ÉLEVAGE
PRATIQUE MIXTE
L'ACTU
Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE
À l’occasion du congrès national Alterbiotique, organisé à Nantes par le réseau Cristal les 6 et 7 novembre, l’Institut de l’élevage (Idele) et l’Interprofession bétail et viande (Interbev) ont présenté différents projets pour l’avenir de la filière veau de boucherie.
Quel sera le bâtiment de demain en élevage de veau de boucherie ? », s’est interrogé Christophe Martineau (Idele) pour introduire une conférence consacrée aux projets mis en place par l’Institut de l’élevage, en collaboration avec Interbev veaux, afin d’améliorer les pratiques d’élevage et la protection animale, conformément aux engagements pris dans le plan de filière1, en 2017.
En effet, les enjeux à relever pour la filière veau de boucherie sont nombreux. Comme en témoignent les principaux résultats de l’enquête nationale menée en 2019 par Idele au sujet des bâtiments d’élevage (405 éleveurs), l’“exploitation type” a actuellement une capacité de 351 places. Elle comporte en moyenne 1,6 bâtiments fermés équipés majoritairement d’une ventilation dynamique, de sols en plancher ajouré et d’un système d’alimentation à l’auge (lait et céréales). Même si des aménagements ont déjà été mis en place pour améliorer la biosécurité (infirmerie, pharmacie sécurisée, sas sanitaire, clos d’équarrissage fermé), il reste à résoudre cinq grandes problématiques pour améliorer la conception des bâtiments. Ainsi, pour faciliter l’organisation du travail, de nouvelles technologies pourraient permettre de piloter l’exploitation (distribution de l’alimentation, ventilation) et les bâtiments devraient être davantage écoresponsables (énergies alternatives, gestion des effluents, intégration paysagère). De plus, afin de répondre aux attentes des consommateurs en matière de qualité des produits et de respect du bien-être animal (BEA), les modes d’élevage devraient pouvoir évoluer tout en garantissant une juste rémunération des éleveurs .
Pour cela, divers projets sont déjà en cours. Ainsi, par exemple, le projet Traveaux, mis en place par Idele en 2018-2019 pour améliorer l’organisation des flux des veaux, ainsi que les pratiques, devrait se concrétiser l’an prochain par un guide de préconisations à destination des opérateurs. De même, la mise en place d’un outil d’audit du BEA pour les veaux de boucherie a été lancée en 2019 par Interbev, en collaboration avec l’Institut supérieur d’agriculture (ISA) de Lille (Nord). Par ailleurs, un programme de recherche structurant nommé RenouVeau, financé par le compte d’affectation spéciale développement agricole et rural (Casdar) et porté par l’Idele, va démarrer en janvier 2020 pour une durée de 42 mois. Il s’agit de mettre au point de nouveaux modes de production de veaux de boucherie, innovants du point de vue du logement et des conduites alimentaires. Enfin, une réflexion collective sur les bâtiments du futur a débuté cette année au sein d’Idele. Pour répondre aux cinq grands enjeux identifiés, 12 scénarios ont été élaborés par les différents acteurs de l’élevage (éleveurs, fabricants d’aliments, ingénieurs, vétérinaires, etc.). Ces derniers s’accordent quant à l’importance d’avoir plus d’éclairage naturel dans les bâtiments, de recourir aux énergies alternatives et d’envisager, dans la conception de bâtiments neufs, certaines améliorations (accès extérieurs, paille au sol, salles spécifiques pour chaque stade physiologique, ventilation centralisée pilotée, automatisation de l’alimentation et lieu d’accueil du public). Cette réflexion est en cours et devrait se poursuivre par l’élaboration de prototypes de bâtiments du futur qui seront présentés en avril 2020 (plans types et chiffrages). Une nouvelle station expérimentale devrait à cet égard voir le jour d’ici 2021 à Mauron (Morbihan), afin d’effectuer des expérimentations, de pouvoir évaluer de nouvelles technologies et de faire des démonstrations auprès du public. Les différents modèles de production et leurs impacts (BEA, qualité produit, économique, travail, etc.) seront alors étudiés et les éléments de solutions devraient être présentés dans trois ans. Comme l’a conclu Christophe Martineau, « la
filière est active et dynamique et elle innove pour essayer d’avancer tout en impliquant les différents acteurs concernés.
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UN OUTIL AU SERVICE DE LA FILIÈRE VEAU
L’ÉLEVAGE “IDÉAL” POUR RÉPONDRE AUX ATTENTES SOCIÉTALES