EXPRESSION
LA QUESTION EN DéBAT
Les auxiliaires vétérinaires pourront-ils, en toute légalité, pratiquer certains actes jusqu’à présent réservés aux seuls vétérinaires ? La question est en réflexion et mobilise les organisations professionnelles vétérinaires.
RÉMI GELLÉ (T 77)
Praticien canin en Gironde
Non, ce n’est pas ouvrir la boîte de Pandore, à condition d’aborder la question de façon correcte. C’est pourquoi l’Ordre, le Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL), les organismes techniques doivent déterminer quels soins - c’est-à-dire quels actes quotidiens - pourront être délégués et comment. Je pense, par exemple, que le vétérinaire qui prescrit l’acte à l’ASV doit demeurer à portée de voix, de manière à pouvoir être sollicité à tout moment. Une autre interrogation est à poser : il y a peut-être aussi des vétérinaires qui veulent aller trop loin ? Une fois bien encadrée, j’estime que la délégation peut contribuer à reconnaître la valeur du travail des ASV, et cela peut aussi aider le vétérinaire à faire encore mieux (puisqu’il peut par exemple profiter de ce temps libéré pour lire un peu de bibliographie, ou pour passer un coup de fil complémentaire à un spécialiste). Par ailleurs, les ASV avec lesquels je travaille actuellement expriment le souhait de davantage de réglementation, afin notamment de connaître les limites qu’ils ne doivent pas franchir.
VINCENT COUPRY (A 90)
Praticien canin à Cholet
Je serais favorable à une délégation pour des actes de base, comme certaines injections sous-cutanées et intramusculaires ou les injections d’antibiotique après opération. Les asv pourraient aussi retirer des fils, contrôler certains pansements et plaies, avec pour consigne qu’au moindre doute ils fassent appel au vétérinaire pour vérification. Par ailleurs, je pense que la profession doit étudier si elle doit autoriser ou pas d’autres actes, comme ceux relevant de la préparation chirurgicale (intubation, injection d’intraveineuse anesthésique, etc.). En revanche, je suis opposé à une délégation des actes proprement chirurgicaux comme la stérilisation. Concernant le détartrage, je n’ai pour ma part jamais vu un dentiste en santé humaine déléguer cette tâche à son assistant dentaire, qui est comparativement parlant aussi compétent qu’un asv. Conséquemment, pourquoi nous, vétérinaires, l’autoriserions-nous ? Je suis également opposé à la délégation de la vaccination, car il s’agit d’un acte certifié.
ALEXANDRE GUILLEMOT (N 94)
Spécialiste en chirurgie des animaux de compagnie au CHV Atlantia, à Nantes
L’objectif n’est pas de décharger le vétérinaire d’actes médicaux et de transférer des actes à basse valeur ajoutée à nos ASV, mais bel et bien de permettre une montée en compétences pour amener l’équipe médicochirurgicale dans son ensemble à être meilleure et plus efficace. Si nous voulons demain améliorer nos résultats cliniques, nous devons permettre l’acquisition par nos ASV d’une combinaison de savoirs en situation : connaissances, savoir-faire, comportement et expérience. Il faut donc imaginer que la qualification de base des ASV puisse grandir, s’étoffer, soit par l’acquisition d’une expérience sur le terrain ou par l’obtention de modules théoriques complémentaires, soit plus probablement par ces deux processus en même temps ! Grâce à cette nouvelle compétence, l’ASV ne serait plus un simple technicien, mais se transformerait en un vrai professionnel de santé, auxiliaire fiable et précieux du vétérinaire. Évoluons ainsi ensemble, pour apporter à nos patients les soins les plus appropriés.