OPHTALMOLOGIE
PRATIQUE CANINE FÉLINE NAC
FORMATION
Auteur(s) : GWENAËL OUTTERS
CONFÉRENCIER
CHARLES CASSAGNES, particien à Nice.
Article rédigé d’après une conférence présentée au congrès de l’Afvac 2018 à Marseille (Bouches-du-Rhône).
La membrane nictitante est un repli conjonctival contenant un cartilage en T. Sa fixation est indiquée lors de paralysie palpébrale avec risque de kératite d’exposition, d’ulcère simple ou en technique complémentaire lors d’ulcère à bords décollés ou de greffe de biomatériaux. Cette technique améliore le confort de l’animal, protège les surfaces oculaires, limite la dessiccation et apporte quelques facteurs de cicatrisation. Les termes « tarsorraphie » et « blépharorraphie » sont impropres puisqu’ils désignent la suture des deux paupières entre elles.
Il s’agit d’une manœuvre chirurgicale sous anesthésie générale qui nécessite une tonte délicate de la paupière supérieure, une désinfection à la polyvidone iodée diluée à 0,5 % et du fil irrésorbable 3.0 (dec 2) ou 4.0 (dec 1,5). La technique la plus simple consiste à fixer la membrane nictitante à la paupière supérieure, par deux points. L’aiguille traverse la paupière supérieure à 1 cm du bord palpébral, de la face palpébrale vers la face conjonctivale. Elle passe ensuite, horizontalement, sur la face externe de la membrane nictitante, sous la partie horizontale du cartilage, sans le toucher, et sans traverser la membrane nictitante puis retraverse la paupière supérieure de l’intérieur vers l’extérieur. Le nœud applique une traction modérée mais suffisante pour maintenir la membrane nictitante en place. Elle peut également être fixée à l’épisclère dorsale pour qu’elle soit solidaire du globe oculaire et ne génère pas de frottements. Le nœud doit alors être réalisé sur la face externe de la membrane nictitante : l’aiguille passe dans la conjonctive externe de la membrane, traverse l’épisclère et revient sur la face externe de la membrane. Le retrait des points est plus délicat avec cette technique et peut nécessiter une tranquillisation. La membrane nictitante est laissée en place généralement 10 jours (au maximum 21). L’utilisation de tubulure ou de mousse est possible mais pas obligatoire.
Les complications possibles sont une inflammation de la membrane nictitante (conjonctivite d’exposition), une déhiscence des points ou des complications cornéennes (ulcérations infectées). Par ailleurs, cette technique ne permet pas une surveillance de la cicatrisation cornéenne et rend l’animal borgne temporairement. Elle est contre-indiquée lors d’ulcère cornéen compliqué (ulcère à collagénase, ulcère profond et descemetocœle), sauf si elle est utilisée temporairement dans l’attente d’une intervention de microchirurgie. Une fois la membrane nictitante fixée, la pénétration des collyres est réputée moins efficace (effet « toboggan » avec passage du collyre directement dans le point lacrymal inférieur) et finalement, cette membrane n’apporte que peu d’éléments de cicatrisation. Pour les ulcères compliqués, il est préférable d’hospitaliser l’animal et de réaliser soi-même les instillations de collyre ou d’opter pour une technique microchirurgicale (greffe conjonctivale, greffe de biomatériaux).