MALADIE RÉGLEMENTÉE
PRATIQUE MIXTE
L'ACTU
Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE
Alors que dans le département de la Dordogne les moyens de lutte et de prévention contre la tuberculose bovine commencent à porter leurs fruits, le comité de pilotage du dispositif départemental de surveillance, d’assainissement et prévention de la tuberculose bovine (COPIL) vient d’annoncer un renforcement des mesures pour la prochaine campagne de prophylaxie 2019-2020.
L’échange parcellaire pour lutter contre la tuberculose bovine. » Voici l’une des mesures novatrices qui devrait être expérimentée en Dordogne lors de la campagne de prophylaxie 2019-2020 qui vient de débuter. Franck Martin, chef du service santé protection animales de la DDCSPP 241, espère ainsi un progrès car, si la France est considérée officiellement indemne de la maladie, la situation épidémiologique est préoccupante en Dordogne depuis plusieurs années. Comme annoncé lors de la dernière réunion du comité de pilotage du dispositif départemental de surveillance, d’assainissement et de prévention de la tuberculose bovine (COPIL)2, qui s’est tenue le 13 novembre, « le niveau de prévalence intracheptel, témoin de la circulation bactérienne dans les élevages, est resté en 2019, comme les deux années précédentes, supérieur à 1 % (1,65 %). » 3
Toutefois, la situation s’améliore. Ainsi, comme l’a noté Franck Martin, « en dépit d’une pression de dépistage en nette augmentation par rapport à la précédente campagne : + 45 % de bovins soumis au test d’intradermotuberculination comparative, soit une assiette de dépistage de 120 000 bovins (au lieu de 95 000 en 2017), le nombre de foyers mis en évidence l’année passée à la même époque était sensiblement supérieur (respectivement 31 et 30 foyers en 2017 et 2018). » Cette année, avec 19 foyers (dont sept dans des exploitations ayant un lien épidémiologique avec un foyer de tuberculose, dix dans le cadre de la surveillance prophylactique habituelle et un découvert à l’abattoir), la Dordogne se classe d’ailleurs derrière les Pyrénées-Atlantiques, qui dénombrent 23 foyers. Ce résultat est jugé « encourageant » par le chef de service, même si, parmi ces “nouveaux” foyers périgourdins, plusieurs sont des récidives d’élevages anciennement infectés.
C’est la raison pour laquelle, pour compléter le plan de lutte contre la tuberculose bovine 2017-20224, des mesures d’assainissement et de biosécurité avaient déjà été mises en place cette année (plan d’action 20195) (encadré page 36). Et ces dernières seront encore renforcées pour la campagne de prophylaxie 2019-2020 (encadré ci-contre). « La campagne à venir sera aussi sous très haute surveillance, on ne va pas crier victoire trop vite ! précise Franck Martin. Pour que cette situation perdure, le suivi des taux de déclaration, qui a diminué de 12 % cette année, passant de 0,47 % de déclarations à 0,4 %, est un point de vigilance. La surveillance, premier des piliers de la lutte, doit être la plus exhaustive et homogène possible. » L’objectif final est que la prévalence soit minimale au 31 décembre 2019 avec « seulement 5 à 7 cheptels en cours d’assainissement en fin d’année (par rapport aux 20 de l’an dernier). »
Mais ce n’est pas tout, les résultats du dispositif d’épidémiosurveillance Sylvatub6 avaient révélé, en 2018, que sur les 477 blaireaux piégés dans le département, qui ont fait l’objet de prélèvements pour analyses dans un rayon de 6 km autour des foyers, 30 étaient infectés7. Ces résultats appellent donc «
à maintenir la pression de régulation sur cette espèce en zones infectées
», concluent les experts. D’ailleurs, des études sont en cours pour déterminer le rôle épidémiologique d’autres espèces sauvages comme le renard. De plus, comme l’indique Maria-Laura Boschiroli, responsable du laboratoire national de référence tuberculose, des travaux de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) sur le séquençage de génomes des différentes souches de Mycobacterium bovis devraient bientôt apporter des résultats prometteurs pour modéliser sa transmission dans le contexte de transmission multihôte (bovins-faune sauvage), mais aussi apporter des éléments afin d’élucider l’origine des foyers et ainsi aider à la gestion sanitaire. Enfin, « face aux récidives de cas en élevages, jugées très préoccupantes, car nous soupçonnons que ce soient des recontaminations et non des résurgences, des questions se posent
» indique Franck Martin. Sont-elles dues à un assainissement insuffisant ou à la circulation de la mycobactérie dans le milieu ? Certaines études ont d’ores et déjà montrées le rôle “hôte” des amibes hébergées dans les biofilms des abreuvoirs en milieu infecté. Leur rôle potentiel dans la transmission de la maladie reste à démontrer, mais il est très difficile de mettre en culture des extraits sur ce type de matrice.
•
1Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations de la Dordogne.
2 Le Copil réunit autour du préfet, des représentants de la Chambre d’agriculture, des syndicats agricoles, des éleveurs, des vétérinaires sanitaires, du groupement de défense sanitaire (GDS), des abattoirs et de la fédération départementale des chasseurs.
4 Instruction technique DGAL/SDSPA/2018-598 du 6/8/2018 Modalités techniques et financières de mise en œuvre de la campagne de surveillance de la tuberculose bovine 2018-2019 (bit.ly/2DBmP7D).
6 plateforme-esa.fr/node/35789
« LE DÉPARTEMENT VA MENER UNE EXPÉRIENCE INÉDITE »
DISPOSITION DU PLAN DE LUTTE 2017-2022 EN DORDOGNE