PRATIQUE CANINE FÉLINE ET NAC
ÉQUIPEMENT
Auteur(s) : NINA LUCAS
PROPOSER UN NOUVEAU SERVICE À SA CLIENTÈLE DEMANDE RÉFLEXION. LA PHYSIOTHÉRAPIE, ENCORE MARGINALE IL Y A QUELQUES ANNÉES, EST DÉSORMAIS COURANTE EN MÉDECINE VÉTÉRINAIRE. LES CONSEILS DE NINA LUCAS, CRÉATRICE DU CABINET DE PHYSIOTHÉRAPIE VÉTÉRINAIRE KINEVET’EAU À CANÉJAN (GIRONDE), AVANT DE SE LANCER.
La première question à se poser est la place à accorder à cette activité : pratique exclusive ou nouveau service à la clientèle ? Les deux configurations présentent des avantages et des inconvénients. Dans une clinique de médecine générale ou spécialisée, les locaux et le personnel sont parfois déjà suffisants pour installer cette activité sans faire d’agrandissement ou de recrutement. La plupart des équipements nécessaires ne sont pas encombrants et sont aisés à prendre en main (matériel de proprioception, laser, ultrasons, électrostimulation). Cela devient plus compliqué pour installer un appareil d’hydrothérapie volumineux et qui dégage de l’humidité. Dans le cas d’un service nouveau pour une clientèle classique, les clients drainés seront essentiellement ceux de la structure. Se pose alors la question d’un nombre de cas suffisant pour que cela soit réellement intéressant. De plus, le personnel est déjà bien occupé par ses tâches quotidiennes et les consultations de physiothérapie sont souvent chronophages. Pour ces raisons, une structure exclusivement réservée à cette discipline et organisée autour des différents soins peut paraître avantageuse.
Selon le niveau de soins que le praticien souhaite apporter, différents investissements pourront être envisagés. La mécanothérapie et la proprioception sont facilement réalisables avec peu de moyens. L’électrostimulation (courants antalgiques et renforcement musculaire) est également facile à mettre en place pour quelques centaines d’euros. Un appareil à ultrasons coûte, quant à lui, entre 1 200 et 1 500 €. Dans le cadre d’un équipement total, l’investissement pour un laser est souvent compris entre 10 000 et 20 000 €, un aquatrainer est commercialisé autour de 30 000 € et un appareil à ondes de choc coûte jusqu’à 10 000 €. Certaines structures possèdent également une plateforme de proprioception Imoove vet® (22 500 €).
Afin d’estimer la rentabilité d’un tel service, il convient de prendre en compte le temps passé par consultation (environ 45 min), le matériel investi (autour de 45 000 €), les tarifs appliqués (entre 250 et 300 € le forfait de quatre consultations) et les marges classiques des cliniques généralistes une fois toutes les charges déduites. Si aucun investissement n’a été fait en dehors du matériel, l’équilibre est atteint autour de 10 consultations par semaine sur cinq ans. Il faut donc pouvoir recruter une telle clientèle et avoir du temps à y consacrer, car certains actes ne sont pas délégables aux auxiliaires spécialisés vétérinaires (notamment la thérapie laser), sous peine de perdre du temps et de l’argent.
Dans une structure en exercice exclusif, faut-il ou non recruter un auxiliaire spécialisé vétérinaire (ASV) ? Encore une fois, la question de la rentabilité se pose. En clinique généraliste, qui s’occupe du service ? Est-ce qu’un vétérinaire ou un ASV peut y consacrer du temps ? Est-ce qu’il faut recruter quelqu’un pour faire tourner le service (possible dans des structures de référé, mais difficile dans un cabinet généraliste) ? Il vaut souvent mieux qu’une ou deux personnes s’y consacrent, afin d’éviter des difficultés dans l’organisation des postes et dans la formation du personnel.
Actuellement, un seul diplôme est reconnu en France : le diplôme d’école (DE) cinésiologie, physiothérapie et rééducation fonctionnelle de l’École nationale vétérinaire d’Alfort (ENVA). Pour autant, plusieurs formations sont accessibles : celles de l’Académie vétérinaire d’acupuncture et d’ostéopathie (Avetao), de Vétokinesis et, la plus reconnue à travers le monde - même si elle n’est pas officielle en France -, celle de Certified Canine Rehabilitation Practitioner (CCRP) de l’université du Tenessee, aux états-Unis. L’European College of Veterinary Sports Medicine and Rehabilitation (ECVSMR) est en reconnaissance provisoire depuis 2017, mais les candidatures pour les résidences et les diplômes de facto ne sont ouvertes que depuis mars 2018. Il y a 34 diplômés en Europe, dont trois en France.