NÉOSPOROSE
PRATIQUE MIXTE
FORMATION
Auteur(s) : MARINE NEVEUX
CONFÉRENCIER
PAUL PÉRIÉ, praticien à la clinique vétérinaire de la Risle à Pont-Audemer (Eure).
D’après la conférence présentée à la journée normande vétérinaire des GTV organisée à Deauville-La Touques, le 8 octobre 2019.
La néosporose a été découverte en 1984 sur un chiot et chez les bovins en 1996. Elle représente 14,3 % des causes d’avortement recensées dans l’Observatoire et suivi des causes d’avortements chez les ruminants (Oscar). Sa recherche fait souvent partie des packs “avortements”.
De nombreuses questions se posent : à quoi correspond un résultat d’analyse positif ? Que fait-on ? Peut-on se débarrasser de la néosporose ? Comment ? Est-ce utile ? Est-ce que cela a un intérêt économique ?
Dans l’Eure, notre confrère a recensé, lors d’une étude effectuée en mars 2017, que, sur 464 élevages analysés, 41 % étaient positifs. C’est donc une maladie bien présente.
Neospora caninum est un protozoaire avec un cycle dixène : avec des hôtes définitifs (les chiens et les loups sont connus), et des hôtes intermédiaires (bovins, rongeurs, oiseaux, moutons). Il y a différentes souches de Neospora, on ne sait pas si certaines sont plus pathogènes que d’autres.
Neospora caninum existe sous trois formes : oocystes, tachyzoïte, bradyzoïte.
Les animaux sont contaminés de façon verticale : il y a des réactivations régulières de l’infection, c’est le mode principal de contamination.
Neospora caninum est responsable d’avortement entre 3 à 7 mois de gestation sans complication, ou de fétus momifiés, résorbés ou autolysés, bien formés ou morts nés.
Une vache contaminée in utero présente deux à sept fois plus de risque d’avortements.
Les signes cliniques chez les veaux sont une ataxie, une perte de conscience, une incapacité à se lever, un déficit proprioceptif, un poids faible. Plus rarement : une hydrocéphalie, une exophtalmie.
Au niveau du troupeau, les signes sont assez variables selon les études : hausse de la mortalité embryonnaire, les vaches séropositives peuvent présenter une augmentation de l’intervalle vêlage-vêlage (IVV).
Aucune étude n’a évalué l’impact économique.
- La méthode de diagnostic direct est complexe. Sur un fétus, il est possible de prélever préférentiellement le cerveau après 6 mois de gestation (c’est là où l’on trouve le plus le parasite). Désormais, c’est la technique par polymerase chain reaction (PCR) qui est appliquée sur les prélèvements.
L’histologie peut être employée, mais les lésions sont assez focales, donc il faut avoir prélevé la bonne zone.
Il est possible de congeler les prélèvements.
- Le diagnostic indirect est plutôt utilisé : l’Elisa le plus souvent. Il existe différents kits, les résultats sont variables selon les kits et pas standardisés. Il n’y a pas de sérum de référence sur la néosporose pour l’instant.
En sérologie, il est possible de réaliser des analyses sur lait de tank.
Des Elisa mesurent l’avidité des immunoglobulines G vis-à-vis de Neospora caninum. Si l’infection est ancienne, il y a plus de probabilité que ce soit une réactivation.
Un résultat négatif permet d’exclure la néosporose, la situation est plus compliquée lors de résultat positif.
Il convient de réduire le risque de contamination horizontale : en restreignant l’accès de l’eau et de l’alimentation aux chiens et aux renards, en récupérant tous les placentas et les avortons des vaches vêlées, en limitant la contamination des chiens par les hôtes intermédiaires (rongeurs, oiseaux).
En conclusion, la néosporose est une maladie insidieuse. Elle nécessite des études pour l’évaluer, affiner le diagnostic. Un plan de gestion ne doit pas se résumer à réformer toutes les vaches positives. Des mesures relativement simples peuvent être mises en place.