INFECTIOLOGIE
PRATIQUE CANINE
L'ACTU
Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR TANIT HALFON
Lors d’épisode de recrudescence avérée ou non de la parvovirose canine se pose la question du suivi de la vaccination par les propriétaires, mais aussi du respect des bonnes pratiques vaccinales. Les conseils de notre confrère Michel Pépin, enseignant-chercheur à VetAgro Sup.
Alors que des cas de parvovirose canine ont été signalés dans le Sud de la France (Vaucluse), Michel Pépin, enseignant-chercheur en immunologie et virologie médicales à VetAgro Sup et consultant en médecine préventive, refait le point sur les connaissances de la maladie. Il souligne particulièrement l’importance de la primovaccination pour les propriétaires de chiens.
Non ou si peu, car aucune équipe de recherche ne travaille spécifiquement en France sur le virus de la parvovirose canine, le CPV-2. Cette absence de données s’explique aussi par la vaccination généralisée des chiens qui a permis de diminuer considérablement l’incidence de la maladie et, en conséquence, l’intérêt de vacciner par les propriétaires. Ceci dit, il n’est pas rare dans notre laboratoire1 de recevoir des échantillons de fèces positifs pour le CPV-2. Les trois variants 2a, 2b et 2c cocirculent, mais avec une prépondérance des CPV-2b et 2c. Pour autant, il existe des disparités au niveau local en matière de répartition des variants. Récemment, dans des études réalisées en Chine, en Inde ou en Colombie, l’identification de variants mineurs, caractérisés par des modifications de quelques acides aminés au niveau de la capside virale pose la question de l’adéquation des vaccins actuels face à ces variants.
En théorie, oui. Jusqu’à présent, il est admis que les vaccins disponibles sur le marché permettent une très bonne protection contre les trois variants 2a, 2b et 2c. Cependant, une méta-analyse de 2016 avait montré que les études d’efficacité par les vaccins actuels n’apportaient pas de preuves évidentes d’une protection identique contre les trois variants. Ceci explique que, dans les publications où sont décrits de nouveaux variants, la question de l’efficacité de la vaccination est posée à chaque fois, sans apporter de réponse formelle. Lors de recrudescence de cas de parvovirose, s’il est important d’identifier les souches en cause, il est aussi indispensable de se pencher sur les conditions de la vaccination. En particulier, des cas de parvovirose sont régulièrement rapportés chez des jeunes chiens non vaccinés ou dont la primovaccination était incomplète en raison surtout de la persistance des anticorps maternels.
Si, au départ, on pensait que le variant CPV-2c pouvait présenter un pouvoir pathogène supérieur aux autres, il s’avère qu’il n’y a pas ou peu de différence dans l’expression clinique entre variants. Aucun déterminant supplémentaire de virulence n’a été identifié.
Non, elle est plus liée à la charge virale des fèces. Les tests rapides actuels présentent une valeur prédictive positive plutôt bonne ; en revanche, la valeur prédictive négative est moyenne, de l’ordre de 60 %. Aussi, face à un tableau clinique évocateur et à un résultat négatif, il est indispensable d’avoir recours à une analyse par polymerase chain reaction en temps réel.
En ce qui concerne le traitement, rien n’a vraiment évolué. En revanche, pour la prévention et la primovaccination en particulier, il est important de respecter les recommandations internationales. Le protocole consiste en trois injections lors de la primovaccination, réalisées à 8, 12 et 16 semaines, puis un rappel 6 à 12 mois après, ceci afin de s’affranchir des anticorps maternels qui peuvent neutraliser le virus vaccinal. Pour la suite, la préconisation actuelle est une injection de rappel à faire tous les 3 ans, même si l’on sait que la durée de l’immunité induite par les vaccins à virus atténué actuels peut être supérieure à 3 ans. Dans cet esprit, la pratique qui consiste à doser par des tests rapides les anticorps dirigés contre le virus de la parvovirose, mais aussi contre les virus de la maladie de Carré et de l’hépatite de Rubarth est appelée sûrement à se développer pour espacer les rappels.
Le chat peut être infecté par tous les variants du parvovirus du chien. Dans ce cas, l’expression de la maladie est souvent asymptomatique, avec un pronostic plutôt favorable. Une étude de 2010 avait ainsi montré que chez le chat, 95 % des cas de parvovirose étaient dus au virus félin, et 5 % au virus canin. Chez le chat, la parvovirose est marquée par moins de gastro-entérites hémorragiques que chez le chien, et plus par de la léthargie, de l’anorexie et de la fièvre, soit un état de “tuphos” ou sidération (à l’origine du terme “typhus”), avec une mortalité d’environ 50 %. En revanche, les modalités de traitement et de prévention par la vaccination diffèrent peu entre le chien et le chat. Ainsi, les mêmes recommandations faites pour la vaccination du chien s’appliquent au chat. Fait intéressant, une étude a suggéré que ce dernier pourrait être un des réservoirs du parvovirus canin, en particulier dans les communautés de chats, qui contribueraient à la contamination du milieu environnant compte tenu de l’extrême résistance des parvovirus.
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1 Michel Pépin est le directeur du laboratoire vétérinaire départemental du Rhône (LVD 69) : bit.ly/2KJAiOB.