Les croquettes aux insectes, une révolution écologique et nutritionnelle ? - La Semaine Vétérinaire n° 1833 du 06/12/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1833 du 06/12/2019

TENDANCE

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : CHARLOTTE DEVAUX  

À condition qu’elles soient choisies de bonne qualité, les farines à base d’insectes peuvent être une alternative pertinente pour la préparation de croquettes. Un marché promis à se développer.

Face à la prise de conscience des problèmes environnementaux générés par les sources de protéines comme la viande ou le poisson, les solutions alternatives sont désormais à l’honneur. La plus récente et intéressante d’un point de vue nutritionnel se trouve du côté des insectes.

Un impact écologique prometteur

Les produits à base d’insectes permettent de générer des protéines de manière durable, avec un faible encombrement. Certaines espèces d’insectes peuvent être cultivées sur des sous-produits organiques de faible valeur, les transformant en ingrédients de haute qualité, fondement même du principe de l’économie circulaire. Cependant, actuellement, la réglementation européenne n’autorise pas l’élevage d’insectes sur des déchets de table et/ou d’anciennes denrées alimentaires non transformées contenant de la viande ou du poisson, ce qui diminue l’aspect écologique et augmente le coût de production.

Toutes les farines d’insectes ne se valent pas

La valeur nutritionnelle est variable en fonction de l’espèce d’insecte, de son âge, de son stade métamorphique et du substrat d’élevage. De plus, la technologie de traitement (séchage, traitements thermiques, méthodes d’extraction des lipides) utilisée pour obtenir des protéines animales dérivées d’insectes peut également affecter considérablement la biodisponibilité des nutriments. Une bonne farine d’insectes est riche en protéines biodisponibles de haute qualité. Les insectes fournissent également des lipides, des vitamines et des minéraux tels que la B12, le fer ou le zinc, généralement déficients ou peu disponibles dans les sources de protéines végétales. Les espèces d’insectes les plus étudiées et les plus prometteuses d’un point de vue nutritionnel sont la mouche soldat noire (Hermetia illucens), la mouche domestique (Musca domestica) et le ver de farine jaune (Tenebrio molitor).

Évaluer une croquette à base d’insectes

Qu’elle soit à base d’insectes, de viande ou de protéines végétales, une croquette s’évalue de la même façon, à partir des informations que fournit sa liste d’ingrédients. Les croquettes à base d’insectes disponibles sur Internet suivent les tendances actuelles du “sans” : “sans céréales”, “sans sous-produits animaux”, “sans OGM1”, “sans huile de palme”, “sans conservateurs”… Cette mode du sans céréales implique d’utiliser d’autres sources d’amidon, avec parfois des risques nutritionnels. Ainsi, les légumineuses peuvent être responsables d’intolérance digestive et sont mises en cause dans l’apparition de cardiomyopathie dilatée dans des races non prédisposées. La patate douce, quant à elle, est souvent prisée, mais sa richesse en acide oxalique précurseur d’oxalate est aussi un inconvénient. Même si les preuves de leur nocivité ne sont pas encore établies, la prudence recommanderait d’éviter ces sources d’amidon sur lesquelles il y a peu de recul. Comme pour toute croquette, la teneur en phosphore est à considérer. Avec des farines de bonne qualité, les recommandations2 de 0,5 à 0,8 % de phosphore sur la matière sèche peuvent être respectées. Le dernier élément à vérifier est le rapport oméga 6/oméga 3, qui devrait être inférieur à 5.

1 Organisme génétiquement modifié.

2 D’après Michael S. Hand et coll. « Small Animal Clinical Nutrition, 5th Edition ». Mark Morris Associate.