ENTREPRISE
PRATIQUE CANINE
L'ACTU
Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR TANIT HALFON
Opportunité économique pour les structures vétérinaires, développer la médecine féline apparaît comme un besoin vital dans les centres urbains à forte densité de population.
Philippe Baralon, consultant en practice management chez Phylum dont il est un des associés, fait le point sur le marché de l’activité féline pour la profession vétérinaire. Monter en compétences et adapter les locaux sont pour lui les deux principaux leviers à mobiliser pour développer la médecine féline dans sa structure.
Philippe Baralon : En matière de médicalisation, la population féline est très hétérogène, avec certains chats très médicalisés quand d’autres le sont beaucoup moins. La principale raison est qu’il est plus compliqué pour un propriétaire d’amener un chat plutôt qu’un chien. Le chat, de plus, est connu pour “cacher” ses symptômes, retardant la consultation vétérinaire, et donc le nombre de soins possibles. Précisons que le taux de possession d’un animal n’est pas un paramètre suffisant pour évaluer la potentialité d’un marché. Par exemple, en Suède, malgré un nombre plus faible d’animaux de compagnie, les dépenses vétérinaires sont plus importantes.
Améliorer l’expérience client passe avant tout par une équipe compétente, qui doit maîtriser les spécificités relatives au chat, que ce soit pour la contention, le diagnostic ou le traitement. Adapter ses locaux est le deuxième axe à travailler ; deux stratégies sont possibles. Le vétérinaire peut faire le choix d’une clinique qui se consacre uniquement à l’activité féline, mais cela implique en général une création de structure et des investissements importants. C’est, par ailleurs, davantage indiqué pour les grandes agglomérations de plus de 250 000 habitants. L’autre possibilité est d’adapter sa clinique mixte “chien-chat”, au niveau de l’espace d’attente, des salles de consultation mais aussi de l’hospitalisation. Par exemple, l’idéal est d’avoir une salle de consultation réservée au chat pour éviter toute imprégnation olfactive stressante pour l’animal. De la même manière, une chatterie à disposition est préférable, tout en respectant les recommandations classiques : éviter les vis-à-vis, réduire les équipements en métal, installer un espace pour que l’animal puisse se cacher et se percher… À ces deux volets – équipe et locaux – prioritaires s’ajoutent d’autres points sur lesquels il convient de s’améliorer, comme la mise en place de protocoles spécifiques de soins, la sélection de gammes adaptées de produits, notamment pour faciliter l’observance des traitements, ou encore la création d’éléments de communication se rapportant au félin. Le propriétaire d’un chat a besoin d’être rassuré sur le fait qu’une clinique tient compte des spécificités de son animal. De manière générale, l’effort principal est à accomplir par la médecine préventive, essentielle pour l’activité féline. Dans ce cadre, la stérilisation apparaît comme une voie d’entrée majeure et il convient de le prendre davantage en compte.
Une fois un animal médicalisé, il n’y a aucune limite financière spécifique aux propriétaires de chat. Aujourd’hui, ils sont prêts à dépenser autant, voire davantage, qu’un propriétaire de chien, et on sait que les marges brutes dégagées sont aussi élevées qu’avec un chien. Pour autant, la profitabilité reste liée à l’offre, et cette dernière n’est pas toujours pertinente.
C’est possible et souhaitable. Il s’agit d’une opportunité économique forte et il serait dommage de s’en passer, que ce soit en zones rurales ou en zones urbaines. En revanche, dans les grands centres urbains à forte densité de population, caractérisés par un taux de possession en chiens en baisse, développer cette activité est devenue vital.
Non, tant en matière d’offres qu’en nombre de cliniques qui se consacrent à l’activité féline, la France figure dans une bonne moyenne européenne, et cela fait longtemps, par exemple, que des formations continues sont proposées à ce sujet. Je dirais plutôt que l’on peut observer du retard dans certaines cliniques. Mais, comme la France représente le deuxième marché européen pour la médecine pour animaux de compagnie, il est certain que l’on peut faire encore mieux.
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1 Menées par la Fédération des fabricants d’aliments préparés pour chiens, chats, oiseaux et autres animaux familiers (Facco) et Kantar TNS.