonale depuis 50 ans, s’inspire ici de son Château des singes qui, en 1999, racontait la rencontre de deux mondes singes (très humains). Il y ressuscite le prince Laurent, disparu sous les glaces dans le premier opus. Narrateur du récit, on le retrouve échoué sur un rivage inconnu où, recueilli par Tom, un jeune simien, il est ramené dans un muséum à l’abandon où vit isolé un couple de scientifiques qui le soignent et l’étudient dans l’espoir que leur découverte les réhabilitera auprès de leurs pairs qui refusent l’existence d’autres peuples. Grâce à la complicité de Tom, le convalescent explore avec curiosité cette société de singes bipèdes (ils se dénomment eux-mêmes Simiens sapiens) qui rappelle les débuts de notre ère industrielle, est dirigée par une élite scientifique ignorante et imbue d’elle-même (l’Académie) et dont le conformisme, la xénophobie, la culture de la peur ou l’obsolescence programmée nous sont familiers. Après des péripéties, le prince et Tom quittent cette ville sclérosée, rongée par la forêt qui la cerne et, grimpant sur la canopée, sont accueillis par une colonie alternative et contemplative, clin d’œil amusé à nos communautés écolos. Si l’allégorie est simple, elle réunit toutes les subtilités pour séduire le jeune public et l’interpeller. On y reconnaît la poésie, le raffinement du détail, l’élégance et l’authenticité des animations dont on se souvient.
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¹ Voir La Semaine Vétérinaire n° 1696 du 18/11/2016, page 55.

Le voyage du Prince de Jean-François Laguionie et Xavier Picard, France/Luxembourg, 1 h 16, sortie le 4 décembre.