COVID-19
ANALYSE
Auteur(s) : ANNE-CLAIRE GAGNON
La maladie Covid-19 qui touche le monde concerne aussi les vétérinaires qui doivent apporter des réponses aux interrogations sur le virus. En outre, chiens et chats peuvent être les victimes collatérales, alors que la psychose s’installe et les vétérinaires sont amenés à rassurer leurs clients. Notre confrère Jean-Claude Manuguerra, virologue, décrypte la situation.
Jean-Claude Manuguerra : Oui, il y a au moins deux organisations, l’OIE1 et la FAO2, qui ont mis en place des groupes de travail, au sein desquels se trouvent majoritairement des vétérinaires, et qui se sont réunis la semaine du 10 février à Genève (Suisse). Nos connaissances en matière de coronavirus animaux et notre contribution sont importantes dans la mesure où le coronavirus a non seulement une origine animale (vraisemblablement la chauve-souris), mais surtout parce qu’il a très probablement effectué un passage par une espèce animale intermédiaire, dont l’identification va être capitale pour prendre les mesures les plus adaptées. Ce passage est probablement encore en cours d’où l’importance de déterminer la ou les espèces impliquées.
Oui, car dans le cas du coronavirus du Moyen-Orient (Mers) la contribution des vétérinaires a été essentielle pour comprendre la saisonnalité de l’émergence du coronavirus - au moment du sevrage du jeune dromadaire, donc lors d’une période de fragilité, avec des épisodes de diarrhée, où les coronavirus étaient excrétés, avec un passage entre l’animal et l’humain. Les équipes vétérinaires de recherche ont fait à l’époque des sérologies sur les dromadaires et leur aide a été déterminante pour la compréhension et la maîtrise de l’épidémie. C’est à la recherche de la ou les espèces intermédiaires que nous travaillons actuellement, tous ensemble, vétérinaires et médecins.
Actuellement aucune contagion de l’humain vers les animaux domestiques (d’élevage ou de compagnie) n’est décrite en Chine, puisque le coronavirus (SARS-Cov2) qui cause la maladie Covid-19 est un virus humain, pas un virus animal. Les animaux domestiques ne peuvent pas à ce stade devenir malades du fait du virus humain, donc ne sont sous le coup d’aucune réglementation, notamment de l’OIE. Après, chaque pays prend localement les mesures qu’il juge adéquates.
Pourquoi pas ? Cela mériterait au moins de faire des tests in vitro avec ces molécules. L’urgence actuelle, avec ce coronavirus qui rappelle beaucoup celui du Sras3, est d’identifier au plus vite l’espèce intermédiaire pour agir à la source de l’épidémie. ?
1. Organisation mondiale de la santé animale.
2. Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture.
3. Syndrome respiratoire aigu sévère.