PRATIQUE MIXTE
ANALYSE
Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE
ENTRETIEN AVEC OLIVIER ANDREOLETTI (DÉPARTEMENT SCIENTIFIQUE SANTÉ ANIMALE CENTRE INRA OCCITANIE-TOULOUSE).
Ces travaux ont permis tout d’abord de démontrer la capacité de la tremblante atypique (AS) à franchir la barrière d’espèce bovine (grâce à l’utilisation de lignées transgéniques de souris). En identifiant l’agent de l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) comme la résultante de ce franchissement, une explication plausible (peut-être n’est-elle pas unique) à l’émergence de cette maladie chez les bovins au milieu des années 1980 au Royaume-Uni a pu être trouvée. De plus, au-delà du passage de la barrière d’espèce ces travaux apportent des éléments fondamentaux sur les mécanismes d’évolution des souches. Ils ont révélé la présence de particules d’ESB lors de la réplication de l’AS, ce qui est vraiment inédit.
Il conviendrait tout d’abord, de confirmer les résultats obtenus sur les souris transgéniques bovine sur les hôtes naturels en inoculant des vaches avec certains des isolats déjà caractérisés dans cette étude. Nous poursuivons actuellement la caractérisation du potentiel zoonotique des souches de prions d’AS (à l’aide de modèles de souris exprimant différents variants de la protéine prion humaine). Au-delà de ces aspects, il demeure fondamental de comprendre le ou les mécanisme (s) qui permettent à l’ESB d’émerger lors de réplications de l’AS. Il s’agit d’une part de confirmer que les particules d’ESB préexistent au franchissement de la barrière d’espèce et que le passage d’une espèce à l’autre constitue seulement un filtre qui permet de révéler leur présence. D’autre part, il nous paraît important d’explorer si l’AS pourrait être à l’origine d’autres souches de prions que l’ESB. Des travaux visant à répondre à ce questionnement sont d’ailleurs en cours actuellement. Enfin, dans le même temps, l’émergence de la maladie du dépérissement chronique des cervidés (CWD) en Norvège, en Finlande et en Suède, soulève de nouvelles questions quant à la propagation de cette forme de maladie à prions en Europe, comme c’est le cas actuellement aux États-Unis. Par conséquent, plusieurs équipes travaillent pour caractériser la diversité génétique des populations de cervidés (sensibilité versus résistance à la maladie), les différences/similarités entre les souches responsables du CWD en Europe et en Amérique du Nord par rapport aux souches américaines et leur transmissibilité aux autres espèces animales ou humaines.
En matière de santé publique vétérinaire, la tremblante atypique est présente dans les populations de petits ruminants partout dans le monde. Aucune mesure ne permet actuellement de prévenir cette maladie. En cas de recyclage des carcasses d’ovins en farine de viande et d’os chaque cas de tremblante atypique pourrait constituer une source potentielle de réémergence de l’ESB.