SHUNT EXTRAHÉPATIQUE
PRATIQUE CANINE FÉLINE NAC
FORMATION
Auteur(s) : TAREK BOUZOURAA
Une revue de la littérature1 analyse les données relatives aux résultats de la prise en charge des shunts extrahépatiques, affection congénitale hépatique la plus fréquente chez le chien de petit gabarit.
Cette méta-analyse porte sur 48 études, incluant 1 417 chiens (1 001 cas exploitables). Seules 3 études ont évalué une approche médicale (association d’un antibiotique, du lactulose et de la diététique) chez 13 chiens, avec des résultats décevants. Totalisant 25 études et 553 chiens inclus, la ligature chirurgicale est la méthode la plus détaillée, avec une survie périopératoire d’environ 90 % et une réponse favorable à terme de presque 75 %. Au sein de ce groupe, l’emploi d’une ligature partielle et progressive, afin d’éviter une hypertension portale délétère, a été rapporté dans 13 études (186 chiens). La réussite de la procédure est évaluée à plus de 80 %, avec une survie à terme de 60 %. À l’inverse, une ligature directe employée chez 75 chiens à travers 11 études rapporte 91 % de succès périopératoire et 96 % de réussite à terme. L’emploi d’un constricteur améroïde est également très documenté (13 études chez 507 chiens), avec une survie périopératoire et un taux de réussite globale tous deux d’environ 95 %. L’application d’une bande de cellophane, étant une option plus récente, est moins détaillée (11 études, 269 chiens), mais offre un taux de réussite périopératoire et globale proches de 97 %. L’embolisation endovasculaire par bobine thrombogène est une technique plus aboutie et plus récente également, plutôt conseillée pour les shunts intrahépatiques (non concernés par cette analyse), qui doit faire l’objet d’études complémentaires. Seulement 4 études présentent son intérêt chez 63 chiens, avec une survie périopératoire moindre (82 %) et un pronostic global également moins prometteur d’apparence (75 % de survie à long terme).
Deux nouvelles techniques méritent d’être signalées. La première, détaillée dans une étude pilote portant sur 6 chiens, consiste au placement d’un bouchon modélisé sur la base des opercules septaux employés en cardiologie interventionnelle. L’étude fait état de 100 % de survie (à court terme, cependant) pouvant justifier des études complémentaires. La seconde, également employée chez 6 chiens dans une étude pilote, a rapporté l’emploi d’un outil d’occlusion progressive composé d’un élastomère (silicone et polyacrylate), avec des taux de réussite opératoire et de survie de 100 % également.
Au final, la méta-analyse confirme que, d’un point de vue statistique, aucune modalité n’est meilleure qu’une autre. Bien qu’il soit validé qu’une occlusion totale et progressive réduit le risque d’hypertension portale postopératoire et puisse optimiser la survie périopératoire et donc le pronostic à longue échéance, l’analyse des données ne permet pas de confirmer cette idée. Par ailleurs, l’emploi d’une bande de cellophane (voire d’un constricteur améroïde) semble plus sûr pour garantir une occlusion progressive et plus sécuritaire, bien que l’analyse statistique ne soutienne que peu cette information. Les auteurs indiquent également qu’il serait idéal de pouvoir analyser d’autres paramètres, comme l’impact des protocoles anesthésiques, les données anatomiques sur la position du shunt, les comorbidités ou l’expérience du chirurgien. Par ailleurs, l’évaluation de la réussite reposait essentiellement sur des observations cliniques : des examens biologiques n’ont pas été systématiquement réalisés pour confirmer l’évolution favorable en période postopératoire. Enfin, la qualité de vie des chiens opérés (au-delà de la seule durée de vie) devrait aussi être rapportée afin de pouvoir mieux orienter les propriétaires.
1. Serrano g., Charalambous m., Devriendt n. Et coll. Treatment of congenital extrahepatic portosystemic shunts in dogs : a systematic review and meta-analysis. J. Vet. Intern. Med. 2019;33:1865-1879.