La résistance bactérienne en baisse - La Semaine Vétérinaire n° 1835 du 20/12/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1835 du 20/12/2019

ANTIBIOTIQUES

ACTU

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL  

En 2018, la résistance chez Escherichia coli est en diminution. Une tendance observée depuis plusieurs années par le Résapath.

Le dernier rapport1 du Réseau d’épidémiosurveillance de l’antibiorésistance des bactéries pathogènes animales (Résapath) confirme que la résistance bactérienne aux antibiotiques se réduit d’année en année. En 2018, 55 401 antibiogrammes ont été transmis au réseau. Pour la deuxième année consécutive, les données issues des chiens sont les plus nombreuses (25,9 %), suivies de celles des bovins (23 %), des volailles (21,1 %), des chats (8,4 %), des chevaux (7,4 %) et des porcs (6,4 %). Concernant les antibiotiques critiques, le Résapath constate également une tendance à la baisse depuis plusieurs années, notamment chez Echerichia coli. « En 2018, les proportions de résistance aux fluorquinolones sont également très resserrées entre toutes les espèces animales et comprises entre 3,5 et 8 % », indique le rapport. Une multirésistance est observée chez E. coli. La proportion de souches multirésistantes est plus forte chez les bovins (15,2 %), les équidés (10,4 %) et les porcs (7,7 %). Mais plus faible chez les volailles. À noter que, sur la période 2011-2018, la proportion de souches multirésistantes est en diminution significative dans toutes les espèces, sauf chez les équidés pour lesquels une augmentation a été enregistrée sur les quatre dernières années.

Moins de résistance pour les critiques…

Le Résapath souligne une forte amélioration de la résistance aux antibiotiques critiques, tels que les céphalosporines de dernières générations chez les E. coli. Les taux de résistance aux céphalosporines sont extrêmement faibles. Le taux le plus élevé est observé chez le cheval (6,5 %), puis chez le chien et le chat (4 %). Il est inférieur à 3 % chez les bovins et à 2 % chez les porcs et les poulets. « La résistance a clairement baissé pour les antibiotiques critiques. On observe des réductions pour presque l’ensemble des antibiotiques », a indiqué Jean-Yves Madec, directeur scientifique antibiorésistance de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) lors d’une conférence de presse organisée le 15 novembre. La résistance aux fluoroquinolones chez E. coli connaît un recul important depuis quatre ans chez les chiens et les bovins. « L’écart longtemps observé entre les proportions de résistance aux céphalosporines de dernières générations et aux fluoroquinolones chez E. coli se réduit désormais fortement », note le rapport. Selon le Résapath, ces tendances reflètent les efforts de la profession vétérinaire pour maîtriser les usages d’antibiotiques et sont cohérentes avec les baisses observées d’exposition des animaux. Elles valent également pour d’autres groupes d’antibiotiques, en particulier chez E. coli.

… et aussi pour d’autres antibiotiques

Sur ces dix dernières années, le rapport observe une diminution de la résistance à la tétracycline dans les filières avicoles et, dans une moindre mesure, dans la filière porcine. Toutefois, chez les bovins, les taux de résistance à l’amoxiciline, à la tétracycline et aux aminosides (hors gentamicine) restent élevés. En 2018, la proportion d’E. coli non sensibles à l’amoxicilline a diminué par rapport à 2017, et ce pour toutes les filières. Tandis que la résistance vis-à-vis de l’association amoxicilline/acide clavulanique a augmenté. Aussi malgré l’absence de leur usage en médecine vétérinaire, des résistances aux carbapénèmes ont été identifiées “sporadiquement” chez l’animal de compagnie, notamment chez certaines souches d’entérobactéries productrices de la carbapénémase. Autre donnée à surveiller, un gène de résistance mecA a été retrouvé de « façon importante chez Staphylococcus pseudintermedius, un pathogène majeur du chien (15 à 20 % des souches). Des clones émergents de S. pseudintermedius résistants à la méticilline ont également été identifiés. » Enfin, concernant la colistine, le Résapath observe une “situation maîtrisée” sur 10 ans de la diffusion de E. coli pathogènes résistants à cet antibiotique.

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