L’ACTIVITÉ HUMAINE EN LIGNE DE MIRE - La Semaine Vétérinaire n° 1839 du 31/01/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1839 du 31/01/2020

INFLUENZA AVIAIRE HAUTEMENT PATHOGÈNE

PRATIQUE MIXTE

ANALYSE

Auteur(s) : TANIT HALFON

L’APPARITION DE FOYERS D’INFLUENZA AVIAIRE HAUTEMENT PATHOGÈNE EN EUROPE DE L’EST POURRAIT ÊTRE LIÉE À L’ACTIVITÉ HUMAINE. SI CETTE DERNIÈRE REPRÉSENTE UN RISQUE D’EXTENSION DE LA MALADIE, LES MOUVEMENTS DE L’AVIFAUNE SAUVAGE NE SONT PAS À NÉGLIGER.

Après la peste porcine africaine, un 2e danger sanitaire menace le territoire français. Début janvier, 7 foyers d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) H5 et H5N8 ont été détectés en Pologne. Rapidement, d’autres pays ont été touchés, à savoir la Slovaquie, la Hongrie, la Roumanie, et plus récemment, l’Allemagne, la République Tchèque et l’Ukraine. La maladie a continué à s’étendre en Pologne avec 13 foyers déclarés au 22 janvier, dont 9 dans la région de Lublin située à l’est du pays. « La souche virale identifiée n’est pas la même que pour l’épizootie de 2016-20171, et dont les derniers cas avaient été signalés en janvier 2019 dans le compartiment sauvage au Danemark, puis en avril 2019, cette fois-ci chez les volailles domestiques en Bulgarie, explique Anne Van De Wiele, vétérinaire conseillère technique en police sanitaire à l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, et responsable du suivi national de l’influenza aviaire sur la faune sauvage. Cette nouvelle souche H5N8 serait plutôt liée à des souches africaines, de pays assez lointains. » L’activité humaine semble plus probable pour expliquer l’arrivée de la maladie. « Les dernières migrations montantes d’Afrique ont eu lieu aux mois de mai et juin. De plus, les oiseaux migrateurs susceptibles de venir en Europe alors qu’ils étaient en hivernage dans les pays en lien avec la souche virale sont des espèces pour lesquelles le virus influenza aviaire a peu d’affinité », souligne-t-elle. Comme elle l’indique, l’introduction de la maladie pourrait être liée à des achats d’œufs, d’oiseaux ou encore de matériels souillés par des fientes d’oiseaux contaminés. Jusqu’à présent, deux cas ont été détectés dans la faune sauvage. Un premier a été confirmé le 7 janvier sur un faucon en Pologne et « est attribuable à un foyer domestique ». Un deuxième, le 19 janvier sur une oie rieuse en Allemagne, près de la frontière polonaise.

Vigilance en France

« Pour la diffusion, il est possible que la faune sauvage ait joué un rôle, tout comme l’activité humaine », précise Anne Van De Wiele. Dans tous les cas, les autorités sanitaires françaises ont d’ores et déjà indiqué, dans un communiqué2, qu’il existait « un risque important via les mouvements, en particulier les transporteurs en provenance d’Europe de l’Est, mais aussi les transports de volailles vivantes de la France vers la Pologne. » De fait, les mesures de biosécurité apparaissent plus que jamais essentielles. Par ailleurs, l’Agence de sécurité sanitaire vient d’être saisie pour évaluer le risque d’introduction de la maladie. Pour la faune sauvage, « il n’y a plus de mouvement migratoire possible actuellement de l’est vers l’ouest, explique la vétérinaire. En revanche, on ne peut pas exclure le déplacement d’une masse d’oiseaux dans ce sens, si les conditions météorologiques se dégradent dans leurs zones d’hivernage, par exemple s’il gèle en Allemagne. Dans ce cas, les oiseaux sont susceptibles de venir chercher de la nourriture, et surtout de l’eau non gelée. Lorsque la météo est défavorable pour eux, il est fréquent de voir des oiseaux arriver vers le Rhône ou le Rhin. Mais sur un nombre de kilomètres quand même assez limités, il ne s’agit pas de migrations. » La France avait retrouvé son statut indemne le 27 octobre 2017. Depuis cette date, seuls des foyers d’influenza aviaire faiblement pathogène ont été détectés.

1. Les premiers virus d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) identifiés sont de sous-type H5N8, du clade 2.3.4.4b de la lignée A/goose/Guandong/1/96. Les souches virales détectées en Hongrie et en Slovaquie seraient proches de celles de la Pologne.

2. www.bit.ly/2GkhrXD.

QUELS SIGNES CLINIQUES ?

Peu d’informations sont disponibles sur la pathogénicité du virus. Dans le communiqué de la Direction générale de l’alimentation, il est indiqué que plusieurs espèces sont touchées, tout comme tout type de production. Les dindes seraient particulièrement concernées. Par exemple, dans un élevage de dindes en Hongrie, seuls 10 % des animaux ont présenté des signes respiratoires, sans qu’ils soient associés à de la mortalité. Par ailleurs, les autorités polonaises ont indiqué que l’analyse génétique n’avait pas mis en évidence de marqueurs associés à un risque zoonotique.