TRAVAIL
ENTREPRISE
Auteur(s) : FRANÇOISE SIGOT
On le qualifie de mal du siècle et on le dit responsable de moult difficultés allant parfois jusqu’au burn-out. Certes, les raisons d’éprouver des tensions intérieures ne manquent pas, mais, comme bien d’autres choses, le stress se gère.
Surcroît de travail, relation difficile avec un client, mauvaise ambiance dans l’équipe… Dans une clinique vétérinaire, les sujets susceptibles de générer du stress ne manquent pas. Parfois, ils mettent un peu de sel à des journées monotones, mais le plus souvent ils perturbent considérablement la bonne marche de l’entreprise. Face à cela, plusieurs constats s’imposent. Le premier peut conduire à une impasse, car force est de reconnaître que certains facteurs générateurs de stress sont difficilement évitables, à l’image de la surcharge de travail liée, par exemple, à la gestion d’un accident occasionnant des interventions en urgence. Pas de quoi inquiéter, selon Patrick Sergent, directeur associé et executive coach chez Taolia. « Une situation de stress qui est transitoire est certes désagréable, mais cela n’a pas de conséquences négatives. Le stress n’est pas forcément négatif, il peut être aussi positif quand il produit une excitation qui nous met en mouvement », remarque-t-il. D’autres facteurs de stress, en revanche, peuvent certainement être évités ou atténués et ainsi causer moins d’effets indésirables. Il est aussi nécessaire d’identifier le stress et d’apprendre à le gérer afin qu’il entrave le moins possible les relations et le fonctionnement au sein de la clinique. « Certaines personnes auront plus de facilité que d’autres à identifier les signes du stress », avertit toutefois Patrick Sergent.
Identifier les signaux indiquant un stress passe d’abord par la compréhension de son mécanisme. « Le stress, ou la tension nerveuse, est un syndrome général d’adaptation. Il provient d’une difficulté à gérer sur un long terme une tension au niveau physique et psychique », résume Patrick Sergent. Une telle situation génère donc la plupart du temps des alertes telles qu’une accélération du rythme cardiaque, des tensions musculaires, des troubles du sommeil ou de l’appétit, mais aussi des difficultés de concentration, de la mauvaise humeur ou de l’anxiété. La liste n’est pas exhaustive, mais tous ces signes doivent mettre en alerte, car ils indiquent qu’apparaît le fameux stress. Bien évidemment, tous les êtres humains ne sont pas égaux face au stress et à ce qui le produit. Pour certains, oublier de fermer une porte à clé, laisser l’intérieur d’un placard mal rangé, ne pas être salué par son supérieur ou ses collègues en arrivant le matin sera sans conséquence, pour d’autres ces situations ou d’autres seront des facteurs de stress. « Le stress correspond à une forme de déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face », précise le consultant. Peu importe donc la cause, ce sont aux conséquences qu’il faut s’attaquer, car elles sont inconfortables et peuvent conduire à des situations compliquées comme la dépression, l’isolement, voire le burn-out.
L’idée est donc d’agir rapidement et doublement, d’une part pour prévenir les situations générant du stress, d’autre part pour limiter leurs conséquences. Ce faisant, il convient de travailler à la fois sur l’organisation de la clinique et sur soi, sachant que cela vaut pour l’ensemble des collaborateurs. Sur ce dernier point, le sésame se résume en un mot : non. « Vous n’êtes pas obligé de toujours accepter tout ce qu’on vous demande ! Apprenez à dire non aux choses qui ne sont pas urgentes ou à déléguer les tâches », conseille Patrick Sergent. Une autre recommandation s’apparente à la conduite d’un travail d’enquête : « cherchez la cause du stress et, quand vous l’avez trouvée, essayez de l’éviter ou apprenez à vivre avec même si ce n’est pas simple », lance-t-il. Ce qui n’exclut pas d’ouvrir la discussion avec ceux qui vous irritent ou vous déstabilisent en expliquant ce qui vous pose problème, afin que chacun puisse faire un pas en avant pour gagner en harmonie. Reste enfin à s’interroger sur soi et à accepter l’idée que ses propres comportements peuvent être des facteurs de stress pour son entourage. Là aussi, la discussion et l’échange sont les meilleurs alliés pour mieux se comprendre et se corriger. « Ce qui génère du stress est de l’ordre du relationnel, il est donc facile d’agir en faisant des feed-back pour expliquer et confronter son ressenti à celui des autres membres de l’équipe », assure Patrick Sergent. Même si le stress vient d’abord des relations humaines, il convient de ne pas ignorer l’impact de l’organisation de l’entreprise. C’est pourquoi une bonne organisation aide à mieux gérer le stress. Chacun doit donc savoir précisément quelles sont ses missions et quels sont les moyens dont il dispose pour les mener à bien. Des procédures peuvent être mises en place pour décrire la façon dont on traite les différentes tâches à réaliser dans la clinique. Pour prévenir les situations déstabilisantes, donc susceptibles de générer du stress, ces règles doivent prévoir différents cas de figure, notamment ceux susceptibles de « désorganiser » les procédures habituelles, comme une soudaine montée en puissance de l’activité ou une absence. Enfin, être efficace revient avant tout à acquérir le sens des priorités. « Pour bien s’organiser, il est primordial d’apprendre à identifier ce qui relève de l’urgence, ce qui est de l’ordre du semi-urgent et ce qui ne l’est pas. Il en va de même pour les tâches importantes, peu importantes et pas importantes », explique le consultant. Une fois que l’on a adopté une telle segmentation, il est bien évidemment plus facile de séquencer sa journée de travail et, par ricochet, de faire diminuer la pression sur ses épaules et sur l’ensemble de l’équipe. Car il faut savoir que le stress est communicatif. Autant dire qu’un encadrant stressé fera une équipe stressée et inversement. Sans compter les effets collatéraux sur la clientèle…
Dans notre clinique, nous agissons sur le stress à travers plusieurs actions. La première vise l’organisation entre associés. Nous avons défini la place et le rôle de chacun d’entre-nous au regard de nos personnalités et de nos centres d’intérêt. Ainsi, maintenant chacun se sent à sa place quand il prend des initiatives et cela nous aide à mieux gérer l’entreprise. Nous avons aussi mis en place une démarche permettant d’améliorer la communication au sein de l’équipe. Tous savent désormais repérer quand ils entrent en stress et donc ils peuvent adapter leurs comportements pour mieux le gérer. Ce faisant, la « mécommunication » devient plus rare et donc les facteurs de stress sont moins nombreux. Globalement, on se rend compte qu’en étant efficace sur l’organisation et la communication on a bien moins d’occasions de se trouver confronter à un facteur de stress.