CONGRÈS DE L’AFVAC
PRATIQUE CANINE
L'ACTU
Auteur(s) : GWENAËL OUTTERS, AVEC MYLÈNE PANIZO
Quel que soit le domaine d’exercice, les examens complémentaires font partie du quotidien du praticien, mais sait-il les choisir, les réaliser, les interpréter et les valoriser correctement ? L’objectif du congrès 2019 de l’Afvac était de répondre à ces questions en apportant une expertise scientifique, mais aussi des conseils concrets. Avec une affluence inédite, il a permis de remettre les examens complémentaires à leur juste place, en insistant sur le rôle central du praticien à chaque étape de la prise en charge de l’animal.
La Cité internationale de Lyon a accueilli pour la quatrième fois le congrès de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac.) Il s’est tenu du jeudi 28 au samedi 30 novembre pour les vétérinaires et les deux derniers jours pour les auxiliaires spécialisés vétérinaires. Dès l’ouverture, le président de l’Afvac, Jean-François Rousselot, s’est félicité de l’affluence record de cette édition (4 505 congressistes et visiteurs, 2 637 vétérinaires présents). Cette rencontre scientifique était consacrée aux « Examens complémentaires : raisons… et déraison ». Le président du conseil scientifique, Gérard Bartel, a réuni, cette année encore, un parterre de conférenciers de qualité qui ont offert aux congressistes des sujets variés autour de cette thématique principale. Deux innovations organisationnelles ont vu le jour dans cette version 2019 avec l’application du congrès, sur laquelle il était possible de consulter les conférences, les accès aux salles et un certain nombre d’informations pratiques, ainsi qu’un espace restauration.
Ce congrès articulé autour des examens complémentaires a manifestement séduit les congressistes. En effet, depuis plusieurs années, ces examens sont de plus en plus nombreux, précis, performants, spécialisés et suscitent la fascination. Ils aident la pratique quotidienne, du diagnostic à la prévention, en passant par le suivi thérapeutique, mais peuvent parfois entraîner des erreurs, par manque de connaissance, absence de données disponibles, extrapolations avec un faible niveau de preuve, ou en raison d’une technique insuffisante, d’erreur d’interprétation ou des particularités de l’animal. Citons, en radiographie, le défaut du nombre d’incidences qui masque une anomalie ou les particularités du bouledogue avec son large médiastin ; en échographie, l’effet d’ombre de bord qui mime une rupture de la vessie ; au cours d’un scanner, lors d’obtention d’une image de masse hyperdense dans l’encéphale, l’impossibilité de différencier un accident vasculaire cérébral hémorragique d’une tumeur qui a saigné (Laurent Couturier, praticien à Cagnes-sur-mer, dans les Alpes-Maritimes). La connaissance de leur utilité mais aussi de leurs limites et biais est une condition indispensable pour éviter les errances diagnostiques. Les examens les plus sophistiqués ne sont pas toujours les plus pertinents. Il est nécessaire de toujours prendre du recul sur les résultats et de garder un esprit critique, l’interprétation des données se faisant systématiquement en lien avec la situation clinique de l’animal. C’est avant tout l’expertise du vétérinaire qui permet d’établir un bon diagnostic et un plan thérapeutique adapté. Ce challenge inclut aussi les propriétaires, qui doivent bénéficier d’une explication claire et objective des examens pratiqués afin de recueillir leur consentement éclairé. Enfin, les investissements dans de nouveaux outils pour les vétérinaires doivent être justes, justifiés et rentables. Ainsi, les conférenciers de toutes disciplines ont aidé à comprendre les concepts qui ont généré ces erreurs pour valoriser à bon escient les examens complémentaires à tous les niveaux : choix, réalisation, interprétation et justification.
L’ensemble des experts ont rappelé avec bienveillance l’importance de l’examen clinique et de choisir les examens complémentaires appropriés à la recherche de la confirmation des hypothèses cliniques et étiologiques. Par exemple, les dermatologues ont réinsisté sur le fait que la discipline était essentiellement clinique et que des examens complémentaires en batterie ne pouvaient être bénéfiques. Éric Guaguère (praticien à Lomme, dans le Nord) a ainsi présenté plusieurs cas (dermite pyotraumatique versus folliculite bactérienne, urticaire versus folliculite bactérienne, teigne versus pyodermite superficielle centrifuge) illustrant l’importance de la description clinique lésionnelle et la valorisation d’outils simples et primordiaux que sont les calques et les raclages cutanés. En urologie, Christelle Maurey, maître de conférences à l’École nationale vétérinaire d’Alfort (ENVA), est revenue sur l’importance du suivi du poids d’un animal en insuffisance rénale chronique. La diméthylarginine symétrique (SDMA) est un outil très intéressant dans la recherche précoce d’une insuffisance rénale, indépendant de la masse musculaire, mais son évolution n’est pas corrélée à l’évolution de la créatinine plasmatique et son bénéfice par rapport à la créatinine lors de poussée d’insuffisance rénale aiguë (IRA) chez le chat reste à prouver. Concernant les coproscopies à la recherche de parasites responsables de bronchopneumopathies, il est nécessaire de réclamer les deux méthodes de recherche (Baermann et sulfate de zinc) sur trois prélèvements à trois jours d’intervalle. Malgré ces précautions, ces tests, qui sont opérateurs-dépendants, présentent de nombreux faux négatifs (Mario Cervone, résident en médecine à VetAgro Sup). Le dosage des lactates est un indicateur de sévérité lésionnelle important, mais présente une fiabilité variable pour prédire une mortalité et ne doit pas être le seul outil de décision d’euthanasie (Maxime Cambournac, praticien à Arcueil, dans le Val-de-Marne). L’épreuve thérapeutique est parfois plus judicieuse que de nombreux examens. À titre d’exemple, l’utilisation de fenbendazole (50 mg/kg/j pendant 10 à 14 jours) doit apporter une réponse positive rapide en cas de suspicion de bronchopneumopathie parasitaire (Émilie Krafft, maître de conférences à VetAgro Sup) ou l’administration de furosémide (5 mg/kg) doit rapidement améliorer un œdème cardiogénique (Vassiliki Gouni, praticienne à Vélizy-Villacoublay, dans les Yvelines).
En matière de prévention, de bilan de santé d’un animal sain, à anesthésier ou vieillissant, les orateurs (Cindy Chervier, praticienne à Marseille, dans les Bouches-du-Rhône, Benoît Rannou, responsable du Laboratoire Azurvet-Lab, Patrick Verwaerde, professeur à l’ENVA, Claude Muller, praticienne à Lomme) ont également fait la part belle à l’examen clinique et à la nécessité d’adapter les examens complémentaires à l’animal. Par exemple, la mesure de l'activité. des phosphatases alcalines (Pal) et des alanines aminotransférases (Alat), marqueurs lésionnels, n’ont aucune utilité en bilan préanesthésique, il sera préféré des marqueurs fonctionnels (acides biliaires, NH3, glycémie, temps de coagulation). Des éléments faciles et peu onéreux comme l’hématocrite et les protéines totales au réfractomètre doivent, en revanche, être systématisés. Cependant, la nécessité d’un bilan anesthésique adapté à l’animal ne doit pas être négociable, mais n’a de sens que s’il fait l’objet d’une prise en charge adaptée. La médecine vétérinaire s’oriente par ailleurs de plus en plus vers une médecine préventive personnalisée : cela concerne le choix des examens complémentaires, mais aussi leurs interprétations. Ainsi, il apparaît judicieux d’établir des valeurs de référence propres à chaque individu en réalisant des bilans sanguins réguliers, afin de pouvoir suivre la cinétique des paramètres mesurés, plutôt que de les comparer à des normes usuelles.
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