PERFORMANCE
PRATIQUE MIXTE
FORMATION
Auteur(s) : MARION BOIDOT
L’hémorragie pulmonaire induite à l’effort (HPIE) est un saignement pulmonaire apparaissant à l’effort, chez des chevaux de sport ou de course soumis à un exercice intense. Elle touche ainsi environ 6 % des chevaux de course, et jusqu’à 50 % des chevaux d’endurance évoluant à haut niveau. Elle est suspectée d’avoir un impact négatif sur les performances sportives, sans que cela ne soit statistiquement prouvé.
L’HPIE est due à l’éclatement des capillaires sanguins alvéolaires du fait d’une augmentation des pressions capillaires et alvéolaires au cours de l’exercice. Les études ont confirmé que le développement d’HPIE est associé à un remodelage des petits vaisseaux pulmonaires.
Elle se caractérise macroscopiquement par la présence de sang dans les voies respiratoires inférieures, sans expression clinique ni modification des marqueurs biologiques. Rarement, et uniquement dans les formes sévères, une épistaxis à l’effort est observée.
Le diagnostic de cette affection repose donc sur l’observation directe de sang dans les voies respiratoires pendant l’examen endoscopique trachéobronchique et/ou sur le comptage des hématies dans le liquide de lavage broncho-alvéolaire (LBA) recueilli après l’exercice.
La simplicité de réalisation de l’examen endoscopique en a fait la méthode de choix de diagnostic de l’HPIE. L’endoscopie doit être réalisée sous sédation légère, 45 à 90 min après un effort d’une intensité similaire au niveau de compétition. L’existence et la sévérité d’une HPIE sont notées par un score de 0 à 4 (0 = absence de sang dans les voies respiratoires, 4 = épistaxis).
La spécificité de l’examen endoscopique est excellente (99 %), les faux positifs étant très rares. Sa sensibilité est toutefois médiocre ; le fait qu’il n’est pas observé de sang dans le tractus respiratoire ne permet pas de conclure à l’absence d’HPIE.
En cas de suspicion clinique non confirmée par un premier examen endoscopique, il est conseillé de réaliser un LBA immédiatement après, par le canal opérateur du fibroscope ou par une sonde à LBA munie d’un ballonnet. Le liquide de lavage doit ensuite faire l’objet d’une analyse cytologique, pour comptage des globules rouges et détection des hémosidérophages. Ces cellules pouvant être présentes en quantité modérée dans les liquides de LBA de chevaux sains, un seuil de positivité à 992 hématies/ml a été défini pour diagnostiquer une hémorragie pulmonaire à l’effort.
La sensibilité de ces deux techniques étant médiocre, il est fortement recommandé de les associer dans la démarche diagnostique, en commençant par un examen fibroscopique 45 à 90 mn après l’effort, suivi par un LBA en cas de score endoscopique à 0.
Parmi les traitements testés dans diverses études, seul le furosémide (0,5-1 mg/kg par voie intraveineuse, 4 heures avant l’exercice) a prouvé son efficacité pour diminuer la pression vasculaire pulmonaire pendant l’exercice et pour diminuer la sévérité et l’incidence de l’HPIE. Toutefois, le furosémide est soumis au contrôle antidopage, et ne peut donc pas être utilisé.
Aucune des autres pistes thérapeutiques (corticoïdes, anti-inflammatoires non stéroïdiens, bronchodilatateurs, strips nasaux, inhalations, etc.) n’a prouvé son efficacité.