ÉPIDÉMIOLOGIE, GESTION ET PATHOGÉNIE - La Semaine Vétérinaire n° 1845 du 13/03/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1845 du 13/03/2020

HERPÈSVIRUS DE TYPE 1 (EHV-1)

PRATIQUE MIXTE

FORMATION

Auteur(s) : ANNE COUROUCÉ

L’herpèsvirus de type 1 (EHV-1) est un α-herpèsvirus associé à des affections respiratoires chez les jeunes chevaux, ainsi que des avortements en fin de gestation et/ou des signes neurologiques (myeloencéphalopathie ou equine herpesvirus myeloencephalopathy ou EHM). Le virus demeure à l’état latent dans les ganglions trigéminaux et dans les lymphocytes du sang périphérique.

Épidémiologie et gestion

Beaucoup d’inconnus demeurent pour EHV-1. La fréquence et les facteurs de risque d’une réactivation sont importants à connaître. Néanmoins, pour étudier la sortie de latence du virus, il serait nécessaire de disposer de nouveaux outils pour distinguer une infection primaire d’une réactivation.

Aux États-Unis, par exemple, parmi 77 632 cas de fièvre et de signes respiratoires ou neurologiques, 2,3 % étaient positifs par polymerase chain reaction (PCR) pour EHV-1 à partir d’écouvillons naso-pharyngés. La forme nerveuse de la maladie est moins rapportée en Australie et en Nouvelle-Zélande qu’ailleurs dans le monde.

En Afrique du Sud, une épidémie d’avortements dus à EHV-1 a été décrite chez des juments gestantes non vaccinées dans deux très grands élevages. Le contrôle réussi de l’épidémie a été lié à :

- une détection précoce de l’infection par PCR,

- l’application de la règle Dish (disinfect, isolate, sample, hygiene),

- la vaccination des mères gestantes.

EHV-1 peut rester stable dans l’eau et le sol jusqu’à 3 semaines dans des conditions expérimentales. La transmission indirecte pourrait expliquer la transmission interespèces (équidés à non-équidés), notamment par l’accès à l’eau.

Pathogénie

L’interaction entre les cellules mononuclées (PBMC) infectées par EHV-1 dans le sang et les cellules endothéliales est un élément crucial, mais peu documenté de la pathogénie de l’avortement et de la myélopencéphalopathie. Un modèle in vitro a permis de mettre en évidence que des particules entières de virus peuvent exister sur la surface des PBMC et sont protégées des anticorps neutralisants.

Un autre élément clé de la pathogénie des avortements et myéloencéphalopathies par les herpèsvirus est le développement de microthrombi dans des microvaisseaux qui alimentent le placenta et la moelle épinière, entraînant une infarction et une perte de fonction. L’interaction in vitro entre les plaquettes et des cellules endothéliales de la carotide infectées par EHV-1 est étudiée. Cela pourrait permettre d’utiliser des traitements alternatifs (comme l’héparine, par exemple) dans la prévention de thrombus chez des chevaux infectés par EHV-1.

L’infection expérimentale avec différentes souches d’EHV-1 entraîne des changements histologiques dans la moelle épinière, les yeux, les testicules et les ganglions, ainsi que la production d’antigènes pendant au moins 70 jours après l’infection. Une atrophie et une inflammation testiculaire étaient présentes chez tous les mâles. Néanmoins, la signification de tels changements reste à déterminer.

L’avortement dû à EHV-1 survient normalement chez les mères après le cinquième mois de gestation. Toutefois, l’infection de mères gestantes avant cette date pourrait avoir des effets sur l’efficacité de la reproduction. La présence d’ADN d’EHV-1 dans les ovaires et le placenta après des avortements précoces (moins de 67 jours de gestation) a été étudiée. Les données ne démontrant pas de façon formelle un rôle d’EHV-1 dans ces avortements précoces, d’autres études seront nécessaires.

Article rédigé d’après Kydd J. H., Lunn D. P. et Osterrieder K. Report of the fourth international havemeyer workshop on equid herpesviruses (EHV) EHV-1, EHV-2 and EHV-5. Equine Vet J. 2019;51 (5):565-568.

L’avortement dû à EHV-1 survient normalement chez les mères après le cinquième mois de gestation.© AlesVeluscek - Istock