BIENTÔT UN TRAITEMENTEFFICACE CONTRE LE VRS DES BOVINS ? - La Semaine Vétérinaire n° 1838 du 24/01/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1838 du 24/01/2020

PRATIQUE MIXTE

ANALYSE

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE

DES CHERCHEURS ONT RÉUSSI POUR LA PREMIÈRE FOIS À ÉLUCIDER LA STRUCTURE D’UNE ENZYME INDISPENSABLE À LA SURVIE ET À LA MULTIPLICATION DU VIRUS RESPIRATOIRE SYNCYTIAL HUMAIN (VRSH). IL POURRAIT S’AGIR D’UNE PISTE PROMETTEUSE POUR LE DÉVELOPPEMENT DE NOUVEAUX TRAITEMENTS ANTIVIRAUX CONTRE LE VRSH, MAIS AUSSI CONTRE LE VRS DES BOVINS (VRSB).

Une meilleure prise en charge du virus respiratoire syncytial (VRS), c’est l’une des perspectives ouvertes par une équipe de chercheurs1 et la société Janssen Pharmaceutical Companies of Johnson & Johnson qui viennent de publier dans la revue Cell2 les résultats de leurs travaux de recherche portant sur la structure de l’ARN polymérase ARN dépendante du VRSH.

Une famille virale multi-espèces

Le VRS est responsable chez l’homme de bronchiolites et de bronchopneumonies. Principale cause de mortalité infantile dans le monde, les recherches se concentrent depuis plusieurs années sur le développement de nouveaux traitements antiviraux. Or le VRSB, également très souvent fatal chez les jeunes bovins, a une structure très proche du VRSH. C’est pourquoi la caractérisation de l’ARN polymérase ARN dépendante, enzyme indispensable à la réplication et à la propagation du VRS dans les cellules de l’hôte humain, pourra aussi avoir une application concrète chez les bovins.

Une découverte inédite

Grâce à une technique novatrice de cryo-microscopie électronique, les chercheurs ont pu réaliser des études structurales de cette grosse molécule sans utiliser de colorant ou de fixateur chimique, ce qui leur a permis d’être au plus proche des conditions physiologiques. Ils ont montré qu’il s’agit d’un assemblage de deux protéines : la protéine L (large protein) et la protéine P, qui sert de guide pour amener l’enzyme sur l’ARN viral. Cette structure complexe peut ainsi muter, ce qui explique pourquoi le virus parvient à échapper aux antiviraux. Des traitements novateurs ?

Actuellement, seules des solutions préventives vaccinales existent pour les bovins et elles sont peu efficaces. De plus, jusqu’à présent pour lutter contre la maladie, les animaux infectés par le VRSB sont traités inutilement par des antibiotiques. La connaissance de la structure de cette enzyme constitue donc une avancée notable pour le développement de nouveaux types de traitements comme les antiviraux qui pourront être ciblés pour bloquer le cycle du virus. Enfin, au-delà des VRSB et VRSH, sachant que ce virus appartient à la famille des virus à ARN négatifs, comme les virus Ebola, de la rougeole ou de la rage, cette découverte pourrait aussi contribuer à lutter contre ces agents infectieux.

1. Institut national de la recherche agronomique, université Aix-Marseille, Centre national de la recherche scientifique, université du Texas (États-Unis).

2. www.bit.ly/2G6g1jz, www.bit.ly/2vbSJGR.

LA GESTION DU VRSB EN FRANCE

Les virus respiratoires syncytiaux bovins (VRSB) et humains (VRSH) sont des agents pathogènes qui induisent des troubles respiratoires allant du syndrome grippal jusqu’au syndrome de détresse respiratoire aiguë. En France, la séroprévalence du VRSB est de 60 % et ce virus est coresponsable de plus de 50 % des troubles respiratoires chez les bovins de moins de 12 mois1. Les vaccins atténués et inactivés représentent actuellement le seul moyen de lutte contre le VRSB. Ils permettent de limiter la circulation virale mais n’empêchent pas la réinfection du veau. De plus, la vaccination se heurte à différents obstacles à savoir l’immunisation en présence d’anticorps maternels 2, la possibilité de réaction immunopathologique vaccino-induite et la variabilité antigénique du virus.

1. www.bit.ly/2ujfgAM.

2. www.bit.ly/3askpXQ.