VALORISER L’INGESTION D’HERBE PAR LES TRUIES - La Semaine Vétérinaire n° 1844 du 06/03/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1844 du 06/03/2020

ÉLEVAGE EN PLEIN AIR

PRATIQUE MIXTE

FORMATION

Auteur(s) : T.H.

Il est connu, en élevage porcin biologique, que l’ingestion d’herbe peut être significative pour les animaux élevés en plein air. Dans ce cadre, la favoriser permettrait de réduire la quantité d’aliment concentré distribué pendant la gestation et sa teneur en protéines. Afin d’évaluer cette possibilité, un essai a été mené pendant deux ans à la ferme expérimentale des Trinottières (Maine-et-Loire), sur 7 bandes de 11 truies. Deux groupes sont constitués : le groupe témoin (T, 86 truies) est nourri avec un aliment gestation complet. Le groupe “pâturage” (P, 22 truies réparties en deux bandes) a accès à 80 % de la quantité théorique prévue par le plan d’alimentation, afin d’accentuer la valeur du pâturage. L’aliment de ce groupe ne contient que des céréales et minéraux. Le parcours des truies P est caractérisé par une prairie commune associée à une zone enrichie en légumineuses (trèfle violet, trèfle blanc, trèfle hybride). Enfin, pour les deux groupes, l’aliment est distribué dans une auge collective. L’analyse des résultats montre que les truies P compensent globalement la restriction alimentaire grâce au pâturage. 22 % des besoins en énergie métabolisable des truies sont couverts par le pâturage, ainsi que 33 % en lysine digestible. L’ingestion moyenne est de 1,75 kg de MS d’herbe, mais avec une grande variabilité suivant les jours et les individus. Les truies de fort gabarit ayant tendance à plus consommer que les animaux à faible gabarit. En outre, un attrait est noté pour les légumineuses. Néanmoins, une tendance à la baisse de consommation est observée en fin de gestation. De plus, deux animaux du groupe P, ainsi qu’un individu du groupe T n’ont pas pris de poids ni d’épaisseur de lard dorsal du fait d’une compétition alimentaire à l’auge. Pour les auteurs, l’essai confirme qu’une valorisation du couvert végétal est possible. Adapter la gestion de la conduite alimentaire permettrait alors d’économiser 16 % du coût alimentaire en gestation. Néanmoins, une distribution de l’aliment dans des réfectoires individuels est préférable, pour éviter toute compétition entre animaux. D’autres études seraient nécessaires pour améliorer les connaissances sur la valeur alimentaire de l’herbe et son évolution au cours de la pousse.

Article rédigé d’après une conférence présentée aux 51e journées nationales de la recherche porcine, à Paris (5 et 6 février 2019). A. Roinsard et coll. (51, 167-168).