«   Il s’agit de renforcer ce qui a été engagé   » - La Semaine Vétérinaire n° 1835 du 20/12/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1835 du 20/12/2019

ENTRETIEN AVEC JACQUES GUÉRIN

ACTU

Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR MICHAELLA IGOHO-MORADEL 

Réélu le 3   décembre pour trois ans à la tête du Conseil national de l’Ordre des vétérinaires (CNOV), Jacques Guérin aborde cette nouvelle mandature dans la continuité de la première. L’un de ses objectifs ? Débloquer des dossiers qu’il considère prioritaires pour la profession, à l’instar de la délégation d’actes.

Après trois ans de présidence de l’Ordre des vétérinaires, quel bilan faites-vous de votre premier mandat ?

La fierté est le sentiment prédominant au regard du bilan de ce premier mandat. Je suis tout particulièrement satisfait d’avoir contribué à réunir les conditions d’un débat au sein de la profession vétérinaire sur son avenir et ses valeurs partagées. Vetfuturs en est d’ailleurs le symbole. Cette initiative est maintenant ancrée dans le paysage vétérinaire. On peut également mentionner la naissance du comité d’éthique animal, environnement, santé, la création de la journée nationale vétérinaire et de la marque “Vétérinaire” ou encore le projet Calypso, un système d’information, de collecte et de stockage de données pour les vétérinaires. Je citerais aussi la montée en puissance de l’Observatoire national de la démographie vétérinaire qui sert désormais d’appui aux pouvoirs publics sur la question du maillage et de la désertification vétérinaire. C’est une belle réussite dont l’origine remonte à l’année 2010 ! D’autres points de satisfaction sont à mentionner. Le travail effectué sur le bien-être animal a eu un apport très positif pour notre profession. Tout dernièrement, nous avons avancé en concertation avec les organisations vétérinaires concernées sur la question de l’aide sociale vétérinaire afin d’être ensemble plus efficace, plus réactif et plus proche des vétérinaires qui ont besoin de cette aide.

Y a- t-il des points sur lesquels vous auriez souhaité aller plus loin ?

Nous devons progresser en interne sur la communication en se donnant les moyens d’une meilleure concertation avec les conseils régionaux, mais aussi en privilégiant les réunions confraternelles avec les vétérinaires praticiens, sur le terrain. Mais pour prétendre lancer une telle politique, il convenait d’abord de mettre en place une organisation en amont au niveau national. Peut-être sommes-nous restés à un niveau trop national, pas assez régional et sans expliquer suffisamment les objectifs recherchés pour le corps professionnel vétérinaire. Par ailleurs, j’aurais souhaité aller plus loin sur la biologie vétérinaire, la délégation d’actes ou encore la télémédecine. Durant ces trois ans écoulés, nous avons géré opérationnellement la mise en application de la réforme administrative et disciplinaire de l’Ordre des vétérinaires. Notre défi était de la mettre en œuvre et cela prend du temps. Il faut convaincre, expliquer ce que nous avions préalablement conceptualisé. Cela provoque certaines incompréhensions, parfois une mise en pression des conseils régionaux. Il nous faut gagner en organisation afin de gagner en efficience dans la prise en charge des missions de l’Ordre des vétérinaires dans ses dimensions régionale, interrégionale et national.

Quelles seront vos priorités durant les trois ans à venir ?

Nous avons de la matière et ne serons pas dépourvus d’actions et de dossiers à mener. J’attends de ces trois ans le déblocage d’un certain nombre de dossiers importants pour la profession, dont la délégation d’actes, la télémédecine ou encore la biologie vétérinaire. J’aspire à ce que le Code rural et de la pêche maritime soit modifié pour autoriser ou sécuriser ces points. Car actuellement, les perspectives démographiques montrent que les besoins en diplômés sont étroitement liés aux décisions que nous prendrons en matière de délégation d’actes et de gain de productivité par les nouvelles technologies. Notre attention sera également portée sur certains dossiers “chauds“, tels que la réalisation d’actes vétérinaires par des paraprofessionnels. Il est important que les choses soient clairement dites et comprises par les détenteurs des animaux. En outre, il conviendra de consolider le bon qualitatif que la profession vétérinaire a su réaliser ces trois dernières années par les initiatives qui ont été lancées, dont le recours raisonné aux antibiotiques et la maîtrise de l’antibiorésistance. Il s’agit de renforcer ce qui a été engagé, y compris en matière d’organisation interne de l’Ordre des vétérinaires. A cette fin, un processus qualité visant à structurer nos actions et notre fonctionnement pour répondre au mieux à nos missions est lancé. Les premiers audits sont en cours. Au-delà d’éventuels contrôles externes, le gain recherché vise avant tout à améliorer la qualité du service rendu. D’autre part, le Conseil national ambitionne d’améliorer le contact avec les confrères pour mieux expliquer certains sujets qui font débat. Il s’agit notamment d’échanger avec eux sur les enjeux à impacts forts pour la profession que sont la permanence et la continuité des soins ou encore le maillage vétérinaire.