ANALYSE
Auteur(s) : PIERRE DUFOUR
L’association Éco Véto s’empare de la problématique des déchets plastiques en clinique vétérinaire. Elle milite pour le retour aux champs chirurgicaux en tissu et le remplacement des alèses par des serviettes.
Éco Véto1, association qui promeut une pratique plus respectueuse de l’environnement, a organisé en novembre 2019 une campagne de tri des plastiques dans 20 cliniques (16 avec une activité canine et 4 avec une activité mixte). Une cinquantaine de vétérinaires, tous intéressés par la problématique de l’écologie, ont ainsi participé à l’action “pesée et tri des plastiques”.
Les quatre semaines de collecte ont permis de rassembler 142,7 kg de plastique, correspondant à un volume d’environ 4 700 l, soit 1,7 kg de plastique en moyenne par mois par vétérinaire. « Les écarts sont cependant énormes, de 325 g par semaine à 4,480 kg par vétérinaire », précise notre consœur Florence May, présidente de l’association. Cette étude a montré que les vétérinaires exerçant seuls sont plus productifs en matières plastiques, mais l’échantillon est trop petit et peu représentatif pour extrapoler ces résultats. Les “postes” les plus générateurs de plastique sont le chenil et la chirurgie (infographie), ce qui s’expliquerait par l’utilisation d’alèses et de champs stériles à usage unique. En ce qui concerne les différents types de plastique collecté (tri effectué par trois cliniques participantes), la collecte la plus volumineuse concerne le polyéthylène basse densité (PEBD), retrouvé dans les sacs, les enveloppes de seringues, le plastique à bulles. La collecte la plus lourde est celle du polypropylène (PP), avec les seringues, embouts d’aiguilles, flacons de perfusion et perfuseurs. Le polyéthylène téréphtalate (PET), avec les boîtes de flacons de vaccins et le polyéthylène haute densité (PEHD), sont en moindre quantité. « Notre étude ne comptabilise pas les plastiques que nous suscitons chez les clients (suremballage de médicaments, sacs d’aliments). C’est une première base pour une réflexion sur la relation entre l’exercice vétérinaire et les déchets plastiques. Reste la question essentielle : comment réduire ? », souligne Florence May.
La première recommandation est d’utiliser des champs en tissu pour les chirurgies, qui sont plus écologiques et économiques, et des serviettes pour le chenil. « Concernant les PEBD, nous allons tenter de convaincre les centrales d’utiliser moins de plastique à bulles. Tout cela nous mène à une réflexion générale sur l’usage unique, en particulier concernant les seringues. Nous menons également actuellement une réflexion sur les croquettes qui, d’après nos résultats préliminaires, ont un très mauvais bilan carbone », explique-t-elle. L’association va ainsi communiquer pour sensibiliser vétérinaires, laboratoires, centrales d’achats autour de ces problématiques.
1. Contact : eco.veto@gmail.com et www.ecoveto.org.
C’est le poids moyen de déchets plastiques produit par un praticien en une semaine