UNE DENT CONTRE LES JOUETS À MÂCHER - La Semaine Vétérinaire n° 1837 du 17/01/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1837 du 17/01/2020

SÉCURITÉ

PRATIQUE CANINE FÉLINE ET NAC

ANALYSE

Auteur(s) : VALENTINE CHAMARD

UNE ÉTUDE MONTRE QUE LES PRODUITS À MÂCHER TROP DURS PEUVENT ENTRAÎNER DES FRACTURES DENTAIRES. UNE BASE DE TRAVAIL POUR LES FABRICANTS QUI POURRAIENT AINSI METTRE AU POINT DES NORMES DE SÉCURITÉ.

Le lien entre produits d’occupation à mâcher et fractures dentaires chez le chien constitue (…) un sujet de préoccupation pour les vétérinaires (…). En clinique, les fractures dentaires ont une prévalence rapportée de 25 à 27 % », indique Mars Petcare, qui a financé une étude de l’université de Pennsylvanie1, dont les résultats ont été validés par des spécialistes en dentisterie vétérinaire. Elle s’intéresse aux forces que peuvent supporter les carnassières maxillaires avant de se fracturer. Il en résulte que la charge maximale moyenne exercée sur les dents au point de fracture est de 1 281 newtons (N). Les jouets et friandises à mâcher qui ne cèdent pas avant l’application d’une telle force sont donc susceptibles de provoquer une fracture (cas des produits de consistance dure). La méthodologie mise au point pour cette étude (échantillons dentaires fixés sur un support en aluminium avec un angle de 60°, auxquels est appliqué un test de compression axiale, reproduisant les conditions physiologiques de mastication du chien) permet aux fabricants de tester leurs produits avant leur mise sur le marché. « Mars Petcare souhaite aujourd’hui s’engager aux côtés d’autres fabricants, de distributeurs et de vétérinaires, afin de mettre en place la première norme de sécurité sur le sujet », déclare la société.

1. Soltero-Rivera M., Elliott M.I., Hast M.W. et coll. Fracture Limits of Maxillary Fourth Premolar Teeth in Domestic Dogs Under Applied Forces. Front Vet Sci. 2019;5:339.

L’AVIS DE L’EXPERT

Diplomate EVDC, président du Groupe d’étude et recherche en odonto-stomatologie (Geros) de l’Afvac, praticien au CHV Atlantia (Nantes)

« Échappant trop souvent à la vigilance du propriétaire (voire même parfois du vétérinaire), les fractures dentaires ne sont pas anodines. Elles sont source de douleurs et d’infections dont le développement peut mener à de graves affections, généralement insoupçonnées par le propriétaire. C’est le rôle du vétérinaire de proposer une prise en charge adaptée des fractures dentaires (examen radiographique, soins conservateurs ou extractions, analgésie, etc.), mais aussi d’être capable de donner des conseils quant à leur prévention », souligne Florian Boutoille dans le document de présentation de l’étude réalisée par Mars Petcare. « À l’échelle du vétérinaire praticien, l’étude fournit des données scientifiques probantes et des arguments à communiquer aux propriétaires sur les dangers que représentent les jouets ou friandises trop durs. Il est ainsi plus facile pour le vétérinaire de justifier que certains articles à mâcher sont inadaptés au chien (exemple.: bois de cervidés, os, certaines barres à mâcher très dures, etc.) », estime notre confrère, qui rappelle à cette occasion que « la plus mauvaise attitude face à une fracture dentaire est de ne rien faire ».