« D’ICI 10 ANS DES TRAITEMENTS DEVRAIENT VOIR LE JOUR » - La Semaine Vétérinaire n° 1838 du 24/01/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1838 du 24/01/2020

PRATIQUE MIXTE

ANALYSE

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE

ENTRETIEN AVEC JEAN-FRANÇOIS ELÉOUËT (SERVICE DE BIOLOGIE MOLÉCULAIRE DES PNEUMOVIRUS, VIROLOGIE ET IMMUNOLOGIE MOLÉCULAIRES, INRA).

Quelle est l’origine de ce projet de recherche ?

Jean-François Eléouët : Nous recueillons progressivement des données précises sur la structure du VRS depuis 2001. Mais les avancées scientifiques obtenues aujourd’hui sont essentielles, car elles concernent une molécule indispensable à la réplication virale. Pour cela, plusieurs laboratoires ont travaillé sur ce projet, dont le laboratoire pharmaceutique Janssen Pharmaceutical (groupe Johnson & Johnson). Leur objectif est de développer des traitements antiviraux destinés à lutter contre le VRS humain (traitement des bronchiolites des nouveaux-nés et des personnes âgées).

Quelles sont les perspectives apportées par cette découverte ?

Comme la structure du VRSH est très proche du VRSB, ces traitements pourront être utilisés chez les bovins, sous réserve que leur coût reste abordable. En effet, des tests ont déjà été réalisés avec succès sur des cellules de bovins infectées par le VRSB. Actuellement, il s’agit donc pour nos équipes de connaître la structure entière des nouveaux antiviraux qui vont être développés. En repérant les régions de la protéine ciblées par ces traitements, nous saurons quels sont leur mode d’action et pourrons les adapter aux bovins. Nous sommes donc encore en amont, à l’étape de la recherche, mais d’ici 10 ans des traitements concrets et applicables sur le terrain devraient voir le jour.

Quels sont les autres travaux de recherche en cours ?

Dans le même temps, une autre équipe de chercheurs a fait une découverte similaire pour le métapneumovirus humains. Or, il existe aussi des métapneumovirus aviaires très similaires à ce virus, que l’on retrouve chez les oiseaux de basse-cour (poulet, canard, dinde) et dont la protéine est proche de celle du VRS. Cette découverte ouvre aussi la voie à de nouveaux traitements dans les élevages de volaille qui éviteraient l’abattage systématique, comme c’est le cas actuellement. 1

1. www.go.nature.com/2Ga4bVn.