Le Résapath, un atout majeur pour le prescripteur - La Semaine Vétérinaire n° 1834 du 13/12/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1834 du 13/12/2019

ANTIBIORÉSISTANCE

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL  

Le Réseau d’épidémiosurveillance de l’antibiorésistance des bactéries pathogènes animales (Résapath) constitue un bon outil d’aide à la décision dans l’acte de prescription.

Avec un peu plus de 14 000 antibiogrammes transmis en 2018, les chiens figurent en première place des cas déclarés au Réseau d’épidémiosurveillance de l’antibiorésistance des bactéries pathogènes animales (Résapath). Les chats arrivent en quatrième position après les bovins et les volailles, avec 4 659 antibiogrammes. Lors d’un atelier consacré à l’antibiorésistance qui s’est tenu le 28 novembre au congrès de l’Afvac, Jean-Yves Madec, directeur scientifique en charge de l’antibiorésistance à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), a rappelé que ces données constituaient une mine d’indicateurs pour le praticien. Sa prescription peut être accompagnée par les informations contenues dans le rapport annuel du Résapath. Marisa Haenni, coordinatrice du pôle antibiorésistance de l’Anses, explique que le Résapath fournit, notamment pour les chiens, des données détaillées par maladie. Une aide précieuse à la prescription.

Un outil de suivi de la résistance

Le réseau est d’abord un outil de suivi de la résistance bactérienne. Les données récoltées permettent de documenter des contextes cliniques particuliers. Il favorise, entre autres, la surveillance d’émergence de clones de résistance sur le plus long terme. Le praticien peut être alerté après la détection d’un gène de résistance. Pour les chiens, ces données concernent aussi bien les maladies urinaires, les affections de la peau que les otites. Elles donnent une idée des germes responsables de ces affections, que ce soit les staphylocoques, Escherichia coli ou les bactéries du genre Pseudomonas. Marisa Haenni rappelle que les rapports annuels du Résapath fournissent des tableaux de proportions de sensibilité pour certains antibiotiques, dont ceux d’importance critique. « Ces données permettent de voir que chez le chien les niveaux résistance aux céphalosporines de dernières générations ou aux fluoroquinolones étaient assez hauts dans les années 2012. On constate aujourd’hui une baisse constante de la résistance à ces antibiotiques dits critiques. »

Une aide à la prescription

Le Résapath donne des indications en cas de traitement probabiliste ou en attendant le résultat d’un antibiogramme sur le risque à utiliser tel ou tel antibiotique. « Le Résapath est une aide directe à la prescription, mais surtout en complément d’un antibiogramme ciblé », comme l’indique Marisa Haenni. Mais pour les vétérinaires, il ne délivre pas une liste de molécules qui soient utilisables directement sur le terrain. La coordinatrice de l’Anses cite notamment le cas de β-lactamines principalement utilisées en médecine vétérinaire, telles que l’amoxicilline. Par exemple, lors d’affections urinaires causées par la prolifération de bactéries de type Escherichia coli, les tableaux de résistance construits par le Résapath reprennent les antibiotiques les plus utilisés. Cela correspond à des antibiotiques qui sont des marqueurs de résistances. Le praticien est invité à traduire les données contenues dans le Résapath pour les molécules dont il envisage de faire usage. Le réseau ne renseigne pas non plus sur les résistances naturelles.

UNE NOUVELLE APPLICATION

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L’Agence nationale de sécurité sanitaire a lancé un projet de simplification d’accès aux données du Résapath. Elle encourage la mise à disposition pour les praticiens d’une application disponible sur smartphone qui leur permettra de rentrer l’espèce animale pour laquelle ils souhaitent obtenir des données, de même que l’espèce bactérienne ciblée, la maladie et l’antibiotique envisagé. Prévue pour 2020, l’application permettra de combiner des données renseignées les probabilités de sensibilité.