MANAGEMENT
ÉCO GESTION
Auteur(s) : FRÉDÉRIC THUAL
Utilisée pour la gestion de projets ou le management d’équipe, enseignée à Oniris, la technique des cartes mentales, dite du mind mapping, fait une percée timide dans les cliniques.
Praticien canin à la clinique vétérinaire Dolce Véto de Saint-Sulpice-et-Cameyrac en Gironde, Germinal Petit-Étienne en est fan. « À la clinique, dans le train, lorsque je suis seul au restaurant ou à domicile… dès que j’entre dans une phase de réflexion sur un projet, dès que j’ai besoin de lister et de matérialiser des idées, j’utilise les cartes mentales. » Communément appelée mind mapping, cette technique de créativité, de structuration ou d’organisation des idées se veut un outil simple et rapide destiné à élaborer un plan d’actions. À utiliser seul ou en groupe. Avec un stylo et une feuille de papier ou des Post-it. Ou encore par le biais de logiciels ou d’applications, permettant notamment son partage. « L’essentiel étant de trouver un outil suffisamment ergonomique, fluide et simple d’utilisation pour éviter de perdre du temps dans l’apprentissage de son fonctionnement, conseille Germinal Petit-Étienne. Contrairement à une liste sur papier qui va rapidement se transformer en un tas de ratures, l’outil informatique permet d’ajouter des annotations, de mettre de la couleur, des liens, des logos, d’intercaler des items, etc. » Concrètement, une problématique ou un thème central est défini ; puis des sous-thèmes sont représentés en arborescence (figure). « Je trouve cela extrêmement confortable, ça permet de ne pas brider le cerveau, en se disant : “Ça, je l’écrirai plus tard”. La technique s’adapte à chacun, selon que les personnes ont l’habitude d’utiliser l’hémisphère droit ou gauche de leur cerveau », estime Germinal Petit-Étienne. Le schéma final est censé représenter les arcanes de la pensée. « Je l’ai utilisé au sein de la société Anima Care lorsque nous avons voulu réfléchir aux nouveaux outils que l’on pouvait proposer aux confrères pour mieux gérer la fin de vie de l’animal dans leur clinique, mais aussi au sein de la clinique où l’on travaille sur l’acquisition d’un nouveau bâtiment. Afin de construire un projet qui corresponde à nos besoins, j’ai détaillé la situation, l’ambiance, la circulation des personnes, l’accueil, la surface des pièces, les couleurs… Tout de suite, on obtient une visualisation périphérique du projet. C’est à l’opposé du système de plan et de découpage que l’on apprend pendant nos études. »
Promu dans les années 1970 par le psychologue britannique Tony Buzan, auteur de nombreux ouvrages sur l’utilisation et les capacités du cerveau, le mind mapping est enseigné à Oniris depuis plusieurs années. « Nous l’utilisons principalement avec les élèves de 3 e et 4 e années, mais dans le cadre de la refonte du cursus, nous voudrions, dès l’an prochain, le déployer avec ceux de 1 re année. À l’époque, c’était neuf, aujourd’hui, la plupart ont des notions mais ignorent ce qu’ils peuvent véritablement faire de cette forme d’apprentissage intuitive et collective », explique Florence Beaugrand, maître de conférences en sciences de gestion à Oniris. Employé sous la forme de brainstorming en amphithéâtre avec 160 étudiants, le mind mapping s’est aussi avéré très utile pour la gestion des cliniques, le management d’équipes, pour des travaux sur les audits d’élevages en production porcine ou pour mettre en évidence les éléments de causalité à l’origine d’une maladie. « La façon dont les étudiants construisent leur arbre permet de comprendre comment ils se représentent les choses. Ce qui permet de travailler plus finement sur les enchaînements logiques que l’on veut mettre en évidence. Ce qu’on ne voit pas toujours avec quelque chose de rédigé. Cela fait gagner beaucoup de temps en matière de communication », note Florence Beaugrand. La mise en œuvre d’un travail dirigé (TD) a permis d’aller plus loin dans cette notion de liens logiques entre les éléments. Ou comment il est possible d’utiliser le mind mapping non seulement pour structurer et mémoriser l’information, mais aussi en se mettant à plusieurs sur un outil collaboratif, avec lequel les liens logiques seront approfondis. « Cette courte rétroaction nous sert aussi à apporter les concepts clés en enseignement », assure l’enseignante.