EUROPE
ACTU
Auteur(s) : KARIN DE LANGE
« Notre profession est petite et nous ne pouvons réussir que si nous choisissons nos priorités en collaborant avec nos membres et avec d'autres parties prenantes » , a rappelé le président de la Fédération des vétérinaires d'Europe (FVE), Rens van Dobbenburgh, lors de son discours d'ouverture à l’assemblée générale de la FVE, qui s’est tenue à Bruxelles les 8 et 9 novembre. Propos bien illustrés par les débats et les présentations qui ont animé ces journées.
Au Royaume-Uni, les étudiants vétérinaires sont blancs à 96,9 %, des femmes à 80 % et issus de milieux privilégiés à 24 % », a déclaré Daniella Dos Santos, présidente de la British Veterinary Association (BVA). « Cela ne reflète pas notre société. Il y a un réel besoin de plus de diversité et d’inclusion dans notre profession. » Elle a aussi observé un grave problème de recrutement et de maintenance au travail, avec 37 % des diplômés souhaitant quitter la profession. « Être valorisé, avoir le sentiment d’être bien intégré et avoir des modèles à suivre sont essentiels. »
Une enquête récente menée par la BVA a montré qu’un vétérinaire sur quatre a été témoin ou victime de discrimination sur la base du genre, de la sexualité, de l’origine ethnique, mais également de l’âge ou de la grossesse. Cependant, seulement 37 % l’ont signalé et 1 % de ceux-ci trouvait que leur plainte avait été gérée de manière satisfaisante. Elle a ensuite décrit plusieurs initiatives de la BVA, telles que des groupes de soutien et des modèles. Il existe maintenant une association vétérinaire britannique LGBT+, une société vétérinaire “ethnicité et diversité” et une société pour les collègues atteints de maladie chronique.
« Avec environ 4 200 spécialistes vétérinaires européens et une population vétérinaire de 309 144 personnes en Europe, les spécialistes ne représentent que 1,4 % de la population vétérinaire », a déclaré Lidewij Wiersma, directrice exécutive de l’European Board of Veterinary Specialisation (EBVS), l’organisation fédérant les collèges de spécialistes européens. « Beaucoup plus de spécialistes sont nécessaires », a-t-elle déclaré. En revanche, « le système actuel est trop rigide et nous passons à côté de nombreux spécialistes potentiels » et elle a annoncé que l’EBVS s’intéressait donc aux voies flexibles, aux résidences modulaires, à la supervision à distance et aux examens numériques pour accéder au statut de spécialiste. Les programmes approuvés par la Veterinary Continuous Education in Europe (VetCEE) pourraient également servir comme tremplin vers le statut de spécialiste.
Concernant le bien-être animal, l’assemblée générale a adopté à l’unanimité la prise de position sur la coupe de queue des porcelets. Le document de 6 pages recommande des visites sanitaires et la gestion de facteurs tels que l’enrichissement environnemental, la densité animale, l’ambiance climatique de la stabulation et la prédisposition génétique.
Allan Muir, de l’Association européenne des zoos et aquariums (EAZA), a plaidé pour la condition des animaux de zoo. S’exprimant lors de l’assemblée générale de l’Union européenne des vétérinaires praticiens (UEVP), le 7 novembre, il a indiqué que, bien que la directive 1999/22/EC sur les parcs zoologiques de l’UE soit « bien adaptée » à son objectif, elle est appliquée de manière « incohérente » selon les États membres. « C’est pourquoi nous avons élaboré un manuel sur les bonnes pratiques à l’intention des inspecteurs de zoo. » Le document détaillé de 80 pages est disponible en huit langues. Il a ajouté que, bien que les 410 membres accrédités de l’EAZA aient adhéré à ses normes élevées, la grande majorité des zoos ne l’ont pas fait. « Nous ne savons même pas combien il y a de zoos en Europe – notre estimation approximative est de 5 000 à 6 000 – , car il n’existe actuellement aucun registre central de l’UE pour les zoos, et les licences sont souvent fournies au niveau régional. »
« En tant que profession, nous devons changer de mentalité, évoluer d’une approche curative vers une approche préventive et le soutien du bien-être animal », a souligné Johanna Fink-Gremmels (université d’Utrecht, au Pays-Bas) lors de la session sur les solutions alternatives aux antibiotiques de la réunion de l’UEVP. Elle a ajouté qu’une bonne santé intestinale est responsable de 60 à 70 % de la défense immunitaire. « En améliorant la résilience de l’animal, nous pouvons réduire le besoin d’antibiotiques. »
Alors que les produits vétérinaires à base de plantes tels que les huiles essentielles et les extraits végétaux peuvent constituer une alternative intéressante pour aider à réduire l’usage d’antibiotiques, la plupart ne disposent pas d’autorisation de mise sur le marché ni de limites maximales de résidus, a noté Laure Baduel, responsable de l’évaluation des médicaments à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). « Il n’y a donc aucune garantie de la qualité et de la sécurité du produit pour l’animal ou le consommateur. » Elle a plaidé pour la mise en place d’un système européen simplifié d’enregistrement et d’autorisation de mise sur le marché pour les préparations à base de plantes.
Christophe Buhot (France), ancien président de la Fédération vétérinaire européenne (FVE), a présenté les résultats du projet Vetfuturs France, ainsi qu’un projet pilote français visant à accroître le nombre de jeunes vétérinaires se dirigeant vers la pratique rurale.
Marc Veilly (France), président du groupe de travail sur les organismes statutaires, a présenté la mise à jour du Code de déontologie vétérinaire, adopté en juin dernier.
L’assemblée a également entendu des présentations diverses (épidémie de maladie digestive chez des chiens en Norvège, One Health et agriculture de précision) et des comptes rendus des différents groupes de travail (médicaments, bien-être animal, organismes statutaires) et des sections de la FVE (praticiens, vétérinaires d’État, vétérinaires hygiénistes et de l’éducation, de la recherche et de l’industrie).
La prochaine assemblée générale de la FVE se tiendra à Londres, les 5 et 6 juin 2020 («
… en espérant qu’on ne se sera toujours pas séparés », souhaite l’organisateur britannique).
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