Professionnels et paraprofessionnels : quelles relations ? - La Semaine Vétérinaire n° 1834 du 13/12/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1834 du 13/12/2019

CONCURRENCE

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : MARINE NEVEUX  

« Les paraprofessionnels en santé animale : concurrence, complémentarité ou synergie ? » était le thème du forum des rencontres organisé le 29 novembre à Lyon.

Beaucoup de questions sont posées par nos confrères sur les activités potentiellement concurrentes ou synergiques », explique notre confrère Éric Guaguère, en introduction de ce forum, désormais annuel et organisé par l’Afvac, l’Avef, la SNGTV, l’Ordre et le SNVEL. « Notre profession ne doit plus ignorer l’engouement de nos clients pour les paraprofessionnels. »

Des contours à respecter

Comme le rappelle Pascal Fanuel (Ordre), notre profession est réglementée pour apporter le meilleur service au citoyen. À la suite des tensions autour de la vaccination contre la FCO, le gouvernement avait rouvert le dossier de la délégation des actes en 2011. Cette délégation est encadrée par les articles L.243-1 et L.241-1 du CRPM. Le champ est donc ouvert, par exemple, aux maréchaux-ferrants pour le parage et les maladies du pied des équidés, aux techniciens dentaires, aux personnes non vétérinaires réalisant des actes d’ostéopathie animale (Praoa), etc.

Pour les “ostéopathes pour animaux” ou “ostéophates animaliers biomécanistes”, les personnes qui peuvent se prévaloir des certificats enregistrés au RNCP peuvent exercer les actes dérogatoires qui leur sont octroyés1.

Pascal Fanuel appelle à la vigilance sur l’exercice illégal, par exemple, de personnes qui se prétendraient physiothérapeutes manuels. « Ce n’est pas parce que l’on a fait une formation que l’on est en mesure d’exercer ». De même, « une auxiliaire qui réaliserait une castration, interviendrait lors d’une anesthésie, etc. C’est de l’exercice illégal, d’où l’urgence de réfléchir et de travailler sur ces sujets ». De même qu’une Praoa peut effectuer uniquement des actes d’ostéopathie, mais n’a pas le droit de faire de la physiothérapie avec un laser, des ondes de choc, etc.

Répondre à la demande

Notre consœur Charlotte Devaux, praticienne, a abordé le sujet de la nutrition. « On a des clients très demandeurs en nutrition et des vétérinaires qui ne savent pas répondre à la demande, regrette-t-elle. La nutrition, c’est à la mode, le pet food est un important marché, la demande de conseil vétérinaire en nutrition vient des clients. »

La nature ayant horreur du vide, la place est prise par les agronomes, les auxiliaires motivés par le contact avec le client, cela peut être une aide pour le vétérinaire, mais il y a des limites. Ils peuvent donner du conseil, mais en situation physiologique. Notre consœur invite ainsi la profession à se former, à mettre en place des formations au sein des écoles, de groupes, etc. pour répondre aux attentes sur la nutrition et la place de conseil du vétérinaire.

Notre consœur Muriel Marion, de l’association zoopsy et du Gecaf, praticienne, a abordé le sujet sous l’angle du comportement. « Il y a 15-20 ans, la situation du comportement était proche de celle de la nutrition », commente-t-elle. Avec la législation sur les chiens dangereux, la profession a dû pousser la formation des confrères sur les évaluations. Si la situation il y a 20 ans était entachée de conflits, aujourd’hui, le travail des vétérinaires et des paraprofessionnels est plus dans les complémentarités. « Il y a une envie de collaborer avec les éducateurs professionnels du secteur. On a envie de mieux se connaître. » Notre consœur y voit une démarche synergique pour accompagner les propriétaires et les chiens dans la mise en place de la thérapie, de faire connaître les pratiques, d’organiser des rencontres, etc. Les résultats mènent alors vers l’amélioration de la cohérence de la thérapie par le propriétaire et une meilleure confiance, l’accélération du processus thérapeutique pour le chien, un meilleur encadrement en cas d’échec, et la constitution d’une équipe qui clarifie les vraies complémentarités et les limites de chacun…

1 Voir aussi La Semaine Vétérinaire n° 1832 du 29/11/2019, pages 44 à 49.