CAS CLINIQUE
PRATIQUE CANINE
Formation
Anamnèse et examen clinique
Un lapin mâle entier de 3 mois est présenté pour une boiterie du membre antérieur gauche évoluant depuis 24 heures. Son état général est bon, l’appétit et le transit sont conservés. L’examen orthopédique indique une boiterie de grade 5/5 à l’antérieur gauche. La palpation et l’extension du membre révèlent une douleur au niveau du coude. Une fracture, une luxation ou une contusion musculaire sont suspectées. Des radiographies sont réalisées sous anesthésie générale. Une luxation caudale de l’articulation du coude est observée (photo 1). La réduction manuelle reste infructueuse. Un traitement chirurgical est donc décidé.
Chirurgie
Une prémédication à base de morphine (1 mg/kg), médétomidine (20 µg/kg) et midazolam (0,5 mg/kg) est administrée par voie intramusculaire (IM). Un cathéter 26 G est posé pour permettre une fluidothérapie (Ringer lactate, 10 ml/kg/h). Un relais anesthésique à 2 % d’isoflurane et 1 l/min d’oxygène au masque est mis en place. Une incision cutanée de 1 cm est pratiquée, dans l’axe du radius-ulna, sous la tubérosité de l’olécrane. Une dissection mousse permet de séparer la peau des fascias. Le coude est maintenu en flexion et une broche non filetée de 0,8 mm est insérée perpendiculairement à la surface caudale de l’olécrane, puis poussée dans le fût huméral. Une radiologie de contrôle permet de s’assurer du placement correct de la broche et de la réduction de la luxation (photo 2). La peau est suturée par des points simples avec un monofilament 4-0 et un bandage de Robert-Jones est mis en place.
Suivi
Durant la phase de réveil, le lapin est placé en couveuse. Un traitement antibiotique à base de pénicilline procaïne est instauré (90 000 UI/kg IM). L’analgésie est gérée avec de la morphine (1 mg/kg, par voie sous-cutanée [SC], toutes les 4 heures), puis avec de la buprénorphine (60 µg/kg SC, toutes les 12 heures) et du méloxicam (1 mg/kg SC, une fois par jour). Le transit reprend quelques heures après la chirurgie. L’animal est rendu à son propriétaire avec une poursuite des anti-inflammatoires durant 5 jours et des injections de pénicilline tous les 5 jours. Un repos strict est recommandé. Deux semaines plus tard, l’état général du lapin est bon et il pose l’antérieur gauche. La radiographie de contrôle montre une bonne coaptation du coude. La broche est retirée sous anesthésie. Plusieurs mois après, aucune récidive n’est rapportée.
Le lapin possède une articulation du coude différente du chien et du chat. En effet, sa stabilité latérale est permise grâce à la présence de crêtes sagittales sur les épicondyles de l’humérus, l’aponévrose du biceps brachial et une insertion du ligament collatéral particulière. Chez les lapins, la luxation caudale du coude est la plus fréquente. L’origine est généralement traumatique. Une réduction de la luxation, suivie d’une immobilisation peut s’avérer curative. Mais elle reste difficile à mettre en place et ne permet pas toujours de stabiliser correctement l’articulation. Une réduction chirurgicale à l’aide de fixateurs externes de l’humérus au radius distal est possible. Cependant, cette technique présente des risques de fracture iatrogène, car la corticale des os du lapin est très fine. Une autre technique décrite est la mise en place de sutures en U simple, ou sutures “isométriques”, en face médiale et latérale. Une dernière technique consiste à forer des tunnels transcondyliens, transradiaux et transulnaires de la face latérale à la face médiale, puis de placer des sutures pour relier les espaces. La technique utilisée dans ce cas permet une réduction rapide et efficace de la luxation, en étant moins traumatisante que celles décrites ci-dessus.
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