RÉSERVE SANITAIRE
FAIRE FRONT AU COVID-19
Auteur(s) : CHANTAL BÉRAUD
Qu’ils soient praticiens en activité, jeunes retraités ou étudiants, les vétérinaires répondent présents pour donner bénévolement de leur temps, en renfort des autres acteurs sanitaires locaux. Portrait croisé de deux volontaires, déjà inscrits à la réserve sanitaire.
Côté pile, il y a Hélène Pasquet, vétérinaire équine à Ennezat (Puy-de-Dôme). Côté face : Matthieu Broussois, vétérinaire canin à Rouen (Seine-Maritime). Point commun ? Ils font partie des quelque 5 000 volontaires vétérinaires inscrits pour faire partie de la réserve sanitaire, en renfort dans la lutte contre le Covid-19. Mais pourquoi diantre veulent-ils courir une telle aventure ? « Il faut bien donner un coup de main aux soignants débordés », constate avec pragmatisme Matthieu Broussois. Et d’en fixer d’emblée les limites : « Attention, je ne me prends surtout pas pour un médecin ! Mais j’ai 40 ans, je ne fais pas partie des populations fragiles, et je cours sans doute un risque mineur si jamais j’étais contaminé. Alors, oui, décidément, je vais m’y jeter ! »
Le même élan, simple et franc, est perceptible chez Hélène Pasquet. Il faut dire qu’elle a de qui tenir : « Mon père, explique-t-elle, est médecin généraliste. Et il travaille encore à 73 ans ! J’estime donc que si quelqu’un devait aider maintenant, c’est plutôt moi que lui, dans la mesure évidemment de mes compétences. D’ailleurs, ma sœur jumelle, qui est vétérinaire à Paris, s’y est également inscrite. Si nous pouvons être utiles, c’est bien le moment ! » Que pense-t-elle du chiffre élevé de 5 000 vétérinaires volontaires ? « C’est conséquent. Ce qui démontre bien les qualités propres à notre métier, à commencer par l’altruisme ».
Ces vétérinaires seront probablement employés dans des centres de télérégulation, au tri ou à l’accueil des hôpitaux. « Notre profession, juge Hélène Pasquet, est à mon sens capable de s’adapter à ce genre de missions. Même si, bien sûr, il y aura besoin d’un briefing, afin de définir et d’encadrer précisément nos actions ». D’ici à ce qu’elle soit, peut-être un jour, appelée en renfort par son agence régionale de santé (ARS), elle demeure sereine et motivée. Son travail l’y aide. « Nos activités d’urgence nous permettent de nous évader du climat anxiogène actuel, observe-t-elle. Cette semaine, par exemple, nous avons sauvé un petit poulain dysmature après cinq jours de soins intensifs. Cela nous a redonné le sourire et l’espoir ».
Enfin, comment réagit leur entourage ? « Nous sommes quatre associés, et nous nous sommes mis d’accord en l’espace de trois secondes, explique Matthieu Broussois. Deux d’entre nous demeurent à la clinique. Et j’ai une autre associée qui s’est également inscrite à la réserve sanitaire. Notre décision a été rapide et unanime, comme lorsque nous avons livré un respirateur au CHU de Rouen ». Quant à ses deux filles (7 et 11 ans), « elles trouvent ça bien. Ma décision ne les surprend pas du tout ». Il faut dire qu’elles ont déjà l’habitude de voir leur papa, vétérinaire au grand cœur, régulièrement prendre soin d’animaux appartenant aux personnes les plus démunies…