La filière veau de boucherie en pleine transition - La Semaine Vétérinaire n° 1834 du 13/12/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1834 du 13/12/2019

ÉLEVAGE

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE 

À l’occasion du congrès national Alterbiotique, organisé à Nantes par le réseau Cristal les 6 et 7 novembre, l’Institut de l’élevage (Idele) et l’Interprofession bétail et viande (Interbev) ont présenté différents projets pour l’avenir de la filière veau de boucherie.

Quel sera le bâtiment de demain en élevage de veau de boucherie ? », s’est interrogé Christophe Martineau (Idele) pour introduire une conférence consacrée aux projets mis en place par l’Institut de l’élevage, en collaboration avec Interbev veaux, afin d’améliorer les pratiques d’élevage et la protection animale, conformément aux engagements pris dans le plan de filière1, en 2017.

Des aménagements nécessaires

En effet, les enjeux à relever pour la filière veau de boucherie sont nombreux. Comme en témoignent les principaux résultats de l’enquête nationale menée en 2019 par Idele au sujet des bâtiments d’élevage (405 éleveurs), l’“exploitation type” a actuellement une capacité de 351 places. Elle comporte en moyenne 1,6 bâtiments fermés équipés majoritairement d’une ventilation dynamique, de sols en plancher ajouré et d’un système d’alimentation à l’auge (lait et céréales). Même si des aménagements ont déjà été mis en place pour améliorer la biosécurité (infirmerie, pharmacie sécurisée, sas sanitaire, clos d’équarrissage fermé), il reste à résoudre cinq grandes problématiques pour améliorer la conception des bâtiments. Ainsi, pour faciliter l’organisation du travail, de nouvelles technologies pourraient permettre de piloter l’exploitation (distribution de l’alimentation, ventilation) et les bâtiments devraient être davantage écoresponsables (énergies alternatives, gestion des effluents, intégration paysagère). De plus, afin de répondre aux attentes des consommateurs en matière de qualité des produits et de respect du bien-être animal (BEA), les modes d’élevage devraient pouvoir évoluer tout en garantissant une juste rémunération des éleveurs .

Un futur guide de préconisations

Pour cela, divers projets sont déjà en cours. Ainsi, par exemple, le projet Traveaux, mis en place par Idele en 2018-2019 pour améliorer l’organisation des flux des veaux, ainsi que les pratiques, devrait se concrétiser l’an prochain par un guide de préconisations à destination des opérateurs. De même, la mise en place d’un outil d’audit du BEA pour les veaux de boucherie a été lancée en 2019 par Interbev, en collaboration avec l’Institut supérieur d’agriculture (ISA) de Lille (Nord). Par ailleurs, un programme de recherche structurant nommé RenouVeau, financé par le compte d’affectation spéciale développement agricole et rural (Casdar) et porté par l’Idele, va démarrer en janvier 2020 pour une durée de 42 mois. Il s’agit de mettre au point de nouveaux modes de production de veaux de boucherie, innovants du point de vue du logement et des conduites alimentaires. Enfin, une réflexion collective sur les bâtiments du futur a débuté cette année au sein d’Idele. Pour répondre aux cinq grands enjeux identifiés, 12 scénarios ont été élaborés par les différents acteurs de l’élevage (éleveurs, fabricants d’aliments, ingénieurs, vétérinaires, etc.). Ces derniers s’accordent quant à l’importance d’avoir plus d’éclairage naturel dans les bâtiments, de recourir aux énergies alternatives et d’envisager, dans la conception de bâtiments neufs, certaines améliorations (accès extérieurs, paille au sol, salles spécifiques pour chaque stade physiologique, ventilation centralisée pilotée, automatisation de l’alimentation et lieu d’accueil du public). Cette réflexion est en cours et devrait se poursuivre par l’élaboration de prototypes de bâtiments du futur qui seront présentés en avril 2020 (plans types et chiffrages). Une nouvelle station expérimentale devrait à cet égard voir le jour d’ici 2021 à Mauron (Morbihan), afin d’effectuer des expérimentations, de pouvoir évaluer de nouvelles technologies et de faire des démonstrations auprès du public. Les différents modèles de production et leurs impacts (BEA, qualité produit, économique, travail, etc.) seront alors étudiés et les éléments de solutions devraient être présentés dans trois ans. Comme l’a conclu Christophe Martineau, « la filière est active et dynamique et elle innove pour essayer d’avancer tout en impliquant les différents acteurs concernés. »

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UN OUTIL AU SERVICE DE LA FILIÈRE VEAU

La station expérimentale veau de boucherie du Rheu (Ille-et-Vilaine) est unique en France. Outil au service de la filière et de la recherche collective, elle comprend 300 places de veaux répartis en cinq modules expérimentaux. Son dispositif permet la réalisation de sept à huit essais par an dans des conditions similaires à celles d'élevages courants tout en assurant un suivi expérimental individuel des animaux.
Les axes de recherche sont divers : nutrition et alimentation des veaux, préservation de la qualité des carcasses et des viandes, amélioration de la sécurité sanitaire à travers la recherche de solutions alternatives aux antibiotiques, adaptation aux réglementations en vigueur, amélioration des conditions de travail et réduction des consommations d’énergie en bâtiment. Toutefois, comme sa situation géographique actuelle interdit tout développement en raison des fortes contraintes environnementales, la station devrait être délocalisée vers le site de l’actuelle ferme expérimentale viande bovine de Mauron (Morbihan), fin 2021.

L’ÉLEVAGE “IDÉAL” POUR RÉPONDRE AUX ATTENTES SOCIÉTALES

Sur le thème “Imaginez l’élevage de veau de boucherie de demain”, un nouveau concours d’idées vient d’être lancé auprès des écoles d’agriculture, d’agronomie et vétérinaires. Pour relever les nouveaux défis des modes d’élevage, chaque équipe (au moins deux élèves, rattachés à un enseignant référent) doit inventer et décrire un modèle de production de veau de boucherie innovant (logement et alimentation). Celui-ci devra répondre aux nouvelles attentes des consommateurs et de la société en matière de bien-être animal et de santé de l’animal et/ou de l’environnement. Le concours, organisé par l’Institut de l’élevage, avec le soutien de la Direction générale de l’enseignement et de la recherche (DGER), sera ouvert du 6 janvier au 10 avril 2020. Pour plus d’informations : bit.ly/38oavp6.