Royal Canin lance l’aliment pathologique sur mesure - La Semaine Vétérinaire n° 1835 du 20/12/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1835 du 20/12/2019

PET FOOD

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : CHARLOTTE DEVAUX  

Avec son projet Individualis®, Royal Canin permet aux vétérinaires de prescrire et de faire formuler une alimentation adaptée aux facteurs de risque et aux différentes affections d’un animal.

Si la ration ménagère permettait déjà de faire de l’alimentation sur mesure pour un animal, le pet food obligeait jusqu’à présent à choisir parmi les aliments existants celui le plus proche des caractéristiques recherchées. Après l’aliment multifonction présentant une indication pour plusieurs affections, Royal Canin se lance dans l’aliment individualisé, sous le nom Individualis®. Le concept repose sur le principe des noyaux nutritionnels. Ce sont des croquettes contenant de fortes teneurs en certains nutriments, qui peuvent être associées pour former un aliment complet. Chaque noyau nutritionnel est appétent en lui-même mais n’est pas équilibré à lui seul. Associé aux autres, il permet de jouer sur la composition finale de l’aliment pour l’ajuster au plus près des besoins estimés.

Un algorithme pour définir la meilleure croquette

Pour formuler l’aliment correspondant à l’animal, les vétérinaires renseignent ses caractéristiques (race, âge, poids, note d’état corporel, etc.) dans un formulaire en ligne, ses facteurs de risque (tartre, surpoids, etc.) et ses différentes affections (diabète, calculs urinaires, maladie rénale, etc.). L’algorithme évalue ensuite lui-même les caractéristiques nutritionnelles de l’aliment recherché pour le formuler à l’aide des noyaux nutritionnels existants. Celui-ci sera parfois amené à faire des choix lorsque les solutions nutritionnelles sont incompatibles. Par exemple, entre un facteur de risque et une affection, c’est cette dernière qui est priorisée par l’algorithme. Si le choix doit se faire entre deux affections comme la maladie rénale et les calculs urinaires par exemple, l’algorithme propose le choix au vétérinaire, qui peut se tourner vers Royal Canin en cas d’hésitation. Pour l’instant, la gestion nutritionnelle de l’arthrose est proposée chez le chat mais pas encore chez le chien. Cependant, le service est amené à évoluer.

UN MODÈLE ÉCONOMIQUE QUI GÉNÈRE DES CRAINTES

Si les solutions nutritionnelles sont clairement innovantes, le modèle économique qu’elles sous-tendent suscite déjà la controverse sur les réseaux sociaux vétérinaires, associée à des inquiétudes vis-à-vis de l’utilisation du fichier client, du secret professionnel, du coût de cette solution et du devenir des gammes précédentes. S’agissant du modèle économique : « Les clients paient sur un site géré par un intermédiaire financier, celui-ci verse aux vétérinaires la marge qu’ils se sont fixée librement et à Royal Canin le prix d’achat de l’aliment. C’est le site qui établit la facture au client. », explique Royal Canin. Autre sujet d’interrogation de la part des praticiens, la réduction de leur intervention à l’entrée de données dans l’algorithme, qui ne valorise pas l’acte de prescription nutritionnelle. La composition de l’aliment étant décidée par la machine, la réflexion nutritionnelle est de ce fait déléguée à un tiers.

LA MAÎTRISE DU RATIO DE SURSATURATION RELATIVE DES URINES : UN DÉFI

Le fait que le régime final soit individualisé et donc unique a généré des défis, notamment de prédiction de l’effet sur les urines. En effet, jusqu’à présent, le ratio de sursaturation relative des urines (RSS) était mesuré in vivo pour chaque formulation. Devant l’impossibilité de tester chaque référence formulée par l’algorithme, une solution innovante devait être trouvée. Grâce aux nombreuses données de RSS déjà recueillies auparavant, un nouvel outil de prédiction, baptisé RSS predict, a été développé. Il permet de prédire les paramètres urinaires uniquement à partir de la composition détaillée d’un aliment.