QU’APPRENDRE D’UNE ÉTIQUETTE DE CROQUETTES ? - La Semaine Vétérinaire n° 1837 du 17/01/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1837 du 17/01/2020

PRATIQUE CANINE FÉLINE ET NAC

NUTRITION

Auteur(s) : CHARLOTTE DEVAUX

LES CLIENTS DEMANDENT SOUVENT UN AVIS SUR LES CROQUETTES QU’ILS DONNENT À LEUR ANIMAL. VOICI L’ESSENTIEL DES INFORMATIONS À EXTRAIRE D’UNE ÉTIQUETTE.

Le premier élément à regarder sur une étiquette est la mention “aliment complet” qui signifie que l’aliment couvre tous les besoins de l’animal et peut lui être donné tous les jours de sa vie. À l’inverse, un “aliment complémentaire”, tel que certaines boîtes pour chat “100 % thon”, ne représente qu’une partie du régime, qui doit être complété. Les mentions “au bœuf” ou “au poulet” indiquent uniquement que le produit contient au moins 4 % de l’élément mentionné, mais n’est en aucun cas une garantie de ne rien contenir d’autre.

Évaluer le respect de la réglementation

La liste d’ingrédients est un vivier d’informations important, aussi bien sur la qualité du produit que sur les pratiques du petfooder. Ainsi, l’utilisation du terme "viande" hors de la mention “viandes et sous-produits animaux” implique l’utilisation de muscle squelettique uniquement, soit de filet, et est donc anecdotique en petfood pour des raisons de coût. L’emploi de ce terme a donc de fortes chances de correspondre à un petfooder qui soit ne connaît pas la réglementation, soit l’enfreint sciemment.

Attention aux petits arrangements avec la réalité

D’autres pratiques permettent d’enjoliver la liste d’ingrédients en s’appuyant sur le fait que ceux-ci sont rangés par ordre de poids au moment de leur entrée dans l’extrudeur. La première consiste à utiliser une partie de produits animaux frais qui, contenant 70 % d’eau, pèsera bien plus lourd que les protéines déshydratées, mais représentera au final un apport minime de matière protéique. L’autre pratique, dénommée cracking, consiste à fractionner une matière première en plusieurs de ses composés pour ne pas qu’elle apparaisse en tête de liste. Ainsi, sur l’étiquette de croquettes canadiennes bien connues, il est possible de lire : « lentilles rouges, lentilles vertes, pois verts, fibre de lentilles, pois chiches, pois jaunes, haricots pinto, haricots ronds blancs ». Les légumineuses n’apparaîtront ainsi pas dans les premiers ingrédients, puisque chacune d’elle n’est ajouté qu’en petite quantité mais, mises bout à bout, cela représentera une partie importante de l’aliment. Or les légumineuses, en plus d’être mal tolérées d’un point de vue digestif, sont suspectées de provoquer des myocardiopathies dilatées dans des races non prédisposées. De même, l’utilisation majeure de la patate douce à la suite de la mode du « sans céréales » doit amener à s’interroger, celle-ci étant en effet riche en acide oxalique précurseur des cristaux d’oxalates.

Évaluer la qualité des protéines grâce au taux de phosphore

Les constituants analytiques sont composés des affichages obligatoires des protéines, des lipides, des cendres et de la cellulose brute pour les aliments secs et de l’humidité pour les aliments humides. Ces seules données sont assez peu informatives. En revanche, les informations sur le phosphore sont bien plus instructives. En effet, en faisant le rapport de la teneur en protéines sur celle de phosphore, une évaluation de la qualité des protéines d’origine animale est possible. Un rapport supérieur à 35 signe des protéines animales de bonne qualité ; inférieur à 25, il indique la présence d’une grande quantité d’os parmi ces protéines et donc une faible qualité nutritionnelle de celles-ci. Le phosphore permet aussi d’évaluer l’adaptation du régime à un animal senior pour lequel une teneur en phosphore inférieure à 0,7 % est recherchée.

Rapport protéines sur phosphore des marques de grandes surfaces (internationales), d’internet (régionales) et vétérinaires. Il est à noter que la qualité des protéines est nettement supérieure dans le petfood vétérinaire.© Sébastien Lefebvre-VetAgroSup